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Les pièges du désir

Les pièges du désir

Titel: Les pièges du désir
Autoren: Diane Gaston
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Londres. 
    – Quelques-uns d’entre nous ont fait le déplacement pour voir Kean. Mais c’était trop court pour que je vous contacte, maman. Nous avons dû repartir aussitôt de peur de manquer nos propres répétitions. 
    – Votre mère m’a appris que vous étiez vous-même actrice, dit Arnold. 
    Ariana sourit, fataliste. 
    – Que pourrait faire d’autre la fille de Daphné Blane ? J’ai le théâtre dans le sang. C’est ma passion. 
    Il hocha la tête d’un air approbateur. 
    – Faites-vous partie d’une troupe ? 
    – La Compagnie Fisher, monsieur. 
    – Une très petite troupe, précisa Daphné avec condescendance. 
    M. Arnold n’en fut pas moins impressionné. 
    – Je connais M. Fisher, dit-il. 
    Quatre ans plus tôt, Ariana, qui venait d’avoir dix-huit ans, avait accepté d’enseigner la poésie à l’école St Edmund de Bury, où elle était pensionnaire depuis l’âge de neuf ans. C’était alors le seul moyen qu’elle ait de gagner sa vie. A cette époque-là, sa mère avait un nouveau protecteur, et n’aurait pas vu d’un bon œil son retour à la maison. 
    Tout avait changé quand la compagnie Fisher était arrivée en ville pour jouer au théâtre Royal. Ariana avait assisté à la représentation. Le lendemain même, elle avait fait ses bagages, quitté l’école et demandé une entrevue à M. Fisher, le suppliant de lui faire une petite place dans sa troupe. S’il avait accepté, c’était seulement parce qu’elle était la fille de la célèbre Daphné Blane. Ariana ne l’ignorait pas, mais cela lui était égal. Elle avait trouvé sa voie. 
    – Et dans quelles pièces avez-vous joué ? s’enquit M. Arnold. 
    – Beaucoup trop pour que j’en fasse le compte. Je fais partie de la troupe depuis quatre ans. 
    Avec la Compagnie Fisher, elle avait joué dans des granges et de petits théâtres de bourgades comme Wells-sur-Mer et Lowestoft, obtenant de meilleurs rôles au fur et à mesure qu’elle acquérait de l’expérience. 
    –  La Fragilité de l’Amour , La Conquérante , Les Rivaux , énuméra-t–elle. 
    Elle avait pris soin de mentionner Les Rivaux , sachant que son auteur, Richard Brinsley Sheridan, était l’actuel propriétaire du théâtre de Drury Lane. 
    – Des comédies de mœurs, commenta Daphné avec une moue. Et certains de ses rôles étaient très mineurs. 
    – J’ai tout de même joué Lucy dans Les Rivaux  ! protesta Ariana. 
    Pourquoi sa mère avait-elle insisté pour lui présenter Arnold, si c’était pour contrer toutes ses tentatives de l’impressionner ? 
    Arnold ignora l’intervention de Daphné. 
    – Dites-moi, mademoiselle, avez-vous déjà joué Shakespeare ? 
    – Ses pièces sont rarement à notre programme. J’ai tout de même interprété Hippolyta, dans Le Songe d’une Nuit d’Eté . Pourquoi cette question, monsieur ? 
    M. Arnold se pencha vers elle avec un air de conspirateur. 
    – J’envisage de monter Roméo et Juliette , afin de mettre à profit le phénoménal succès de Kean. Si je trouve les moyens financiers, évidemment… 
    Daphné posa une main sur son bras. 
    – Kean acceptera-t–il d’y jouer ? 
    Arnold lui tapota la main. 
    – On l’en priera, soyez sans crainte. Mais même s’il ne peut pas, réunir sur scène la grande Daphné Blane et sa fille devrait nous attirer tout autant de spectateurs. 
    Daphné rayonna sous le compliment. 
    – Quelle perspective excitante ! 
    Arnold hocha la tête. 
    – Passez toutes les deux au théâtre demain, nous en discuterons. 
    – Nous n’y manquerons pas, assura Daphné. 
    Le directeur s’inclina. 
    – Si vous voulez m’excuser… 
    Ariana le regarda s’éloigner, le cœur battant à se rompre. La perspective de jouer au théâtre de Drury Lane et de donner la réplique à Edmund Kean avait de quoi la rendre fébrile ! 
    ***
    Jack déambulait encore dans la salle, feignant d’admirer les tableaux. En réalité, il espérait tomber de nouveau sur Ariana. Mais pourrait-il l’approcher ? Et dans l’affirmative, que lui dirait-il ? Je suis l’artiste dont vous avez admiré le travail. Il voulait tellement qu’elle sache… 
    Les démons de la guerre ressuscitèrent en lui tandis qu’il errait dans la foule. Il s’obligea à écouter les commentaires des visiteurs sur les tableaux, mais ce n’était pas une distraction suffisante. Il avait besoin de revoir Ariana. 
    Il achevait
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