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L'Impératrice indomptée

L'Impératrice indomptée

Titel: L'Impératrice indomptée
Autoren: Bertrand Meyer-Stabley
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Ainsi, non seulement la visite est retardée mais, en outre, les femmes de chambre et les malles qui contiennent les vêtements de « Néné » n’arrivent pas à temps. Cet incident est plutôt fâcheux car la duchesse et ses filles portent des tenues de deuil à cause du décès d’un membre de la famille (le duc régnant de Saxe-Altenburg, Georg Karl, un frère de la reine, est mort et la cour a alors décrété un deuil de quatre semaines).
    Élisabeth n’est guère consciente des intrigues qui se trament. Durant le voyage de Possenhofen à Ischl, à chaque relais, elle descend de la lourde berline et aide le cocher à dételer les chevaux et à leur donner à boire. Ses chaussures sont encore mouillées lorsque « les Bavière », en l’absence de François-Joseph retenu à Vienne, se présentent devant l’archiduchesse. Celle-ci ne s’en aperçoit pas : elle n’a d’yeux que pour « Néné ».
    Ischl est alors une charmante petite résidence presque ignorée du monde, dans une des parties les plus riantes, les plus attrayantes du Salzkammergut. Ses eaux, très efficaces, ayant guéri un parent de François-Joseph, la famille impériale s’y installe simplement, modestement, dans une villa louée. Les invités sont logés à l’hôtel « Élisabeth ». La princesse Ludovica s’y établit avec ses deux filles, fort excitées, comme on pense, l’aînée surtout, par un projet de fiançailles que ses parents n’ont pu lui laisser ignorer.
    Les frères cadets de l’empereur arrivent les premiers : l’archiduc Maximilien, l’archiduc Louis-Victor et l’archiduc Charles-Louis. Quand François-Joseph apparaît finalement, le 17 août, la veille de ses vingt-quatre ans, c’est avec l’attitude d’un homme qui doit remplir une mission plaisante, et non un horrible devoir. Il porte l’uniforme de feld-maréchal, tunique blanche, épaulettes d’or, rangées de décorations éblouissantes, pantalon écarlate et collant sur des jambes musclées. Il arbore une barbe fraîche. Les cils et les sourcils assombrissent son regard bleu et perçant. Il a le teint d’un jeune mâle éclatant de santé. La petite moustache soyeuse retombe sur une bouche sensuelle. Le corps est souple et athlétique. Ce n’est pas seulement parce qu’il est le meilleur parti royal qu’il fait rêver ! Rien d’étonnant que Sissi, s’insinuant gracieusement à travers la foule, aperçoive en lui une vision de splendeur. La suite des scènes qui aboutissent par une progression rapide et sur un rythme précipité à la conclusion de fiançailles entre François-Joseph et Sissi compose une parfaite petite comédie.
    Car la trame rappelle les aventures estivales des villes d’eaux. D’un côté, François-Joseph et son frère l’archiduc Charles-Louis qui, quelques années avant, a ébauché une amourette enfantine avec Sissi. De l’autre, la princesse Ludovica, ses deux filles, Néné, puis Sissi. À la première rencontre, lors du goûter de bienvenue donné à quinze heures chez l’archiduchesse Sophie, Néné est placée naturellement à côté de François-Joseph, tandis que Sissi, traitée presque comme une enfant, est reléguée à l’extrémité de la table, à côté de la gouvernante. Les convives à peine assis, se produit un jeu de scène fort curieux. L’empereur, au lieu de faire la conversation avec Néné, sa voisine, ainsi que chacun s’y attend, lui adresse à peine la parole pendant tout le repas. Il est, en revanche, intrigué par Sissi. Mettant à profit un instant où il ne se croit pas observé, il regarde, surpris, sa fine et délicate silhouette, sa superbe chevelure et la délicieuse expression de son visage d’enfant. Et c’en est fini, soudain, de l’assurance, du calme et du naturel de la jeune princesse. Elle rougit et, dans son embarras, se tourne vers Charles-Louis. Lui aussi s’aperçoit tout de suite, et non sans une pointe de jalousie, que son frère, l’empereur, regarde manifestement plus sa petite flamme qu’Hélène. Sissi se sent toute confuse sous les regards incessants de l’empereur.
    L’archiduc Charles-Louis, qui observe la scène avec attention, rapporte à sa mère que « dès l’instant où l’empereur aperçut Sissi, il laissa transparaître une telle expression de satisfaction qu’il était impossible de douter sur qui se porterait son choix ». De son côté, Sophie écrit à sa soeur la reine Marie de Saxe : « Il était rayonnant, et tu
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