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L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance

Titel: L'Espion - Un épisode de la guerre d'indépendance
Autoren: James Fenimore Cooper
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maître qu’un second voyageur, surpris par l’orage, demandait aussi l’hospitalité pour cette nuit.
    Au premier coup frappé avec une sorte d’impatience par ce nouvel arrivant, M. Wharton s’était levé de sa chaise avec un malaise évident, et tournant les yeux avec rapidité tantôt vers la porte, tantôt sur son hôte, il semblait craindre que cette seconde visite n’eût quelque rapport à la première. À peine avait-il eu le temps d’ordonner au nègre d’une voix faible d’introduire ce nouvel étranger, que la porte s’ouvrit et que celui-ci se présenta lui-même. Il s’arrêta un instant en apercevant Harper, et répéta alors d’une manière plus formelle la demande qu’il avait déjà fait faire par le domestique. L’arrivée de ce nouveau venu ne plaisait nullement à M. Wharton ni à sa famille, mais le mauvais temps et l’incertitude des suites que pouvait avoir un refus d’hospitalité forcèrent le vieillard à l’accorder, quoiqu’à contre-cœur.
    Miss Peyton fit rapporter quelques plats qui avaient déjà été desservis, et le nouvel hôte fut invité à faire honneur aux restes d’un repas que les autres convives avaient déjà terminé. Se débarrassant d’une grande redingote, il prit fort tranquillement la chaise qu’on lui offrait, et se mit gravement à satisfaire un appétit qui ne semblait pas difficile ; mais entre chaque bouchée, il jetait un regard inquiet sur Harper, dont les yeux étaient toujours fixés sur lui avec une attention marquée. Enfin, versant un verre de vin et faisant un signe de tête à celui qui semblait occupé à l’examiner, il lui dit avec un sourire qui n’était pas sans amertume :
    – Je bois à une plus ample connaissance, Monsieur.
    La qualité du vin semblait être de son goût, car en remettant son verre sur la table, ses lèvres firent entendre un bruit qui retentit dans toute la chambre ; et prenant la bouteille, il la tint un instant entre lui et la lumière, contemplant en silence la liqueur claire et brillante qu’elle contenait.
    Je crois que nous ne nous sommes jamais vus, Monsieur, dit-il avec un léger sourire, tout en observant les mouvements du nouveau venu.
    – Cela est vraisemblable, Monsieur, répondit Harper. Et se trouvant sans doute satisfait de son examen il se tourna vers Sara Wharton près de laquelle il était assis, et lui dit avec beaucoup de douceur :
    – Après avoir été accoutumée aux plaisirs de la ville, vous devez sans doute trouver votre résidence actuelle bien solitaire !
    – On ne peut davantage. Je désire bien vivement, ainsi que mon père, que cette cruelle guerre se termine, afin que nous puissions rejoindre nos amis.
    – Et vous, miss Frances, désirez-vous la paix aussi ardemment que votre sœur ?
    – Bien certainement, et pour beaucoup de raisons, répondit elle en jetant un coup d’œil timide sur celui qui l’interrogeait ; et puisant un nouveau courage dans l’expression de bonté qu’elle vit sur sa physionomie, elle ajouta avec un sourire animé, plein d’intelligence et d’amabilité :
    – Mais je ne la désire pas aux dépens des droits de mes concitoyens.
    – Des droits ! répéta sa sœur avec un ton d’impatience ; quels droits peuvent être plus forts que ceux d’un souverain ? quel devoir peut être plus puissant que celui d’obéir à ceux qui ont le droit naturel de commander ?
    – Sans doute, sans doute, dit Frances en lui prenant la main d’un air enjoué ; se tournant ensuite vers Harper :
    – Je vous ai dit, Monsieur, ajouta-t-elle en souriant, que ma sœur et moi nous ne sommes pas toujours d’accord dans nos opinions politiques ; mais nous avons un arbitre impartial dans mon père, qui aime les Anglais et les Américains, et qui ne prend parti ni pour les uns ni pour les autres.
    – C’est la vérité, dit M. Wharton en jetant tour à tour un regard inquiet sur ses deux hôtes ; j’ai des amis bien chers dans les deux armées, et de quelque côté que se déclare la victoire, elle peut me coûter bien des larmes.
    – Je suppose que vous n’avez guère de raisons pour craindre qu’elle favorise les Yankees {9} , dit le nouveau venu en se versant avec beaucoup de sang-froid un autre verre de vin de la bouteille qu’il avait admirée.
    – Sa Majesté Britannique peut avoir des troupes plus expérimentées, dit M. Wharton avec un ton de réserve timorée ; mais les Américains ont obtenu de grands succès.
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