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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance
Autoren: James Fenimore Cooper
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anglais et les familles les plus riches ; de sorte qu’au commencement des hostilités, la balance paraissait y pencher en faveur de l’Angleterre. Cependant le nombre de ceux qui embrassèrent la cause du peuple fut assez considérable pour qu’on y organisât un gouvernement indépendant et républicain, et l’armée de la confédération les seconda de tout son pouvoir.
    La ville de New-York et le territoire adjacent ne reconnurent pourtant pas la nouvelle république ; mais l’autorité royale ne se maintint dans la colonie que jusqu’où ses armes pouvaient atteindre. Dans cet état de choses, les loyalistes {13} adoptèrent naturellement les mesures qui s’accordaient davantage avec leur caractère et leur situation. Un grand nombre prirent les armes pour la défense des anciennes lois ; et par les efforts de leur bravoure cherchèrent à soutenir ce qu’ils regardaient comme les droits de leur souverain, et à mettre leurs propres biens à l’abri d’une sentence de confiscation. D’autres quittèrent le pays et allèrent chercher dans la mère patrie un asile momentané, comme ils se plaisaient à l’espérer, contre les troubles et les dangers de la guerre. Quelques-uns, et ce n’étaient pas les moins prudents, restèrent sur le lieu qui les avait vus naître, avec la circonspection que leur inspirait une fortune considérable, ou peut-être cédant à l’influence de l’attachement qu’ils avaient conçu pour les scènes de leur jeunesse.
    M. Wharton fut du nombre de ces derniers. Après avoir pris la précaution de placer dans les fonds d’Angleterre une somme considérable qu’il avait en argent, il resta à New-York, paraissant exclusivement occupé de l’éducation de ses filles ; de quelque côté que se déclarât la victoire, il espérait, par cette conduite prudente, éviter la confiscation de ses biens ; mais un de ses parents qui occupait une des premières places dans le gouvernement de la république naissante, lui ayant dit que demeurer dans une ville qui était devenue un camp anglais, c’était aux yeux de ses concitoyens à peu près la même chose que s’il avait émigré à Londres, il sentit que son séjour à New-York serait un crime impardonnable si les républicains triomphaient, et pour ne pas courir ce hasard, il résolut de quitter cette cité.
    Il possédait une habitation convenable dans le canton de West-Chester, et comme depuis bien des années il avait l’habitude d’y aller passer les chaleurs de l’été, elle était meublée et prête à le recevoir. Sa fille aînée tenait déjà son rang dans la société des dames ; mais Frances, la plus jeune, avait besoin d’une ou deux années de plus pour achever son éducation et paraître avec l’éclat convenable ; du moins c’était ce que pensait miss Jeannette Peyton ; et comme cette dame, sœur cadette de feu leur mère, avait quitté sa demeure dans la colonie de la Virginie, avec le dévouement et l’affection de son sexe, pour surveiller l’éducation de ses nièces orphelines, M. Wharton sentit que les opinions de sa belle-sœur avaient droit à un profond respect. En conséquence, et d’après son avis, les sentiments du père cédèrent à l’intérêt des enfants.
    M. Wharton partit pour les Sauterelles avec un cœur déchiré par le chagrin de se séparer de tout ce qui lui restait d’une épouse qu’il avait adorée, mais obéissant à cette prudence qui plaidait fortement en faveur des biens de ce monde qu’il possédait. Pendant ce temps, ses deux filles et leur tante occupèrent la belle maison qu’il avait à New-York. Le régiment auquel appartenait le capitaine Wharton faisait partie de la garnison permanente de cette ville, et la présence de son fils paraissait à M. Wharton une protection assurée pour ses deux filles et le tranquillisait sur leur absence. Mais Henri était jeune, militaire, franc, étranger au soupçon, et jamais il ne se serait imaginé qu’un uniforme pût cacher un cœur corrompu.
    Il en résulta que la maison de M. Wharton devint un rendez vous à la mode pour les officiers de l’armée royale, de même que celles de toutes les autres familles qu’ils jugèrent dignes de leur attention. Les suites de ces visites furent heureuses pour quelques familles, funestes pour un plus grand nombre, en faisant naître des espérances qui ne devaient jamais se réaliser, et malheureusement ruineuses pour une grande partie d’entre elles. La richesse
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