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Les pièges du désir

Les pièges du désir

Titel: Les pièges du désir
Autoren: Diane Gaston
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garçon ! 
    C’était l’argent de Tranville qui payait le loyer de l’appartement. Presque chaque penny que possédait sa mère venait de lui. Jusqu’ici, il avait tenu sa promesse de lui assurer le plus grand confort possible, ainsi qu’à ses enfants. C’était lui qui avait financé les études de Jack et acheté sa position dans l’armée. Jack s’était juré de lui rendre un jour cet argent jusqu’au dernier centime. 
    – Un atelier bien modeste, précisa-t–il. Juste une pièce pour peindre et une autre pour dormir. Mais la lumière y est abondante. 
    – Et l’adresse acceptable. 
    Ce n’était pas un quartier prestigieux, certes. Mais il attirait des habitants respectables, situé comme il était près de Covent Garden et Adelphi Buildings. 
    – J’aimerais le voir, dit sir Cecil. Et aussi rendre visite à votre mère. Je suis à Londres pour quelques semaines. Comme vous le savez, mon fils étudie l’architecture ici, à l’Académie. 
    – J’espère vous voir tous les deux, répondit Jack. 
    A cet instant, il repéra sa mère et sa sœur dans la foule. Toutes deux le cherchaient des yeux. 
    – Un instant, monsieur. Les voici justement. 
    Nancy l’aperçut enfin et agita la main avant de conduire leur mère vers lui. Sir Cecil les accueillit toutes deux avec chaleur et gentillesse. Après les salutations d’usage, Nancy se tourna vers son frère. 
    – Jack, si tu savais ! 
    Ses yeux pétillaient d’excitation. 
    – Je ne peux pas te dire combien de gens m’ont déjà demandé si c’était moi, la jeune fille du portrait. Je leur ai donné à tous l’adresse de ton atelier. 
    Sa mère haussa les sourcils. 
    – Hum… Certaines de ces questions frisaient l’impertinence. Je crains qu’elles n’aient été qu’un prétexte pour t’aborder, ma chérie. 
    Jack se raidit et promena un regard belliqueux autour de lui. 
    – Ne monte pas sur tes grands chevaux, frérot ! dit Nancy en riant. Personne ne m’a fait de mal. C’était de la simple curiosité de leur part, j’en suis certaine. 
    Jack n’en était pas si sûr. Il se faisait du souci pour Nancy depuis qu’elle était à Londres. Avec ses cheveux noirs, son teint clair et ses yeux d’un bleu céleste, elle avait de quoi faire tourner les têtes. Et il s’inquiétait encore plus pour son avenir. Quel homme de bien accepterait d’épouser la fille sans dot d’une femme entretenue ? 
    Il se renfrogna à cette pensée et sa mère dut lui toucher le bras pour attirer son attention. 
    – Je commence à me sentir fatiguée, je l’avoue. Comptes-tu rester encore longtemps ? 
    Jack regarda autour de lui. La foule commençait à se clairsemer. L’après-midi était avancé et beaucoup de visiteurs devaient s’apprêter à regagner leur maison de ville à Mayfair. Quelques-uns prendraient leur attelage pour aller faire un tour à Hyde Park ; c’était l’heure chic pour s’y montrer. 
    – Nous pouvons rentrer, si vous voulez, repartit Jack. 
    Il promena un ultime regard sur la salle, dans l’espoir d’apercevoir une dernière fois Ariana. 
    La chance le favorisa au moment où sir Cecil et lui escortaient sa mère et sa sœur vers la porte. La jeune femme et sa compagne déambulaient entre deux élégants gentlemen visiblement à leurs petits soins. Réprimant un pincement de jalousie, Jack concentra son attention sur le maintien d’Ariana et sa démarche gracieuse. Sa robe rose pâle ondoyait autour de ses jambes ; le châle bleu drapé autour de ses épaules bougeait à chaque mouvement de ses hanches. 
    Il continua à la suivre des yeux lorsqu’ils furent dans la cour. Il marchait à quelques mètres derrière elle, mais il aurait pu aussi bien se trouver à des kilomètres. Ariana et ses compagnons continuèrent jusqu’au Strand, où attendait une file d’attelages. Bientôt, il allait définitivement la perdre de vue. 
    Ce fut à cet instant qu’elle se retourna et l’aperçut. Son visage s’illumina et Jack en eut littéralement le souffle coupé. L’espace de quelques secondes, leurs regards communièrent, et il crut lire dans ses yeux le regret qui le rongeait lui-même. 
    L’un des gentilshommes qui accompagnaient Ariana la prit par le bras. 
    – Voici la voiture, ma chère ! fit-il d’un ton de propriétaire, sans s’apercevoir que Jack observait la scène. 
    Une dernière fois, elle se retourna vers lui et ses lèvres s’entrouvrirent sur un
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