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L'holocauste oublié

L'holocauste oublié

Titel: L'holocauste oublié
Autoren: Christian Bernadac
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plus loin dans la marginalité, à contourner lois et morale pour survivre. Nous sommes déjà, et probablement dès la première vague de la fuite, dans une atmosphère de type concentrationnaire. Il n’y a guère loin des procès, décrets, édits, persécutions, expulsions, exécutions sans preuve, crimes de protection ou préventifs, parquages, ghettos, zones protégées, aux chambres à gaz d’Auschwitz et aux scalpels des médecins expérimentateurs de Dachau et Buchenwald. Huit siècles d’« intoxication primaire » ont préparé le terrain.
    Dans ce concert unanime des citoyens et des États, la France sut faire front commun :
     
    Déclaration du Roy contre les Bohèmes (12)  :
     
    Louis par la grâce de Dieu, Roy de France et de Navarre à tous ceux qui ces lettres verront, Salut.
    Quelques soins que les Roys, nos prédécesseurs, ayent pris pour purger leurs États de vagabons et gens appelez Boëmes, ayant enjoint par leurs Ordonnances aux Prévôts des Maréchaux et autres juges d’envoyer lesdits Boëmes aux galères sans autre forme de procès. Néant-moins il a esté impossible de chasser entièrement du Royaume ces voleurs par la protection qu’ils ont de tout temps trouvée et qu’ils trouvent encore journellement auprès des Gentilshommes et Seigneurs Justiciers qui leur donnent retraite dans leurs châteaux et maisons…
    Ce désordre étant commun dans la plupart des Provinces de notre Royaume…
    Ordonne :
    … — d’arrester et faire arrester tous ceux qui s’appellent Boëmes ou Égyptiens, leurs femmes et leurs enfants, et autres de leur suite, de faire attacher les hommes à la chaisne des forçats pour estre conduits dans nos galères et y servir à perpétuité et à l’égard de leurs femmes et filles, de les faire razer la première fois qu’elles auront été trouvées et de les faire conduire dans les hospitaux les plus prochains des lieux, les enfants qui ne seront pas en état de servir dans les galères, pour y être nourris et élevez comme les autres enfants qui y sont enfermez ; et en cas que lesdites femmes continuent de vaguer et de vivre en bohémiennes, de les faire fustiger et bannir hors du Royaume, le tout sans autre forme n’y figure de procez (13) .
     
    Les premiers « reportages » français mettant en scène l’arrivée de tsiganes datent du XV e  siècle. Le journal anonyme d’un bourgeois de Paris, véritable documentaire d’un demi-siècle, ne pouvait passer sous silence cet événement.
    « Le dimanche (14) 17 août, douze penanciers (pénitents), comme ils disaient, vinrent à Paris ; c’étaient un duc, un comte et dix hommes, tous à cheval, qui se disaient chrétiens et natifs de la Basse-Égypte. Ils prétendaient avoir été autrefois chrétiens et ce n’était que depuis peu qu’ils l’étaient redevenus sous peine de mort. Ils expliquaient que les Sarrasins les avaient attaqués, mais leur foi avait chancelé ; ils s’étaient peu défendus, s’étaient donc rendus à l’ennemi, avaient renié Notre-Seigneur et étaient redevenus Sarrasins.
    « À cette nouvelle, l’empereur d’Allemagne, le roi de Pologne et d’autres princes chrétiens leur coururent sus et les vainquirent bientôt. Ils avaient espéré pouvoir rester dans leur pays mais l’empereur et ses alliés avaient délibéré de ne les y point laisser sans le consentement du pape, et les avaient envoyés à Rome voir le Saint-Père. Tous s’y rendirent, grands et petits, ceux-ci à grand-peine, et confessèrent leurs péchés. Le pape en délibéra avec son conseil et leur donna comme pénitence de parcourir le monde pendant sept ans sans coucher dans un lit. Pour la dépense, il ordonna que tout évêque ou abbé portant crosse leur donnerait une fois pour toutes dix livres tournois. Puis il leur remit des lettres patentes de ces décisions pour ces prélats, leur donna sa bénédiction, et ils partirent.
    « Ils avaient déjà voyagé cinq ans avant d’arriver à Paris. Le commun – cent ou cent vingt hommes, femmes et enfants – n’arriva que le jour de la Décollation de saint Jean ; par autorité de justice, l’entrée de Paris leur fut interdite et ils furent logés à la chapelle Saint-Denis…
    « Quand ils furent établis à la chapelle, on ne vit jamais plus de monde à la bénédiction du Lendit que celui qui vint les voir de Paris, de Saint-Denis et de toute la banlieue. En vérité, leurs enfants étaient d’une incroyable
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