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Les Nus et les Morts

Titel: Les Nus et les Morts
Autoren: Norman Mailer
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pas dix Japonais dans le bled.
    – Que… oi ?
    – Oui. On a pris leur dépôt de ravitaillement. On les égorge. J’ai vu moi-même la Ligne Toyaku hier. Ils avaient des nids de mitrailleuse en béton armé. Des lance-flammes. Tout le sacré bataclan. »
    Polack jura. « Tout le truc est fini, hein ?
    – A peu près.
    – Et nous on s’est cassé le cul pour rien ? »
    Le pilote grimaça un sourire, « Haute stratégie ? »
    Polack redescendit sur le pont et colporta la nouvelle. Cela leur sembla parfaitement raisonnable. Ils rirent avidement et se recouchèrent sur leur bat-flanc. Mais bientôt ils se rendirent compte que si la campagne était terminée, c’en était fini de patrouiller pour plusieurs mois au moins. Cela les déconcerta, les irrita, au point qu’ils ne surent plus si la nouvelle leur plaisait ou non.
    Leur dernière patrouille aurait dû y compter pour quelque chose. La fatigue aidant, leur incertitude les plongea dans un état d’hilarité proche de l’hystérie.
    « Hé, tu sais, piailla Wyman, avant qu’on est parti j’ai entendu dire qu’on va envoyer la division en Australie pour nous changer en police militaire.
    – Oui, police militaire. » Ils en riaient à pleine gorge. « Wyman, ils nous renvoient chez nous.
    – Reconnaissance sera la garde personnelle du général.
    – MacArthur nous fera construire une autre maison pour lui à l’île de Holandia
    – On sera des gonzesses de la Croix-Rouge, criait Polack.
    – Ils mettent la division à faire des pluches jusqu’à la fin de la guerre. »
    Tout, en eux, était sens dessus dessous. L’embarcation, presque silencieuse jusqu’alors, trépignait de leurs rires, eurs voix, rauques, hilares, rageuses, portaient loin sur l’eau. Tout mot provoquait de nouveaux spasmes d’hilarité. Même Croft s’y vit mêlé.
    « Hé, sergent, ça me fait mal de te laisser tomber, mais je vas être cuistot.
    – Aaah, foutez-moi le camp d’ici, z’êtes qu’un tas de nom de Dieu de femelles », débita Croft d’une voix traînante.
    Ça leur parut plus drôle que tout le reste. Ils se retenaient aux montants de leurs couchettes à force de rire. « Sergent, est ce que je dois foutre le camp tout de suite ? beugla Polack. C’est que ça fait beaucoup d’eau dehors. » Sa sortie les traversa comme une confuse succession de vaguelettes qui jaillissent d’un rocher, pour être aussitôt brouillées pas d’autres vaguelettes jaillies d’un autre rocher. Toutes les fois que l’un d’eux ouvrait la bouche ils partaient d’un rire sauvage, hystérique, proche des larmes. Le canot en gigotait.
    Cela s’apaisa lentement, perça de nouveau à plusieurs reprises comme une flammèche de sous la cendre, et finalement s’éteignit. Ils se turent, épuisés, frottant leurs yeux larmoyants, bien aises de sentir les muscles ce leurs joues se détendre, le mal de rire se calmer dans leurs côtes, pour se retrouver en fin de compte sous le plat et vaste abattement qui accablait toute chose.
    Polack essaya de les ranimer en chantant, mais quelques-uns seulement joignirent leur voix à la sienne.
    Roule-moi Dans l’herbe.
    Roule-moi,
    Couche-moi,
    Et refais-le me le fais.
    La demie passée trois Je l’avais sur mes genoux. Couche-moi, Roule-moi, Refais-le me le fais. Roule-moi dans l’herbe…
    Leurs voix résonnaient faiblement, emportées par le clapotement placide de la mer, assourdies par les explosions du moteur.
    La demie passée quatre
    Je l’avais sur le plancher..
    Roule-moi,
    Couche-moi,
    Refais-le me le fais.
    Croft quitta sa couchette et se pencha sur la lisse, regardant l’eau d’un œil maussade. Ignorant la date de la victoire, il présumait faussement qu’elle tombait le jour de son échec sur la montagne. S’ils avaient réussi dans leur tentative, l’issue de la campagne eût été portée à leur crédit. C’était l’évidence même. Il en avait l’amère certitude. Ses mâchoires frémissaient tandis qu’il crachait à la mer.
    La demie passée cinq On s’est fait des mamours…
    Debout près du gouvernail, Polack et Red et Minetta chantaient comme s’ils sonnaient la cloche. Toutes les fois qu’ils s’interrompaient Polack soufflait dans ses joues, faisant ouaah-ouaaaah, comme une trompette quand on y met la sourdine. Peu à peu les autres s’y laissèrent prendre. « Où est Wilson ? » cria quelqu’un. Tous se turent pour un moment. Ils avaient entendu la nouvelle, mais
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