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L'Hôtel Saint-Pol

L'Hôtel Saint-Pol

Titel: L'Hôtel Saint-Pol
Autoren: Michel Zévaco
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à vivre ! Laurence morte, le mariage, la petite fille livrée à Gérande, le petit chevalier poussé vers l’antre de Saïtano, tout cela palpitait en lui, en confuses images dont chacune le faisait frissonner.
    Soudain, il se leva, se mit à marcher à travers la salle. Il se secouait, comme pour jeter bas le fardeau de pensées fatigantes, dures à porter, et d’un effort de volonté, il ramena son imagination à Odette.
    Le coup de la nuit avait avorté. Il recommencerait, voilà tout, et au plus tôt. Car Isabeau était là ! Il fallait arracher la jeune fille à la reine. Il fallait donc encourir la haine de celle qui lui promettait le trône…
    C’était, dans ce cerveau, une effrayante mêlée de sentiments enchevêtrés, un tourbillon de passions qui se combattaient, se choquaient violemment. Passavant, Odette, la reine, la conquête du trône, Laurence, autant de pensées touffues, sombre forêt à travers laquelle il cherchait sa voie…
    – Monseigneur, un homme est là qui demande à être reçu en audience, murmura une voix.
    Jean sans Peur tressaillit et eut un rude geste de refus.
    – Monseigneur, reprit l’huissier, cet homme dit s’appeler Saïtano.
    Jean sans Peur frissonna. Il lui sembla que, de loin, le sorcier avait entendu sa pensée, que, franchissant d’un bond l’espace, il lui apportait la réponse. Mais cette impression s’effaça vite, et il ordonna de faire entrer Saïtano. Du même geste, il fit sortir Ocquetonville, Scas et Courteheuse. Le sorcier parut. D’un regard avide, tout d’instinct, le duc inspecta la joue, et murmura :
    – La trace de la main sanglante n’y est pas.
    – Elle y est, monseigneur, dit Saïtano comme s’il eut parfaitement entendu, seulement elle est invisible aujourd’hui parce que je suis dans un jour de joie.
    – Et de quoi es-tu joyeux, voyons ? fit Jean sans Peur avec une sourde inquiétude.
    – D’abord d’avoir si bien réussi à inspirer à la noble demoiselle de Champdivers une affection qui n’était pas dans son cœur ; ensuite de vous voir, par la mort de notre bien-aimé duc d’Orléans, rapproché de la haute situation que vous rêvez.
    – De quoi te mêles-tu, sorcier ! gronda Jean sans Peur. Le duc mon cousin est mort…
    – Assassiné par un sacripant du nom de Passavant, je sais cela, monseigneur, sans être sorcier. Tout Paris le sait. Tout Paris le dit. C’est bien la preuve que Passavant est le meurtrier.
    Le duc regarda Saïtano de travers.
    « Fâche-toi, mais fâche-toi donc ! » rugit le sorcier en lui-même.
    – La main ! La main rouge ! bégaya Jean sans Peur, le doigt tendu.
    Saïtano haussa les épaules. Il avait cette familiarité sinistre qu’on prête à Méphistofélès. La trace rouge apparaissait nettement sur sa joue. Mais presque aussi rapidement qu’elle s’était montrée, elle disparut. Saïtano se prit à sourire.
    – Vous avez raison, monseigneur, je ne dois pas me mêler de connaître ce qu’il est défendu à tous de savoir. Et que m’importe, après tout, que Passavant soit ou non le meurtrier… Ce qui m’importe, c’est de tenir mes promesses, et je suis venu vous demander si vous êtes content de moi…
    – Oui, dit Jean sans Peur pensif, ta puissance est indéniable, et elle effrayerait un autre que moi. Mais cette jeune fille…
    Il hésita.
    – Ne s’est pas laissée enlever par vos acolytes, monseigneur ?
    – Oui, oui ; c’est bien cela, fit le duc d’une voix ardente. Et il faut qu’en cela encore, tu m’aides.
    – Non, monseigneur.
    – Tu refuses ! gronda le duc.
    – Elle ne me suivra pas. Elle ne suivra pas vos gens. La force n’y fera rien, car elle a sa force, à elle, qui la rend capable de résister à la ruse et à la violence. D’autre part, monseigneur, vous devez savoir que l’Hôtel Saint-Pol est pour elle un séjour dangereux.
    – Que faire, alors ?
    – Allez la chercher vous-même. C’est vous seul qu’elle suivra. Dites-lui simplement : « Je sais qui tu es. » Et elle vous suivra.
    Jean sans Peur, enivré, livide de sa passion exaltée, fit un pas, saisit Saïtano par le bras et gronda :
    – Si cela est, par Notre-Dame et les saints !…
    – Cela sera. Je ne me trompe jamais, monseigneur.
    – Alors, demande-moi une fortune ! Demande ce que tu veux !
    – Je vous ai dit que je puis faire plus d’or qu’il n’y en a dans vos coffres et ceux du roi.
    Le duc de Bourgogne recula.
    – C’est
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