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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance
Autoren: James Fenimore Cooper
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rangé. Mais Harvey Birch n’en veut faire qu’à sa tête, et après tout il mourra en vagabond. Dès que l’étranger avait entendu dire qu’il trouverait une autre maison à un demi-mille plus loin, il s’était enveloppé de son manteau, et tournant la bride de son cheval, il se disposait à partir sans chercher à pousser plus loin la conversation ; mais le nom qui venait d’être prononcé le fit tressaillir.
    – Quoi ! s’écria-t-il comme involontairement, est-ce donc ici l’habitation d’Harvey Birch ? Il allait en dire davantage, mais il se retint et garda le silence.
    – Je ne sais trop, répondit la femme, si l’on peut dire que ce soit son habitation, puisqu’il ne l’habite jamais, ou du moins si rarement, que c’est tout au plus si l’on peut se rappeler sa figure. Ce n’est pas tous les jours qu’il juge à propos de la montrer à son vieux père ou à moi. Mais que m’importe qu’il vienne ou qu’il ne vienne pas ? je ne m’en soucie guère. – Vous aurez soin de prendre le premier chemin à gauche. – C’est comme je vous le dis, je ne m’en soucie pas. À ces mots elle ferma brusquement la porte, et le voyageur, charmé de pouvoir espérer un meilleur gîte, s’empressa de marcher dans la direction indiquée. Il restait encore assez de jour pour qu’il pût remarquer les améliorations {8} qui avaient eu lieu dans la culture des terres autour du bâtiment dont il s’approchait. C’était une maison construite en pierres, longue, peu élevée, et ayant une petite aile à chaque extrémité. Un péristyle à colonnes qui en ornait la façade, le bon état de tous les bâtiments, les haies bien entretenues qui entouraient le jardin, tout annonçait que les propriétaires étaient d’un rang au-dessus des fermiers ordinaires du pays. Après avoir conduit son cheval derrière un angle de la muraille, où il était jusqu’à un certain point à l’abri du vent et de la pluie, il frappa à la porte sans hésiter. Un vieux nègre vint l’ouvrir aussitôt. Dès que celui-ci eut appris que c’était un voyageur qui demandait l’hospitalité, il ne crut pas avoir besoin de consulter ses maîtres, et après avoir jeté un regard attentif sur l’étranger, à la clarté d’une lumière qu’il tenait à la main, il le fit entrer dans un salon très-propre, où l’on avait allumé du feu pour combattre un vent d’est piquant et le froid d’une soirée d’octobre. Après avoir remis sa valise au vieux nègre, et avoir répété sa demande d’hospitalité à un vieillard qui se leva pour le recevoir, il salua trois dames qui travaillaient à l’aiguille, et commença à se débarrasser d’une partie de son costume de voyage.
    Lorsqu’il eut ôté un mouchoir placé sur sa cravate, un manteau et une redingote de drap bleu, l’étranger présenta à l’examen de la famille réunie un homme de grande taille, ayant un air très-gracieux, et paraissant avoir cinquante ans. Sa physionomie annonçait le sang-froid et la dignité ; son nez droit avait presque la forme grecque ; ses yeux étaient doux, pensifs et presque mélancoliques ; sa bouche et la partie inférieure de son visage annonçaient un caractère ferme et résolu ; ses vêtements de voyage étaient simples mais de drap fin, et semblables à ceux que portait la classe la plus aisée de ses concitoyens. La manière dont ses cheveux étaient arrangés lui donnait un air militaire que ne démentaient pas sa taille droite et son port majestueux. Toutes ses manières paraissaient si décidément celles d’un homme comme il faut, que, lorsqu’il eut fini de se débarrasser de ses vêtements additionnels, les dames et le maître de la maison se levèrent pour recevoir les nouveaux compliments qu’il leur adressa, et y répondirent de la manière la plus obligeante.
    Le maître de la maison paraissait avoir quelques années de plus que l’étranger, et ses manières, aussi bien que son costume, prouvaient qu’il avait vu le monde.
    Les dames étaient une demoiselle de quarante ans et deux jeunes personnes qui ne paraissaient pas avoir atteint la moitié de ce nombre d’années. La plus âgée des trois avait perdu sa fraicheur ; mais de grands yeux, de beaux cheveux, un air de douceur et d’amabilité, donnaient à sa physionomie un charme qui manque souvent à des figures beaucoup plus jeunes. Les deux sœurs, car leur ressemblance annonçait ce degré de parenté entre elles, brillaient de tout
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