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L'Hôtel Saint-Pol

L'Hôtel Saint-Pol

Titel: L'Hôtel Saint-Pol
Autoren: Michel Zévaco
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aucun accident.
    Ce jour, on cessa de faire perquisition dans les maisons de Paris où on supposait que le meurtrier aurait pu se réfugier. Les portes de Paris qu’on avait fermées furent ouvertes. Les chaînes de certaines rues qu’on avait tendues furent décrochées. Bref, le prévôt cessa de rechercher le meurtrier.
    En effet, le meurtrier était connu. Comme une traînée de poudre qui s’enflamme, son nom courut de bouche en bouche parmi la foule immense qui assistait aux obsèques.
    C’était le nom du sire de Passavant.
    On disait que le meurtrier du duc d’Orléans avait pour complice une bande d’Écorcheurs, qu’avec ses acolytes il avait soutenu une rude bataille contre les gens du duc de Bourgogne qui, courageusement, avaient voulu l’arrêter, et qu’enfin, sur le point d’être pris, le sire de Passavant s’était, avec ses Écorcheurs, jeté dans la campagne de Paris où il se proposait de rançonner tout voyageur qui aurait le malheur de passer à sa portée.
    Ces divers propos parvinrent naturellement au comte d’Armagnac qui demanda :
    – Qu’est-ce que ce Passavant ?
    – Selon toute apparence, un homme à Jean sans Peur, lui répondit le gentilhomme qui venait de lui rapporter tous ces bruits. On l’a vu à diverses reprises bras dessus bras dessous avec Ocquetonville, le sire de Scas, le comte de Guines et Courteheuse, enfin tous les enragés Bourguignons. On les a vus boire et manger ensemble en un cabaret de la rue Saint-Martin.
    – Jean sans Peur espère échapper au châtiment qui lui est dû, fit le comte d’Armagnac d’une voix sombre. Il se trompe. Le véritable assassin, c’est lui. Ce misérable Passavant n’a été que le bras qui frappe. Il faudra bien que Jean sans Peur… En attendant, malheur à ce Passavant, s’il me tombe sous la main.
    Aussitôt après les funérailles, le comte d’Armagnac prit la route du château de Pierrefonds où il voulait installer la veuve, Valentine de Milan, et lui donner une garnison suffisante pour la protéger contre toute attaque. Il se proposait ensuite de rentrer à Paris. Dans sa pensée, en effet, Jean sans Peur, après avoir fait assassiner le duc d’Orléans, tenterait aussi de se débarrasser de Valentine. Ce fût donc en toute hâte qu’il prit la route du Valois.
    Jean sans Peur, de son côté, rentra à l’Hôtel de Bourgogne.
    Le duc de Bourgogne était soucieux. À son aspect, les mille bruits sourds de cette élégante forteresse qu’était son hôtel s’éteignirent, et tout retomba dans un morne silence. Le duc, escorté de Scas, Ocquetonville et Courteheuse se rendit dans la salle des armes.
    – Ainsi, dit-il, Guines est mort. C’était un brave compagnon. Que Dieu ait son âme !
    – La poitrine traversée de part en part, à l’endroit du cœur, dit Scas d’une voix sombre. J’ai vu le coup. Ce Passavant est un rude manieur de fer.
    – C’est le premier de nous, dit Courteheuse, le premier qui s’en va.
    Ils se regardèrent un instant et Scas reprit :
    – Il s’est vanté que nous mourrons de sa main.
    – Oui ! dit alors Ocquetonville. Mais c’est lui qui mourra de la mienne.
    – De la mienne ! grogna Scas.
    – De la mienne ! gronda Courteheuse.
    Jean sans Peur se leva et dit rudement :
    – Ni de cette main, ni de celle-ci, ni de celle-là. Passavant appartient au bourreau.
    Ils frémirent d’une joie profonde. La promesse du maître les rassurait. Écrasé par l’accusation d’assassinat, Passavant serait plus sûrement tué que par eux. Car ils n’étaient pas sûrs, eux !
    Il n’était plus question, d’ailleurs, d’être renvoyés par le maître. Ils n’en parlaient même pas. Ils sentaient bien que Jean sans Peur, contre Passavant plus encore que pour la conquête du trône et contre Armagnac, avait besoin d’eux. Massés dans un coin de la salle d’armes, ils considéraient le duc qui songeait, silencieux, tout raide, les yeux perdus dans le vague, et ils se disaient :
    – Il pense à « lui ! »
    C’était vrai, Jean sans Peur remontait au loin dans ses souvenirs, et il revoyait l’enfant tel que Saïtano le lui avait amené, tel qu’il l’avait livré aux geôliers de la Huidelonne.
    C’était le témoin !
    C’était celui qui avait vu le meurtre de Laurence !
    Le duc, parfois, haussait les épaules. Finie, cette simple aventure du jeune âge. Morte, Laurence. Tout ce passé était passé, aboli… et à cette heure, cela se remettait
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