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L'homme au ventre de plomb

L'homme au ventre de plomb

Titel: L'homme au ventre de plomb
Autoren: Jean-François Parot
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n'étaient pas
empoisonnées. Le premier service des potages et des entrées
avait été disposé harmonieusement sur la table.
Il résultait de tout cérémonial que le roi
mangeait ses viandes froides.

    Un appel du pied,
un mouvement d'armes, ainsi qu'un murmure de la foule pressée
dans l'antichambre avaient annoncé le cortège royal.
Précédé d'un huissier, éclairé par
ses pages et suivi du capitaine de ses gardes, le roi avait gagné
son fauteuil dans le même temps que la reine arrivait. Des
serviettes leur avaient été tendues pour se laver les
mains. Le reste de la famille royale, le dauphin et Mesdames avaient
pris place. Nicolas observait maintenant la foule qui, maintenue à
distance, suivait religieusement le déroulement du souper. Les
gens de qualité étaient rangés, écrasés
souvent les uns contre les autres, derrière la chaise du roi.
Ils prêtaient l'oreille, attentifs à recueillir quelques
paroles ou quelques marques de distinction tombées des lèvres
augustes.

    Au bout d'un
moment, le roi rompit le silence et interrogea le, dauphin, qui
venait de rentrer de Paris, sur les nouvelles de la ville. Celui-ci
évoqua les craintes qui agitaient l'Europe et qui couraient
dans la capitale sur l'état de santé de la tsarine de
Russie. Chacun était suspendu aux nouvelles en provenance de
Saint-Pétersbourg. L'hiver et les difficultés que la
neige et le gel occasionnaient aux courriers jetaient l'incertitude
sur des indications contradictoires ou controuvées. On ne
savait plus à quelle vérité se raccrocher. Le
dauphin décrivit les crises et les vapeurs qui inquiétaient
les médecins d'Élisabeth, au point de parler de risques
d'apoplexie. Les détails médicaux retinrent l'attention
du roi, qui se tourna vers son médecin en quartier pour plus
de précisions. Le dauphin ajouta que, selon certaines
informations, la désolation était grande en Russie,
sauf dans le peuple, grossier, barbare et manquant de sensibilité.
Tout se déroulait dans cette cour orientale dans un mystère
qui marquait plus la crainte du successeur que l'amour du souverain
régnant. Cette remarque sans intention assombrit le roi, qui
se renferma dès lors dans un silence obstiné, en dépit
des timides tentatives de la reine de relancer la conversation.

    Alors que l'on
desservait et qu'arrivaient les viandes, une rumeur s'enfla à
l'extérieur de l'antichambre où se tenait le grand
couvert. Ce ne fut d'abord qu'un bruissement des bruits de pas
précipités, des armes qui retombaient brutalement sur
le sol et des voix qui haussaient le ton et lançaient des
appels. Séparé de ce désordre par la foule du
public, Nicolas tenta en vain d'en discerner les raisons. Un officier
des gardes se fraya soudain un chemin malaisé au milieu des
courtisans. Il parvint jusqu'au capitaine des gardes à qui il
confia quelque chose.

    Dehors, le
désordre redoublait. Les grands officiers et les proches du
roi se regardèrent, interdits. Le monarque demeurait
imperturbable, même si certains petits détails
marquaient que son impatience grandissait devant cette perturbation
du cérémonial. Une nouvelle parcourait maintenant
l'assemblée. Chacun parlait à haute voix à son
voisin. Nicolas entendit près de lui les mots « attentat
horrible » et vit que M. de Saint-Florentin, auprès
duquel se tenait Sartine, le regardait, l'air éperdu et
interrogatif. Ce jeu de mines cessa lorsque le capitaine des gardes
eut instruit le ministre. De nombreux assistants paraissaient
désormais informés de l'événement et
ordonnaient leur physionomie en harmonie avec la gravité de ce
qu'ils venaient d'apprendre. Agacé par la rumeur sourde qui
montait et l'environnait, le roi pinçait les lèvres et
interrogeait du regard son entourage. Il finit par manifester son
déplaisir.

    â€“ D'où
viennent ce bruit et ce désordre ? Quels sont leurs causes et
leurs sujets ?

    Personne n'osait
lui répondre, mais les visages parlaient d'eux-mêmes.

    â€“ Enfin,
qu'en est-il ? Pourquoi ces figures contraintes ? Quelle nouvelle
justifie votre accablement ? En veut-on encore à ma vie ?

    Plusieurs voix se
firent entendre chez les princes et les proches du roi. L'ensemble
était inintelligible, et les réponses tellement
évasives et
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