Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Titel: Les "Larmes" De Marie-Antoinette
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
REINE »
    Cela promettait d’être une réussite !
    À voir l’importance de la foule qui assiégeait le bel escalier intérieur du Petit Trianon en agitant ses cartes d’invitation, on pouvait légitimement se demander si lesdits cartons n’avaient pas fait des petits par la grâce de cette alchimie sournoise qu’avaient appris à redouter tous les organisateurs de grandes manifestations artistico-mondaines.
    — Combien, au juste, avons-nous envoyé d’invitations ? demanda plaintivement M me  de La Begassière qui assurait la présidence de l’exposition « Magie d’une reine » avec, sous ses ordres quelques demoiselles bien nées dont l’âge garantissait le sérieux et préservait de toute tentation frivole. Parmi elles brillait Marie-Angéline du Plan-Crépin, obligeamment prêtée pour la circonstance par la marquise de Sommières auprès de qui elle assumait d’habitude les fonctions de lectrice, demoiselle de compagnie aux talents multiples, âme damnée, cousine et inépuisable source de renseignements glanés, en général, à la messe de six heures à l’église Saint-Augustin. Ce fut elle qui répondit :
    — Trois cent vingt-huit exactement, plus les ambassadeurs susceptibles d’être intéressés : environ une douzaine…
    — … parmi lesquels vous n’avez pas inclus, j’imagine, la Mongolie-Extérieure ? émit venue de nulle part une voix moqueuse aussitôt identifiée par les deux femmes avec des réactions différentes : M me  de La Begassière devint rose vif et Marie-Angéline eut un hoquet en fronçant son nez pointu. Ce qui n’avait rien d’étonnant.
    Où qu’il aille, Aldo Morosini attirait le regard féminin et la curiosité – pas toujours malveillante d’ailleurs ! – des hommes. Prince vénitien ruiné par la Grande Guerre, il s’était reconverti en antiquaire et avait fait du rez-de-chaussée de son palais sur le Grand Canal un magasin devenu le pôle d’attraction de tous les amateurs éclairés ou non ainsi que des snobs des deux continents. Cela tenait surtout à la spécialité où il excellait : les joyaux anciens, célèbres de préférence, et surtout les pierres rares. Il était devenu, en même temps que collectionneur, un expert reconnu des deux côtés de l’Atlantique. S’y ajoutait son charme personnel : à près de cinquante ans, la légère argenture des tempes adoucissant ses épais cheveux bruns et son masque bronzé à l’ossature arrogante, au sourire désinvolte souvent teinté d’ironie, en accord avec des yeux clairs volontiers moqueurs, il promenait à travers le monde une longue silhouette racée, habillée à Londres, dont la pratique des sports entretenait la minceur. Enfin – et au grand chagrin de ses nombreuses admiratrices -, c’était un homme marié et déplorablement fidèle à sa belle épouse Lisa. Ce qui ne voulait pas dire qu’elles s’en trouvaient découragées.
    Ce n’était pas le cas de Marie-Angéline du Plan-Crépin. Pour avoir couru avec lui plusieurs aventures passionnantes, elle lui vouait une admiration sans bornes et une affection toute fraternelle dont Lisa avait sa part.
    — Comment vous trouvez-vous ici, Aldo ? s’écria-t-elle revenue de sa surprise. Je vous croyais dans le salon de compagnie ?
    — J’y étais mais j’en suis revenu par l’appartement de la Reine et l’escalier de service. Quant à l’ambassadeur en question, je vous jure qu’il est bien présent. Non seulement il ressemble à Gengis Khan mais il sent bon le cheval et l’encens, ce qui lui assure une certaine liberté de mouvement. Je suis allé le saluer avec courage en le remerciant de son intérêt pour la reine Marie-Antoinette. Alors m’effleurant de son œil oblique, il a lâché par le truchement de son secrétaire :
    — Connais pas !
    — Dans ce cas, pourquoi une si honorable visite ?
    — Joyaux ! Magnifiques joyaux ! a-t-il fait entendre tandis que son œil encore plus oblique louchait sur les vitrines où sont les bijoux. Une reine a toujours beaucoup !…
    Un bref mais profond silence suivit tandis que les deux femmes échangeaient un regard horrifié que Morosini traduisit sans peine :
    — Rassurez-vous, elles sont solides puisque les verres sont doublés d’un treillage d’acier. Ce qui me tourmente le plus, c’est l’affluence : ces malheureuses qui « contrôlent » les invitations à l’entrée sont débordées. Un gros malin a dû réussir à copier les
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher