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Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Titel: Les "Larmes" De Marie-Antoinette
Autoren: Juliette Benzoni
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s’envoler vers son palais vénitien où, un mois plus tôt, sa Lisa avait donné le jour à un petit Marco avec une facilité confondante : à peine une demi-heure de douleurs et l’enfant était là, déjà potelé, braillant et gigotant sous une crête de cheveux roux laissant espérer une ressemblance avec sa mère au contraire des aînés, Antonio et Amelia, les jumeaux, bruns comme des châtaignes et résolument Morosini. Il était si mignon que tout le monde entra en extase. Aldo le premier quand la main minuscule du bébé se referma autour de son index et s’y cramponna.
    Mais le miracle, ce fut la soudaine sagesse des jumeaux habitués depuis qu’ils se tenaient debout à emplir le palais paternel de leurs galopades, de leurs jeux, de leurs cris, de leurs initiatives pas toujours appréciées et, depuis qu’ils savaient parler, de leurs joutes oratoires. À quatre ans, ils constituaient la paire la mieux soudée et la plus inventive de tout le pays, sinon de l’Europe entière. Or, le jour où la chambre de leur mère se referma sur les mystères de l’enfantement, ils se calmèrent net : plus de vacarme ! Ils ne se déplacèrent plus que sur la pointe des pieds et, une fois mis en présence du bébé, ils l’observèrent gravement, après quoi Antonio déclara :
    — Je vais bien m’en occuper ! C’est moi l’aîné.
    Indignée, Amelia protesta aussitôt :
    — Je suis autant l’aînée que toi !
    — Non, parce que moi je suis un garçon !
    L’incident diplomatique fut évité de justesse par Aldo. Patiemment il leur expliqua que s’ils étaient en effet égaux sur le plan de la primogéniture, leurs rôles différaient : protection pour Antonio et soins attentifs pour Amelia.
    — En fait, conclut-il après un quart d’heure de palabres, vous devez être auprès du bébé ce que nous sommes Maman et moi. En plus petit, bien sûr, mais il importe avant tout que vous vous entendiez. Au moins sur ce plan-là, conclut-il dans un silence qu’il n’osa pas interpréter sur le moment mais qui par la suite le rassura. En revanche, ce fut au tour de sa femme de l’inquiéter. Jusque-là, Lisa s’était montrée une excellente mère, attentive et tendre juste ce qu’il fallait et sans jamais tomber dans l’excès. Or, en l’honneur du nouveau venu, elle y plongea jusqu’au cou. D’abord elle tint à l’allaiter – ce qui n’avait pas été possible pour les jumeaux ! – et à la sourde inquiétude d’Aldo. Toujours très amoureux de Lisa, il ne put s’empêcher de craindre égoïstement que les seins ravissants de sa femme eussent à pâtir des assauts répétés de ce jeune goinfre. Mais il n’osa rien dire tant le regard violet s’illuminait quand l’un des mamelons roses disparaissait dans la petite bouche avide. L’époux frustré préférait alors rejoindre son cabinet de travail avec l’impression qu’on lui volait quelque chose.
    Et naturellement, quand vint le moment de partir pour Paris, Lisa refusa carrément d’accompagner son mari :
    — Tu dois comprendre que je ne peux pas quitter Marco et qu’il est trop petit pour un long voyage en train !
    — Nous autres Morosini sommes habitués à nous lancer sur les routes de l’aventure dès que nous ouvrons un œil ! ronchonna Aldo. Une bonne pinte de lait et vogue la galère !
    Lisa se mit à rire :
    — Tu n’exagères pas un peu ?
    — À peine ! Mais toi aussi essaie d’observer qu’il ne s’agit pas de l’embarquer dans un wagon à bestiaux mais dans l’Orient-Express.
    — Je sais mais, de mon côté, le plus petit incident pourrait tarir mon lait ! Et Bébé en a besoin…
    — Ce que tu peux être Suissesse quand tu t’y mets ! soupira Aldo déçu.
    — Y verrais-tu un inconvénient ? répliqua Lisa, l’œil orageux.
    — Tu sais bien que non mais cette exposition est une sorte de réunion familiale : outre Tante Amélie et Angelina, qui seraient tellement heureuses de voir le cher trésor, ton père a pratiquement promis de venir et il n’est pas exclu que ta grand-mère se lance elle aussi ! Alors, c’est toujours non ?
    — C’est toujours non. Je crains que Marco soit fragile…
    — Huit livres à la naissance, ça ne te suffît pas ?
    — Si… mais quelque chose me dit qu’il vaut mieux rester ici. Père et Grand-Maman pourront venir nous voir en rentrant chez eux !
    — Passe encore pour la chère vieille dame mais en ce qui concerne Moritz je n’ai
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