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Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Titel: Les "Larmes" De Marie-Antoinette
Autoren: Juliette Benzoni
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revenus dans la pièce qui avait été la bibliothèque, et sur les murs provisoirement tendus de soie quelques billets écrits de sa main et encadrés d’or voisinaient avec trois aquarelles peintes par elle. Dans les vitrines des éventails, des flacons, des mouchoirs et un objet très émouvant, le livre supportant les échantillons de tissus de toutes ses robes, ce registre qu’elle avait mille fois feuilleté et qu’apportait chaque matin la dame d’atour. D’habiles ouvrières avaient réussi à reconstituer, à partir de ce livre, deux des toilettes de la Reine exposées sur des mannequins avec des gants brodés et des souliers de satin. Des jouets d’enfants et des timbales évoquaient la mère. Des miroirs, des brosses, des peignes, des flacons et de petits pots de Sèvres, de vermeil ou d’argent, la femme coquette, et plus loin un nécessaire de voyage qui n’avait guère servi puisque, au contraire de toutes les reines de France, Marie-Antoinette n’avait jamais quitté Versailles ni surtout Trianon.
    Laissant la foule piétiner sur les pas du conservateur qui lui délivrait une conférence itinérante et Vauxbrun, complètement détaché du sujet, se consacrer à Léonora, Aldo rejoignit l’appartement de la Reine par le chemin qui lui avait permis, tout à l’heure, d’éviter la cohue. Il se composait de trois « petites » pièces entresolées où chacune des précieuses vitrines avait été disposée. Il n’y restait que peu de meubles. Encore les avait-on retirés au bénéfice de torchères dont les lumières mettaient les joyaux en valeur. Une vitrine par salon permettait une circulation réduite sans doute mais assurant une meilleure surveillance.
    C’était surtout le boudoir de Marie-Antoinette qui attirait Aldo. Là étaient les bijoux les plus précieux et il voulait examiner d’aussi près que possible la « larme » de diamant que l’on y avait installée auprès de ses girandoles et des bracelets de son beau-père.
    Arrivé la veille seulement de Venise, il avait eu juste le temps de remettre l’écrin au prince de Polignac, membre illustre du Comité et compositeur mondain descendu pour une fois de ses rêves musicaux. Il était chargé de recevoir les dépôts en présence de policiers armés. Visiblement dépassé par une responsabilité due au fait qu’il était le chef de nom et d’armes d’une famille que Marie-Antoinette avait portée au pinacle, il assumait là une corvée évidente dont il avait hâte de se débarrasser. Morosini, qui avait compté sur la présence du fameux joaillier Chaumet chargé de l’organisation des vitrines ou d’un de ses représentants, n’avait donc pu visiter comme il le souhaitait. Aussi espérait-il disposer d’un temps appréciable avant de voir arriver les invités.
    Ainsi qu’il le pensait, le boudoir était vide à l’exception des deux policiers, en perruque poudrée, qui montaient la garde. C’était l’endroit le mieux protégé du château grâce à un caprice de la Reine : en choisissant l’ancienne « pièce du café » de Louis XV et pour qu’il devienne son refuge intime, elle avait fait installer un système de miroirs sortant du parquet pour venir obturer les fenêtres, s’assurant de la sorte une tranquillité absolue puisqu’il n’était plus possible de voir quoi que ce soit depuis les jardins. On avait réussi à remettre en marche le mécanisme et le boudoir isolé devait son éclairage à la seule lumière électrique.
    En y pénétrant, Aldo se crut le jouet d’un rêve : la Reine était là ! En grand habit de satin et dentelles, blanches comme le piquet de plumes d’autruche fixé par une agrafe de diamants dans sa haute coiffure poudrée, un éventail à la main, elle semblait fascinée par le scintillement des pierres sur leur lit de velours noir. Cette femme était élancée, mince, imposante et gracieuse à la fois et Morosini la salua d’un mouvement irréfléchi :
    — Votre Majesté !
    « Marie-Antoinette » sursauta, se retourna et sourit :
    — Dieu, que vous m’avez fait peur !
    — Vous m’en voyez désolé, madame mais je pourrais presque vous en dire autant. L’illusion est parfaite…
    Quand elle s’était retournée, en effet, il avait reconnu ce visage dont il avait pu voir nombre de photographies : celui de la comédienne Marcelle Chantal qui venait d’incarner la souveraine quelques mois plus tôt dans l’un des deux premiers films parlants tournés
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