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Les pièges du désir

Les pièges du désir

Titel: Les pièges du désir
Autoren: Diane Gaston
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errer sur la salle. Si Tranville découvrit la présence de son ancienne maîtresse, il n’en montra rien. 
    Le rideau se leva et Nancy et Michael se rassirent. Si les yeux de la jeune fille étaient rivés sur la scène, ceux de sa mère s’égaraient du côté de la loge de Tranville. Jack contracta les mâchoires. 
    A cet instant, Edmund Kean entra en scène. 
    – Oh, mais il est vieux ! chuchota Nancy, déçue. 
    Le Roméo de Shakespeare était un très jeune homme, amoureux comme on peut seulement l’être à cet âge. Or la jeunesse de Kean était définitivement derrière lui. Cependant il offrait encore une silhouette impressionnante, tandis qu’il se déplaçait dans son costume de citadin de l’ancienne Vérone. Une démarche et des poses dramatiques que Jack aurait aimé capturer sur une toile. 
    Peindre des acteurs et des actrices pouvait mener un artiste à la notoriété, si l’on choisissait ses travaux pour orner affiches et magazines. Peut-être le théâtre lui fournirait-il une clientèle ? Celle des seconds rôles à défaut des premiers… Ou alors, il pourrait représenter telle ou telle scène. S’il était capable de peindre une bataille, il saurait bien rendre les mouvements des comédiens en pleine action… 
    L’idée fit son chemin dans son esprit. Son atelier était situé près de Covent Garden, ce qui conviendrait parfaitement aux acteurs. Et il pourrait se rendre aisément lui-même au théâtre. Il se mit à jauger le potentiel artistique de la scène qui se déroulait sous ses yeux. 
    Roméo annonça son intention d’assister au souper des Capulet. Puis il sortit et lady Capulet et la nourrice le remplacèrent, cherchant Juliette. Jack aurait voulu avoir un pinceau au bout des doigts. L’envie de croquer les deux femmes, qui discouraient en penchant la tête l’une vers l’autre, le démangeait littéralement. 
    – Regardez, maman, chuchota Nancy, c’est Daphné Blane qui interprète lady Capulet. L’actrice qui joue Juliette est sa fille naturelle, à ce qu’on dit. 
    Jack avait l’impression d’avoir déjà vu Daphné Blane quelque part. Cela n’avait rien d’étonnant, car c’était une beauté célèbre, dont les conquêtes étaient aussi légendaires que les prestations théâtrales. Il avait dû voir un portrait d’elle, voilà tout. La naissance de sa fille illégitime avait suscité un scandale en son temps, chacun se demandant qui était le père. Beaucoup de peintres avaient déjà fait son portrait. Pourquoi pas lui ? 
    Il en était là de ses réflexions, quand Juliette fit son entrée. 
    – Eh bien ? Qui m’appelle ? 
    – Votre mère, répondit la nourrice. 
    Juliette se tourna et fit face au public. 
    – Me voici, madame ! 
    Jack faillit bondir de son siège. 
    Ariana ! 
    Juliette était Ariana. Il était trop loin pour distinguer nettement ses traits ; mais elle avait la démarche d’Ariana, sa voix. Il l’avait retrouvée, alors qu’il désespérait de la revoir jamais ! 
    Il ne la quitta pas du regard tout le temps qu’elle demeura en scène. Ses doigts tapotaient le bras de son fauteuil, impatients de dessiner l’arc gracieux de son cou, les courbes sinueuses de son corps. 
    L’entracte fut une vraie torture pour lui. Il lui fallait agir comme si le monde ne venait pas tout à coup de basculer ! Lorsque le rideau retomba sur les salutations finales de la troupe, il resta assis, fixant le rideau. 
    Michael tendit la main à Mary Vernon pour l’aider à se lever et Jack vit sa mère couler un regard vers la loge de Tranville. 
    – N’était-ce pas splendide ? s’exclama Nancy, les mains pressées l’une contre l’autre. C’était si triste, bien sûr, mais si beau ! Tu ne trouves pas ? 
    Jack lui sourit distraitement. 
    – Tu as aimé ? 
    Les prunelles bleues de sa sœur scintillaient de plaisir. 
    – J’ai adoré ! assura-t–elle, tandis que Michael l’aidait à se draper dans sa cape. Sauf peut-être M. Kean… Ce n’était pas ainsi que je me représentais Roméo. 
    Michael pouffa. 
    – Vous ne l’avez pas trouvé assez romantique ? 
    – Pas assez jeune, plutôt, fit Nancy avec une moue. 
    Mary Vernon jeta un dernier regard par-dessus son épaule, comme ils se dirigeaient tous vers la porte. Jack lui posa une main sur le bras. 
    – Puis-je vous quitter ici, mère ? 
    Elle secoua la tête, l’esprit ailleurs. 
    – Excuse-moi, Jack. Tu
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