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L'Hôtel Saint-Pol

L'Hôtel Saint-Pol

Titel: L'Hôtel Saint-Pol
Autoren: Michel Zévaco
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Guines, es-tu là ?
    – J’y suis ! hurla Guines.
    – Guines, tu mourras de ma main !
    Il se mit à descendre les marches, sans hâte, hérissé, tout raide, et si flamboyant qu’il y eut un recul des quatre. En même temps, Passavant porta son premier coup, un coup droit, à fond, sur la poitrine de Guines. Il y eut un hurlement dans la cour. Guines vit venir le coup. Il voulut faire un mouvement pour le parer, et il sentit qu’il était comme paralysé par la terreur.
    Guines s’affaissa, la poitrine traversée d’outre en outre.
    – À toi, Courteheuse ! cria Passavant.
    Il n’eut pas le temps de répéter ce coup droit qui avait duré un quart de seconde. La meute entière se ruait sur lui. Ocquetonville, Courteheuse et Scas disparurent dans le tourbillon.
    Passavant ne les vit plus. Autour de lui, il n’y eut plus qu’une mêlée d’épées, de dagues, dont chacune voulait sa mort.
    – Vivant ! vivant ! hurla Courteheuse.
    – Prenez-le vivant ! répéta Scas dans le même hurlement.
    Passavant, à reculons, commença à remonter les marches. D’amers regrets gonflèrent son cœur. Dans cette minute où il vit clairement qu’il allait mourir, il eut la sensation de ce qu’il y avait d’étrange dans cette vie si courte composée d’une enfance perdue dans les lointains, de douze ans de tombeau et de quelques jours d’existence réelle aboutissant à la catastrophe, à l’écroulement de ce qui, en si peu de temps, s’était échafaudé en son imagination. Il comprit qu’il regrettait surtout d’être séparé d’Odette.
    – Vivant ! Vivant ! vociféra la bande.
    – Mort ! dit Passavant avec un sourire livide.
    Et il se rua sur les assaillants qui, à ce moment, avaient envahi le vestibule. Il se jeta sur eux avec la certitude qu’il allait être massacré. Il s’élança, la rapière haute pour, tout au moins, se faire une belle escorte dans la mort, et au même moment, il les vit reculer en désordre, lui-même fut saisi par deux bras vigoureux qui le jetèrent en arrière du champ de bagarre ; comme dans un rêve, il vit surgir autour de lui une quinzaine de figures terribles, des démons silencieux ; des êtres déguenillés qui bondissaient, frappaient à coups redoublés sans un mot, sans un cri. En une minute, le vestibule fut déblayé. Dans la cour, il y eut une vocifération de haine et de terreur :
    – Les Écorcheurs ! Les Écorcheurs !…
    – Les Écorcheurs ! murmura Passavant hagard.
    La porte du vestibule était fermée, solidement verrouillée. Dans la cour, hurlaient les Bourguignons. Passavant regarda autour de lui. Cinq ou six cadavres occupaient le carreau, en leurs attitudes tordues. Une douzaine d’hommes haletants l’entouraient. Ils avaient de ces visages maigres, de ces yeux luisants, de ces sourires de haine froide, de résolution farouche, comme en ont les gens à qui il importe peu de vivre ou de mourir. On les eût pris pour une bande de loups affamés, par les temps de grand froid au fond des bois couverts de neige.
    – Qui êtes-vous ? demanda Passavant.
    Un d’eux s’avança, hautain, sombre, tragique évocation de révolte. À la question du chevalier, il répondit par une autre :
    – Me reconnaissez-vous ?…
    Passavant le considéra un instant et secoua la tête. Alors l’homme reprit :
    – Avez-vous entendu parler de Polifer ?
    – Heu ! fit Passavant avec un sourire narquois, je suis depuis si peu de temps à Paris que minime est le nombre de personnages dont j’ai ouï parler, quel que soit leur célébrité.
    Impassible, l’homme continua :
    – Avez-vous entendu parler des Écorcheurs ? On les déteste à l’égal des loups, car ils veulent la liberté, et les bourgeois de Paris n’aiment rien tant au monde que leur servitude. Les Écorcheurs, mon gentilhomme, sont des gens qui pillent, tuent, s’embusquent au fond des bois pour attaquer à main armée le bourgeois riche ou le prince entouré de lances. C’est un métier maudit. Ils sont tenus en exécration. Mais quand on les prend et qu’on les branche haut et court, ils meurent heureux, car ils ont préféré les risques de la guerre aux ignominies de la soumission. Ils font la guerre. Ils tuent, ou sont tués. Indomptés, révoltés, nous sommes haïs du noble et du bourgeois. Dent pour dent, œil pour œil, haine pour haine, coup pour coup, nous leur faisons la guerre qu’ils nous font. Quant à moi, ma tête est mise à prix. Aussi,
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