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L'homme au ventre de plomb

L'homme au ventre de plomb

Titel: L'homme au ventre de plomb
Autoren: Jean-François Parot
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en sortit une petite feuille de papier de soie pliée
en quatre dans laquelle Sartine, qui s'était approché,
put voir une sorte de gravier noir.

    â€“ Voilà,
monsieur, ce que j'avais recueilli, coincé dans la semelle des
bottes du Vicomte : du charbon. Où trouve-t-on du charbon, si
ce n'est près d'une forge, ou dans un atelier où du
métal est fondu ? J'ai retrouvé la même poussière
dans l'atelier de Le Peautre, le fontenier du grand parc.

    â€“ Ma
deuxième question : pourquoi ces lunettes fumées ?

    â€“ Mon
tuteur, le chanoine Le Floch, nourrissait une prévention
irraisonnée contre les yeux vairons. Sans la partager, je
remarque toujours cette caractéristique, d'autant plus qu'à
ma première arrivée à Paris je me suis fait
voler ma montre par un malandrin au regard inégal. Voyez
Lambert, il devait dissimuler ses yeux sous faute d'être
reconnu. Lorsqu'il se déguisait en Mlle de Sauveté, il
usait de ces lunettes fumées. Et lorsque sa sœur jouait
le rôle du même personnage, elle en usait de la même
façon.

    â€“ Dernière
question, Nicolas : avez-vous quelque espoir d'arrêter ce Le
Peautre ?

    â€“ Un
courrier de l'intendant de Champagne m'a informé hier que son
corps avait été retrouvé, à moitié
dévoré par les loups, du côté de Provins.
Il avait, auparavant, confié à l'un des couvents de la
ville le petit sourd-muet qui servait de messager.

    â€“ L'homme
est un curieux animal. Voilà une enquête difficile et
que vous avez fort bien menée. Restent les bijoux de Madame.
Pensez-vous les retrouver ?

    â€“ Je n'ai
pas perdu espoir. Nous avons déjà la bague.

    â€“ Et Truche
de La Chaux ?

    â€“ Son cas
n'est pas pendable, et puis la bonne dame le protège, mais mon
intuition m'incite à croire que l'homme finira par tomber dans
les filets de ses propres intrigues.

Chapitre XII
    Truche
de la chaux 25

    Â«Â Les
Rois sont sujets à l'émoi... »

    Ã‰tienne
Jodelle

    Dimanche 6
janvier 1762

    Le rituel du grand
couvert s'apprêtait dans sa forme immuable. Depuis deux mois,
Nicolas n'avait pas quitté la Cour. M. de Saint-Florentin
maintenait le jeune commissaire à Versailles au grand dam du
lieutenant général de police. Il était chargé
tout à la fois de contrôler la sûreté du
palais et de préparer le mémoire demandé par le
ministre, toujours inquiet des risques pesant sur la vie du
souverain. Les révélations du dénouement de
l'affaire Ruissec avaient ancré cette crainte en lui et il ne
jurait plus que par Nicolas. Celui-ci avait pris pension chez M. de
La Borde, grâce auquel il avait pu se loger au château
dans une soupente proche des appartements du premier valet de
chambre.

    C'était le
premier dimanche de l'année. Trois fois par semaine, le roi
soupait en cérémonie avec la famille royale, pour obéir
à une tradition établie par Louis XIV, et malgré
ses réticences à paraître en public. Son goût
personnel aurait plutôt porté Louis XV à préférer
les soupers intimes. avec ses favoris et la marquise de Pompadour,
dans les petits appartements, mais il lui fallait bien s'astreindre à
son métier de roi.

    Nicolas, qui
participait désormais étroitement aux cérémonies
de la Cour, se tenait donc à la porte de la première
antichambre de l'appartement royal, où une table en forme de
fer à cheval avait été dressée. Le roi et
la reine en occuperaient l'extrémité et les membres de
la famille royale les côtés. La Borde lui expliquait à
l'oreille les détails du protocole. Déjà, le
premier service de la viande était remonté des cuisines
en longue procession, précédé et escorté
de deux gardes, carabine sur l'épaule, accompagné de
l'huissier de salle à quelques pas derrière, portant le
flambeau et la baguette, du maître d'hôtel avec son
bâton, du gentilhomme-servant-panetier, du contrôleur
général, du contrôleur-clerc d'office, d'une
dizaine d'autres officiers portant chacun un plat, enfin, de deux
autres gardes fermant la marche. Le maître d'hôtel avait
fait révérence devant la nef de vermeil contenant les
serviettes parfumées. Chaque officier avait ensuite goûté
les viandes pour vérifier qu'elles
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