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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance
Autoren: James Fenimore Cooper
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rusé et intrépide par nature. Son office consistait à découvrir dans quelle portion du pays les adhérents de la couronne dirigeaient leurs efforts secrets pour rassembler des hommes ; il consistait aussi à examiner l’état des places, à enrôler ; il devait paraître zélé pour la cause qu’il feignait de servir, et chercher par tous les moyens à connaître, autant que possible, les projets de l’ennemi ; il communiqua ces instructions à ses subordonnés, qui firent de leur mieux pour déjouer les plans des Anglais, et y réussirent souvent.
    Il est facile de concevoir qu’on ne pouvait remplir de telles fonctions sans courir de grands hasards personnels. Outre le danger d’être découvert, on s’exposait au risque de tomber entre les mains des Américains eux-mêmes, qui punissaient les fautes de ce genre beaucoup plus sévèrement sur leurs propres compatriotes que sur les Européens dont ils parvenaient à se rendre maîtres. Enfin l’agent de M…, plusieurs fois arrêté par les autorités locales, fut dans une circonstance, condamné au gibet par ses concitoyens exaspérés. Un ordre secret transmis avec promptitude au geôlier le sauva seul d’une mort ignominieuse. On lui permit de s’échapper, et ce péril, qui n’était pas imaginaire, lui fut d’un grand secours pour soutenir près des Anglais son caractère d’emprunt. Parmi les Américains, on le regardait dans sa petite sphère comme un hardi et invétéré tory ; il continua ainsi à servir son pays sous le voile du mystère durant les premières années de la lutte, entouré de dangers perpétuel, et l’objet de mépris non mérités.
    Dans l’année, M… fut appelé à un poste élevé et honorable près d’une cour d’Europe. Avant d’abandonner sa place au congrès, il fit en peu de mots un rapport sur les faits que nous venons de détailler, et, sans nommer son agent de police, il demanda une récompense pour l’homme qui avait rendu tant de services en s’exposant à de si grands périls. Une somme convenable fut votée, et le soin de la remettre confié au président du comité secret.
    M… s’arrangea pour avoir une entrevue avec son agent ; ils se rencontrèrent dans un bois à minuit. M…, après avoir loué sa fidélité et son adresse, lui apprit que leurs relations étaient terminées, et finit par lui présenter l’argent. L’autre recula d’un pas en refusant de le recevoir. « Le pays a besoin de tout ce qu’il possède, dit-il, et quant à moi je puis travailler ou gagner ma vie de diverses manières. » Toutes les instances furent vaines, car le patriotisme était porté au plus haut point dans le cœur de cet homme remarquable. M… le quitta, remportant avec l’or dont il s’était chargé un profond respect pour celui qui pendant si longtemps avait pu hasarder sa vie pour la cause commune, sans espoir de récompense.
    L’écrivain a un souvenir vague qu’à une époque plus récente l’agent de M… consentit à recevoir une rétribution en retour de ses services, mais ce ne fut pas avant que la nation se trouvât tout à fait en état de la lui accorder.
    Il est à peine nécessaire d’ajouter qu’un trait semblable, raconté d’un ton simple mais ému par l’un des principaux acteurs, fit une profonde impression sur tous ceux qui l’entendirent. Plusieurs années après, des circonstances inutiles à détailler, et qui sont d’une nature entièrement fortuite, engagèrent l’auteur à composer une nouvelle qui devait être, ce qu’il ne prévoyait pas alors, la première d’une série passablement longue. Les mêmes causes accidentelles qui lui donnèrent naissance déterminèrent le lieu de la scène et le caractère général de l’ouvrage. Le premier fut placé dans une région étrangère, et le dernier embrassa la tâche faiblement exécutée de décrire des mœurs étrangères. Aussi, lorsque ce roman parut, les amis de l’auteur lui reprochèrent d’avoir, lui, Américain de cœur comme de fait, écrit un livre qui contribuerait peut-être, en quelque léger degré, à nourrir l’imagination de ses jeunes et non expérimentés compatriotes de peintures tirées d’un état social si différent de celui dont ils font partie. L’auteur, tout en sachant combien le hasard seul avait dirigé son choix, sentit que l’accusation était du nombre de celles dont il aurait désiré se garantir ; et, ne voyant pas d’autre moyen d’expier sa faute, il se décida à
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