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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts
Autoren: Norman Mailer
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péter leurs sales têtes de con aux civilots.
    Goldstein . – Oh ! je me vois quand j’arrive. Je débarquerai tôt le matin, et je prendrai un taxi au Grand Central et je roulerai jusqu’à chez moi dans le Flatbush, puis je monterai l’escalier et je sonnerai, et Natalie se demandera qui est-ce qui sonne, et puis elle viendra, et puis elle ouvrira la porte… Je ne sais pas. C’est si loin encore.
    Martinez . – San Antonio, voir famille peut-être. Se promener, jolies Mexicaines à San Antonio, grande liasse dollars, rubans, aller église, tuer trop nom de Dieu Japonais. Sais pas, se rengager, foutue armée pas bon, mais bon quand même. Bonne paie.
    Minetta . – Toutes les fois que je verrai un de ces salauds d’officiers en uniforme je lui dirai « Bourrique », à tous tant qu’ils sont, en plein Broadway, et je dénoncerai leur salope d’armée.
    Croft . – Gaspillage de salive tout ça. La guerre durera encore un bon bout de temps.
    QUATRIÈME PARTIE VEILLÉE MORTUAIRE

    Les opérations de nettoyage furent éminemment réussies. Une semaine après la prise de la Ligne Toyaku les restes de la garnison japonaise à Anopopéi se trouvèrent réduits en cent puis en mille petits segments. Leur organisation se désagrégea complètement ; des bataillons furent isolés, puis des compagnies, et finalement des sections et des escouades et des groupuscules de cinq et de trois et de deux hommes se disséminèrent dans la jungle, essayant d’échapper à l’avalanche des patrouilles américaine ! « . Leurs pertes, vers la fin de la campagne, devinrent fantastiques. Le cinquième jour deux-cent-soixante-dix Japonais furent tués, contre deux Américains ; le huitième jour, le plus fécond de la campagne, huit cent vingt et un Japonais furent tués et neuf capturés, contre la perte de trois vies américaines. Concis et. modestes, pas tout à l’ait inexacts, les communiqués se suivaient avec une monotone régularité.
    « Le général MacArthur a annoncé aujourd’hui la fin de la bataille d’Anopopéi. Les opérations de nettoyage continuent. »
    « Les troupes américaines sous le commandement du général de brigade Edward Cummings annoncent aujourd’hui la capture de cinq places fortes et de grands dépôts de vivres et de munitions ennemis. Les opérations de nettoyage se poursuivent. »
    D’étonnants rapports continuaient d’affluer sur le bureau de Cummings. L’interrogatoire des rares prisonniers révéla que depuis plus d’un mois les troupes japonaises avaient subsisté sur des demi-rations, et que vers la fin les vivres firent presque entièrement défaut. Cinq semaines plus tôt l’artillerie avait détruit un dépôt de ravitaillement japonais, et personne n’en sut rien. Leurs ressources médicales étaient épuisées, et depuis six ou huit semaines des parties de la Ligne Toyaku se trouvaient en plein délabrement. On découvrit, en plus, qu’une semaine avant le commencement de la dernière offensive les Japonais avaient presque entièrement épuisé leurs réserves de munitions.
    Cummings repassa en revue de vieux rapports de patrouille, relut nombre de relations quant à l’activité de l’ennemi au cours des derniers mois. Il avait même remâché les piteuses trouvailles du Deuxième Bureau. Pas le moindre soupçon, dans tout cela, de la situation réelle des Japonais. Il avait déduit de ces rapports la seule hypothèse possible – à savoir que les Japonais étaient encore en force. Cette leçon, la plus puissante qu’il eût jamais tirée d’une campagne, l’agaçait et l’inquiétait. A ce jour, encore qu’ayant fait relativement peu de cas des informations contenues dans les rapports de patrouille, il leur avait néanmoins prêté quelque attention. Or, tout cela s’était révélé de nulle valeur.
    Il se ressentait encore du choc que lui infligea la victoire du commandant Dalleson. Laisser ses premières lignes par un beau et calme matin et revenir le lendemain pour trouver que la campagne est virtuellement finie ressemblait un peu à l’ébahissement de celui qui, regagnant son chez soi, trouve sa maison partie en fumée. Certes, il avait conduit les opérations de nettoyage avec brio. Apres que les Japonais eurent reçu le coup d’assommoir aucune chance ne leur fut laissée de se regrouper, mais c’était là un maigre triomphe – le sauvetage de quelques débris d’ameublement. Il enrageait en secret que la maladresse de Dalleson eût
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