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L'holocauste oublié

L'holocauste oublié

Titel: L'holocauste oublié
Autoren: Christian Bernadac
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adresse ; la plupart, presque tous même, avaient les oreilles percées et portaient à chacune d’elles un ou deux anneaux d’argent ; c’était, disaient-ils, la mode de leur pays.
    « Les hommes étaient très noirs et leurs cheveux crépus. Les femmes étaient les plus laides et les plus noiraudes qu’on pût voir. Toutes avaient des plaies au visage et les cheveux noirs comme la queue d’un cheval. Elles étaient vêtues d’une vieille flaussaie (étoffe grossière) attachée sur l’épaule par un gros lien de drap ou de corde ; leur seul linge était un vieux roquet (blouse) ou une vieille chemise ; bref, c’étaient les plus pauvres créatures que, de mémoire d’homme, on eût jamais vu venir en France. Malgré leur pauvreté, il y avait dans leur compagnie des sorcières qui, regardant les mains des gens, dévoilaient le passé et prédisaient l’avenir.
    « Elles semèrent d’ailleurs la discorde dans plusieurs ménages, en disant au mari : « Ta femme t’a fait cocu », et à la femme : « Ton mari t’a trompée. » Mais le pire était que, pendant leurs discours, par la magie, par le diable ou par adresse, elles vidaient dans leurs bourses celles des auditeurs. C’est ce que l’on disait, mais je suis allé leur parler deux ou trois fois, et jamais je n’y ai perdu un denier et je ne les ai pas vues regarder dans les mains. Mais comme le peuple répandait ce bruit partout, la nouvelle en parvint à l’archevêque de Paris ; il alla les voir et emmena avec lui un frère mineur, nommé le Petit Jacobin, qui sur son ordre fit un beau sermon et excommunia tous les diseurs et diseuses de bonne aventure et tous ceux qui avaient montré leurs mains. Ils durent alors s’en aller et ils se dirigèrent vers Pontoise, le jour de Notre-Dame, en septembre. »
     
    Il faudra attendre plus d’un siècle pour obtenir de véritables révélations sur les tsiganes. Elles seront l’œuvre d’un certain Pechon de Ruby qui s’affirme gentilhomme breton ayant rompu en visière à sa famille en particulier et à tout le genre humain en général pour partager « La Vie Généreuse des Mercelots, gueux et Boesmiens ». Ce livre, comme le souligne Jean-Paul Clébert, marque la naissance en France de la littérature picaresque.
    « Lors je quittai mes Gueux, et allai trouver un capitaine d’Égyptiens qui était dans le faux-bourg de Nantes, qui avait une belle troupe d’Égyptiens ou Boesmiens, et me donnai à lui : il me reçut à bras ouverts, promettant de m’apprendre du bien ; ce dont je fus très joyeux. Il me nomma Afourette.
    « Quand ils veulent partir du lieu où ils ont logé, ils s’acheminent tout à l’opposé et font une demi-lieue en sens contraire, puis se jettent en leur chemin. Ils ont les meilleures cartes et les plus sûres, dans lesquelles sont représentées toutes les villes et villages, rivières, maisons de gentilshommes et autres, et s’entre-donnent un rendez-vous de dix jours en dix jours à vingt lieues d’où ils sont partis. Le capitaine baille aux plus vieux chacun trois ménagères à conduire, prennent leur traverse et se trouvent au rendez-vous : et ce qui reste de bien montés et armés, il les envoie avec un bon Almanach où sont toutes les foires du monde, changeant d’accoutrement et de chevaux.
    « Quand ils logent en quelque bourgade, c’est toujours avec la permission des seigneurs du pays, ou des plus apparents des lieux : leur département est en quelque grange ou logis inhabité. Là, le capitaine leur donne quartier, et à chacun ménage en son coin, à part. Ils prennent fort peu auprès du lieu où ils sont logés, mais aux prochaines paroisses ils font rage de dérober et crocheter les fermetures : et s’ils y trouvent quelque somme d’argent, ils donnent l’avertissement au capitaine et s’éloignent promptement à dix lieues de là. Ils font de la fausse monnaie avec industrie ; ils jouent à toutes sortes de jeux, ils achètent toutes sortes de chevaux, quelque vice qu’ils aient, pourvu qu’ils passent leur monnaie.
    « Quand ils prennent des vivres, ils baillent gages de bon argent pour la première fois, sur la défiance que l’on a d’eux : mais quand ils sont prêts à déloger, ils prennent encore quelque chose dont ils baillent pour gage quelque fausse pièce, et retirent de bon argent, et adieu ! Au temps de la moisson, s’ils trouvent les portes fermées, avec leurs crochets ils ouvrent tout, et
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