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L'Impératrice indomptée

L'Impératrice indomptée

Titel: L'Impératrice indomptée
Autoren: Bertrand Meyer-Stabley
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sa fille : « Un arc-en-ciel est un signe infaillible de bonheur. » Sissi crut toute sa vie en cette superstition.
    Elle monte d’ailleurs à cheval mieux qu’un écuyer et adore passer ses journées dans les écuries où elle va de mangeoire en mangeoire en caressant les encolures des chevaux. Elle les aime pour les grisantes heures de galop et pour les aventures qu’ils lui font vivre. Dans la famille, équitation rime avec passion. Le duc Max, près de son palais de Munich, a construit un hippodrome où il fait de la haute école, présente des quadrilles, des scènes de chasse. Mais il aime tous les animaux. Il se complaît aussi en la compagnie des hommes du peuple, des paysans, des artistes ; son aversion va plutôt aux politiciens et aux courtisans. Ses enfants, son domaine de Possenhofen, ses amis, ses montures, la chasse, la pêche, les voyages, les randonnées, les repas joyeux dans de jolies auberges constituent les plaisirs de sa vie.
    Il n’est pas un père comme les autres. S’il aime ses enfants, il ne s’occupe guère de leur éducation ou de leurs études. Il leur parle seulement de ce qui l’intéresse : la géologie, l’astronomie, la médecine. Surtout, il les emmène en promenade et leur apprend à reconnaître les plantes, les étoiles, ou leur raconte de nombreux détails captivants sur la vie des animaux. Les mauvaises langues répètent qu’à côté de sa famille, il a beaucoup d’enfants illégitimes qu’il adore et que son plus grand bonheur est d’organiser des fêtes intimes où tous ses descendants se retrouvent sous son toit. Ludovica est bien un peu fâchée, mais elle est, avant tout, une épouse respectueuse et elle se soumet, sans trop rechigner, aux lubies de son époux.
    L’enfance de Sissi n’est ni banale ni rigoureuse. À Possenhofen, chacun se sent libre. Enfants et domestiques circulent à leur guise, abandonnant derrière eux jeux, objets divers, parfois insolites. Les chiens favoris de la duchesse mordillent les fauteuils, arrachent les tapisseries. Il y a toutes sortes d’animaux plus ou moins apprivoisés qui font la joie de tous : une biche, des cochons d’Inde, des lapins, des poneys. Des vaches paissent sur l’herbe des pelouses. Souvent, de jeunes enfants du voisinage entrent librement dans la propriété. Ils ont même le droit de pénétrer jusque dans le cabinet de travail du duc. Il ne vient à l’esprit de personne de s’offenser de ces manières puisque la duchesse paraît s’en accommoder.
    On comprend mieux pourquoi Sissi, pourtant belle, manque singulièrement de coquetterie. Elle est sportive, intrépide. Pour le protocole, elle est « Son Altesse, la princesse Élisabeth, Amélie, Eugénie, duchesse en Bavière, de la maison royale de Bavière ». Mais son éducation s’en fiche bien. Le duc Max ne répète-t-il pas à son épouse : « Les rois ne signifient rien dans mon existence. Je suis un artiste ! Un créateur ! Mes poèmes et mes livres seront lus et continueront à me faire vivre dans le coeur des hommes après que tous vos misérables rois seront descendus dans leurs tombes et oubliés. »
    Le couple Max/Ludovica se meut comme des montagnes russes. Entre les querelles irritantes, les batailles rangées et les mornes silences, tous deux passent toutefois les longues nuits d’hiver ensemble dans leur même grand lit. Si Ludovica est ennuyeuse et terne, elle est une femme d’ordre et de devoir : à elle donc le sérieux et les soucis, à lui les aventures et les joies imprévues ! Elle épargne, il dépense ; elle songe à l’avenir de ses enfants, il leur donne des plaisirs immédiats ; elle les gronde, il les gâte ; elle pousse de profonds soupirs, il pince sa cithare : singulière répartition des rôles et des tâches !
    Les enfants du couple sont donc joyeusement gâtés. Lorsque Sissi atteint sa neuvième année, une baronne Louise de Wulfen remplace sa nurse. Cette nouvelle gouvernante trouve que l’aînée, Hélène, exerce sur sa cadette, plus tendre, plus délicate et par trop sensible, une influence qui n’est pas précisément à son avantage. C’est pourquoi elle a soin de séparer insensiblement les deux soeurs et de rapprocher plutôt Sissi de son cadet, Charles-Théodore. « Il me paraît souhaitable, étant donné le caractère d’Hélène, écrit la baronne en 1846 à une amie, de la séparer de sa soeur Élisabeth, qui est de nature tendre et très scrupuleuse. Mais l’aînée la
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