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L'Hôtel Saint-Pol

L'Hôtel Saint-Pol

Titel: L'Hôtel Saint-Pol
Autoren: Michel Zévaco
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de gestes éperdus, d’attitudes convulsées, de cris sauvages, le chevalier de Passavant, une minute, disparut comme un fétu de paille dans un remous d’Océan.
    Cela dura peu. Les Bourguignons reculaient pas à pas. Les Écorcheurs, par une manœuvre d’irrésistible force, fonçaient en bloc, frappaient tous ensemble, puis se reculaient, se ramassaient en bloc, fonçaient de nouveau.
    Bientôt la cour fut déblayée. Bientôt toute la partie de la rue située entre le logis Passavant et l’auberge fut libre… Passavant s’élança, entra comme un bolide chez Thibaud Le Poingre et courut à l’écurie, où, en gestes frénétiques, il sella et brida son cheval.
    Mais si peu qu’eût duré la bagarre, lorsqu’il reparut dans la rue, à cheval cette fois, près d’une demi-heure s’était écoulée depuis le moment où le carillon de Notre-Dame lui avait sonné l’heure du rendez-vous.
    Dans la rue, on se battait encore. Passavant examina un instant le champ de bataille et vit Polifer qui, à lui seul, abattait une rude besogne. Il poussa son cheval contre l’Écorcheur et lui dit :
    – C’est bien. C’est fini. Retirez-vous.
    – Vous le voulez ? haleta Polifer en portant un coup de masse à un Bourguignon.
    – Oui, dit Passavant très froid ; rentrez chez vous.
    Polifer fit entendre un coup de sifflet. En un instant, la bande des Écorcheurs, ou du moins ce qui en restait, disparut dans la cour du logis et de là dans l’intérieur.
    – Hardy ! Hardy ! Passavant le Hardy !
    Le chevalier, d’un double coup de ses éperons, composés d’une seule tige d’acier pointu, enleva sa bête d’un bond furieux.
    – Arrête ! Arrête ! vociférèrent les Bourguignons.
    – Tuez-le ! Tuez-le ! crièrent Ocquetonville, Scas et Courteheuse sanglants.
    – Arrête ! Arrête ! répétèrent les bourgeois de la rue en se précipitant chez eux.
    Passavant, d’un galop de tempête, s’élança. Les clameurs continuaient encore que déjà il ne les entendait plus. Quelques minutes plus tard, il arrivait devant l’Hôtel Saint-Pol, et le même cri qui lui avait échappé dans la nuit vint gronder encore sur ses lèvres pâles :
    – Malédiction !
    Il n’y avait aucune escorte devant l’Hôtel Saint-Pol !
    Sans aucun doute, le roi et Odette étaient partis !
    Et qu’avait-elle dû penser de lui ?…
    – Holà ! l’ami ! cria Passavant, le roi est-il donc parti avec son escorte ?
    La sentinelle du pont-levis se mit à rire, considéra cet homme au visage terrible qui semblait insensé comme le roi et répondit :
    – Parti ? Ah ! oui, parti !… Et qui sait où il arrivera ? Et quand il arrivera ?
    Ce soldat croyait sûrement avoir dit une énorme farce, car il se mit à rire de tout son cœur. Au loin, dans la rue Saint-Antoine, Passavant entendit une rumeur. On criait :
    – Arrête ! Arrête ! Au truand ! Au meurtrier !…
    – Le meurtrier de Mgr d’Orléans !…
    Passavant reprit sa course et se dirigea naturellement vers la porte Saint-Antoine qu’il franchit d’un temps de galop. Quand il fut loin dans la campagne, il s’arrêta, mit pied à terre, s’assit au revers d’un tertre et se dit :
    – Je suis déshonoré.
    Il eût beaucoup mieux fait de courir après l’escorte royale, de la rattraper coûte que coûte et d’expliquer son absence comme il pourrait. Mais ce sensitif nerveux et vibrant était accroché à cette idée qu’il était perdu d’honneur aux yeux d’Odette parce qu’il ne s’était pas trouvé au rendez-vous fixé par le roi.
    – C’est sûr, se dit-il, il y avait danger. Un autre a pris ma place. Que dirais-je ? Et puis, me croirait-on ? Et même si on me croit : Vous venez trop tard, me répondrait le roi. J’ai pris pour chef d’escorte ce brave capitaine qui, lui, n’a été retenu par aucun obstacle. Adieu donc, sire de Passavant. Une autrefois, tâchez d’être libre à propos…
    Cette impression fut si forte qu’il se leva et se mit à rire en répétant :
    – Adieu, donc, sire de Passavant !

XXX – L’HOMME DE L’ÉPOUVANTE
    Ce même jour eurent lieu les funérailles de Louis d’Orléans. Ce fut une pompe magnifique.
    Jean sans Peur suivit le cortège, à la tête d’une troupe imposante d’hommes d’armes. De son côté, le comte d’Armagnac s’entoura d’une escorte tout aussi nombreuse et tout aussi bien armée.
    Nous ne dirons rien de ces funérailles qui ne donnèrent lieu à
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