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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts
Autoren: Norman Mailer
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coordination, agissent au gré de leurs impulsions contradictoires. Il prenait de l’âge et il risquait de manquer son heure. Quand la guerre avec la Russie sera venue il ne sera pas assez haut placé, il ne sera pas assez près des gens au pouvoir pour faire la grande enjambée, le grand saut. Peut-être serait-il plus intelligent, la guerre finie, de se mettre sur les rangs pour tâter des Affaires Etrangères. Son beau-frère ne lui ferait certainement pas du tort de ce côté-là.
    Peu d’Américains comprendront les contradictions de la période à venir. La route du pouvoir sera le plus avantageusement camouflée sous les auspices d’un conservatisme libéral. Les réactionnaires et les isolationnistes rateront leur coup, et ils causeront presque autant d’ennuis qu’ils occuperont de place, Il haussa les épaules. S’il avait une autre opportunité, il saurait mieux s’y prendre. Quelle frustration ! Savoir tant de choses, et être lié pieds et poings.
    Pour se soustraire à sa tension nerveuse, il s’appliqua jusqu’au moindre détail aux opérations de nettoyage.
    Sixième Jour : 347 Japonais – l’Américain Neuvième Jour : 502 Japonais – 4 Américains
    Les patrouilles s’infiltraient le long des pistes derrière les lignes japonaises. Elles battaient, en grand nombre, les passages du labyrinthe, elles taillaient à même la jungle pour débusquer des survivants qui auraient pu se faufiler sur les brisées des bêtes. De l’aube au soir les patrouilles parcouraient la jungle – toujours avec la même mission.
    C’était tout simple, une rigolade. Apres des mois passés à monter la garde de nuit, à patrouiller sur des pistes où l’on risquait à tout moment de tomber dans une embuscade, les opérations de nettoyage n’avaient rien de désagréable. C’était presque excitant. Les tueries perdirent toute proportion, elles les importunaient moins que de trouver des fourmis dans leur litière.
    Certaines choses relevaient de la routine. Au cours des dernières semaines de la campagne les Japonais avaient installé quantité d’hôpitaux volants, et, dans leur retraite, ils achevèrent nombre de leurs blessés. Les Américains finissaient la besogne en écrasant la tête des survivants à coups de crosse ou en les criblant de balles à bout portant.
    Mais il y avait d’autres façons de faire, plus personnelles. Un jour, à l’aube, une patrouille découvrit quatre Japonais endormis sur une piste à l’abri de leurs toiles imperméables. L’homme en tête de colonne tomba en arrêt, ramassa quelques cailloux et les lança en l’air. Les cailloux retombèrent avec un léger crépitement de grêle sur l’un des soldats. Il se réveilla avec lenteur, s’étira sous sa toile, bâilla, grogna un peu, s’éclaircit la gorge, émettant toute la gamme de sons inarticulés de celui que l’on tire de son sommeil au petit matin, puis il sortit la tête de sous sa toile. L’Américain patienta jusqu’à ce que le Japonais l’aperçût, sur quoi, le voyant sur le point de pousser un cri, il lui envoya une volée de balles de mitraillette dans le corps. Ensuite, pointant son arme vers le centre de la piste, il piqua une série de trous bien nets à travers les toiles imperméables. Un seul (les Japonais était encore en vie, dont les jambes, dépassant la toile, gigotaient du dernier sursaut convulsif ae l’animal qui expire. Un des soldats s’avança, fouilla avec le canon de son fusil sous la toile, repéra la tête du blessé, et pressa la détente.
    Il y avait d’autres variantes.
    Il leur arrivait parfois de faire des prisonniers, mais si le jour tirait à sa fin et si la patrouille avait hâte de rentrer avant la nuit, il était préférable que les prisonniers fissent diligence. Une escouade, à qui-il arriva de faire trois prisonniers tard dans l’après midi, se trouva gravement retardée par ses captifs. Un des prisonniers était si malade qu’il marchait à peine, et un autre, un grand bonhomme morose, cherchait une occasion de s’échapper. Les testicules du troisième étaient monstrueusement enflés, et si douloureux qu’il dut découper l’entrejambe de son pantalon – tel celui qui fend sa chaussure pour faire place à son orteil afflige d’un oignon. Il s’avançait pathétiquement, clopin-clopant, soutenant ses testicules et gémissant de douleur.
    Le chef de la patrouille consulta finalement sa -montre et soupira. « Va falloir qu’on les débarque »,
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