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L'Hôtel Saint-Pol

L'Hôtel Saint-Pol

Titel: L'Hôtel Saint-Pol
Autoren: Michel Zévaco
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Bragaille et Brancaillon se trouvèrent soudainement dans les ténèbres. La porte s’était refermée. L’atroce vision disparaissait.
    Pendant quelques minutes on entendit alors leurs cris inarticulés, puis tout s’apaisa. Remonté dans la salle des armes, Saïtano, sa maigre figure illuminée par une flamme d’orgueil et d’espoir, considéra Jean sans Peur. Le duc eût été épouvanté s’il eût saisi la signification de ce regard qui disait : Ton tour viendra bientôt. Prends patience !
    – Monseigneur, dit-il vous me donnez donc ces trois hommes ? Ils sont jeunes et sains. Pour ce que je dois tenter, ils conviennent admirablement. Ils conviennent mieux que d’autres.
    – J’ai promis, dit le duc. Ce soir, vers dix heures, ces trois sacripants seront pendus, et…
    – Non, monseigneur. Je vous les demande vivants… Oh ! ne craignez rien, ajouta le sorcier en voyant que Jean sans Peur fronçait le sourcil. Ils mourront tout aussi bien que par la pendaison.
    – Soit ! fit alors le duc. Ce soir, à dix heures, ils seront chez vous. Mais si, une fois mes gens partis, ils se révoltent contre vous ? Si c’est vous qui êtes tué ?
    Saïtano sourit, et, d’une voix étrange, répondit :
    – Vous venez de les voir. Ils n’avaient guère envie de se révolter, n’est-ce pas ? Eh bien, chez moi, ils seront encore plus soumis.
    – C’est vrai, murmura Jean sans Peur pensif, ils éprouvaient comme une invincible horreur. Qui êtes-vous ? D’où détenez-vous la puissance qui vous a permis d’inspirer à cette fille un sentiment contraire à son cœur, et à ces trois braves un sentiment de peur qu’ils n’ont jamais éprouvé ? Allez ! Peu m’importe après tout ! Seulement, sorcier, songe que si tu me trompes, si tu me trahis, j’irai te chercher jusque dans l’enfer.
    – Vous n’aurez jamais besoin d’aller si loin pour me trouver. Vous connaissez mon logis monseigneur, et…
    Il se redressa, sa voix vibra, et il acheva :
    – Et je connais le vôtre. Adieu, monseigneur. Nous nous reverrons.
    Saïtano eut un geste d’adieu que le duc n’eût peut-être pas toléré même d’un égal. Saïtano, dans la salle voisine, retrouva le capitaine des gardes, et lui donna de longues et minutieuses instructions qui se terminèrent par la remise d’un petit flacon empli d’une liqueur brune.
    En bas, dans leur cachot, Bruscaille, Bragaille et Brancaillon, peu à peu se remettaient de leur terreur. Deux ou trois heures se passèrent au bout desquelles, suffisamment rassurés, ils se mirent à parler à tort et à travers, avec volubilité, évitant seulement de dire un mot de ce qui s’était passé. Enfin, Bruscaille crut pouvoir aborder ce délicat sujet, et simplement prononça :
    – Voulez-vous que je vous dise, compères ? Eh bien, nous avons eu une vision, voilà tout. Monseigneur ne songe nullement à nous livrer à… celui que vous savez : nous serons seulement pendus.
    – C’est vrai ! dit Bragaille. Pendus, et voilà tout !
    – C’est vrai ! ajouta Brancaillon avec un soupir de soulagement. Étions-nous bêtes !…
    Et l’idée d’être seulement pendu lui parut si agréable qu’il se mit à rire de son rire de tonnerre. Il y eut un bruit de verrous. Les trois s’immobilisèrent, haletants. Au même instant, ils furent rassurés : on leur apportait à manger ! Et ce n’était pas le triste repas des prisonniers, c’est-à-dire le pain et l’eau… non : une oie farcie, un énorme pâté, et une aune de boudin grillé – délice de Brancaillon – et une douzaine de flacons en grès que Bruscaille reconnut aussitôt pour avoir été extraits du coin de cave où, parfois, il s’aventurait seul, la nuit.
    Les trois braves furent stupéfaits.
    – Ho ! fit Bruscaille, nous ne serons donc pas pendus aujourd’hui !
    – Pendus ! fit le capitaine qui avait escorté les porteurs de victuailles. Et pourquoi seriez-vous pendus ! Monseigneur veut que vous soyez au cachot pendant huit jours parce que vous l’avez trompé, mais : « Capitaine, m’a-t-il dit, veillez à ce que mes trois braves ne dépérissent pas pendant leur captivité, car je vais avoir besoin d’eux ! » Aussi vous le voyez…
    Le cligne capitaine se retira en leur laissant, pour surcroît de bonheur, deux grandes cires allumées, un cornet, des dés pour jouer.
    – Je demande à rester trois mois au cachot, dit Brancaillon.
    Ils attaquèrent. Le pâté
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