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Les valets du roi

Les valets du roi

Titel: Les valets du roi
Autoren: Mireille Calmel
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première leçon d’équitation et souffrait d’une cheville, conséquence d’une mauvaise chute. Elle était occupée à la masser, assise sur une chaise, lorsque son oncle fit son entrée.
    Mary se leva aussitôt, les pieds nus, et s’inclina en lui souhaitant la bienvenue. Tobias Read détourna la tête, marquant ostensiblement son mépris. Mary ne s’en vexa pas. Elle s’y était préparée depuis longtemps. Tandis que Jenny le débarrassait de son manteau, de sa canne d’apparat et de son chapeau, Mary se plaça en retrait pour l’examiner à sa guise.
    Il devait avoir trente-cinq ans tout au plus, portait un costume bien coupé qui lui affinait la taille et dessinait la belle carrure des épaules. L’homme était bien fait et d’agréable figure. L’œil était noir et vif, les cheveux de même, longs et bouclés à la façon des perruques portées à la cour. Malgré sa joliesse, pourtant, Mary ne perçut en lui que suffisance et orgueil.
    Jenny s’empressa de l’introduire dans le petit salon où lady Read lisait.
    — Mère, ma très chère mère, s’inclina-t-il pour seule effusion de tendresse.
    — Tobias, comme je suis heureuse de te voir, assura celle-ci en lui tendant sa main à baiser.
    Les laissant seuls, Jenny referma la porte du petit salon derrière elle et Mary se retrouva frustrée de ne pouvoir en entendre davantage.
    — Ne reste pas là, Mary Oliver, conseilla-t-elle à voix basse à l’enfant. Tu sais combien ta grand-mère déteste te voir rôder près d’elle lorsqu’elle reçoit. Quant à son fils, crois-moi, il est encore plus désagréable qu’il le paraît.
    Mary hocha la tête mais resta plantée dans le corridor tandis que Jenny s’éloignait. Celle-ci était de corvée de cuivre et ne devait pas traîner pour terminer avant de préparer le souper. Dès qu’elle fut seule, prenant le risque d’être découverte, Mary colla son oreille à la porte pour mieux entendre la conversation que l’épaisseur du bois étouffait. Elle brûlait de curiosité.
    — Je ne comprends pas comment vous avez pu accepter d’accueillir ce garçon ! s’indignait Tobias Read. Il est évident qu’il n’a rien de commun avec notre famille, pas davantage que sa mère !
    — Cet enfant possède un bon fond, Tobias, je l’ai pu vérifier. De plus, nous nous devons d’être miséricordieux en ce bas monde. N’en déplaise à votre orgueil, mon fils, je persiste à penser qu’un peu de clémence de notre part devant les inclinations de votre frère l’aurait empêché de s’obstiner à se déclarer marin pour subvenir aux besoins des siens. Il suffisait bien que votre père le déshérite.
    — Nous devions préserver le nom des Read, objecta Tobias. Oubliez-vous qui je suis, mère ? Le prestige de mes navires m’ouvre les portes de toutes les cours d’Europe, et vous prétendriez que je me laisse salir par le comportement indigne d’un morveux entiché d’une misérable gourgandine ? Je ne regrette rien. Sinon votre penchant religieux à vouloir toujours protéger la veuve et l’orphelin. Il vous honore, mère, mais vous rend incapable de mesurer les effets néfastes qu’il peut avoir sur votre entourage. Soyez certaine qu’à la moindre incartade de ce neveu que vous m’imposez je le ferai chasser sans remords. Ne serait-ce que pour préserver votre réputation.
    — Oliver mérite ma confiance, s’emporta lady Read, essoufflée, et qui que vous soyez, Tobias, vous n’en demeurez pas moins mon fils et me devez le respect.
    — Je vous prie de m’excuser, mère, s’adoucit Tobias. Laissons cela. Vous voilà en nage, et ce n’est pas bon pour votre cœur.
    Le heurtoir de la porte d’entrée se fit entendre, et Mary s’éclipsa, à regret. Jenny n’allait pas tarder à se précipiter pour ouvrir.
    Quelques minutes plus tard, le pasteur Reeves, venu pour la leçon de catéchisme de Mary, trouva celle-ci à sa table d’étude, le nez dans le passage de la Bible qu’il lui avait donné à étudier. Il l’en félicita, sans savoir qu’entre les lignes Mary cherchait davantage le moyen de se venger de Tobias Read que de pardonner.
    Elle ne raconta pas à Cecily cette rencontre désagréable, pour ne pas abîmer sa gaieté désormais retrouvée. Mais l’idée que le malheur de sa mère ait été dû à ces êtres attachés à la valeur de leur rang lui laissa la nausée. Longtemps.
     
    *
     
    S ept années durant, Mary souffrit du mépris de l’oncle
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