Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Titel: Les "Larmes" De Marie-Antoinette
Autoren: Juliette Benzoni
Vom Netzwerk:
Pour lui, c’était son dernier jour avant son retour à Venise et, en dépit de la présence cordiale d’Elsie Mendl et de son humour, il se sentait seul. Tante Amélie qui se préparait à partir pour sa cure à Vichy avait décliné l’invitation – trop fatigant pour son âge ! Plan-Crépin était restée auprès d’elle. Quant à Adalbert, il devait voltiger dans l’assistance auprès des plus jolies femmes.
    Soudain, il eut l’impression que quelque chose se passait. Le bruit des conversations s’apaisait ; tous les regards se dirigeaient vers l’entrée ; Elsie articula un « oh ! » admiratif. Gilles se figea, murmura un mot à l’oreille de Pauline et se précipita à la rencontre de celle qui venait d’entrer et se tenait debout, au seuil, comme une reine contemplant sa cour. Sa tête couronnée d’or fauve, ses belles épaules et ses mains émergeant seules d’une fantastique robe à traîne de chantilly noire qui faisait chanter sa peau, sans un bijou autre que la grosse émeraude de son annulaire, l’apparition jouait négligemment d’un grand éventail de même dentelle que sa robe. Des chuchotements admiratifs couraient. Lady Mendl murmura :
    — Dieu, qu’elle est belle ! Qui est-ce ?
    — Ma femme ! Voulez-vous m’excuser un instant ?
    Avant même que Vauxbrun l’eût rejointe, Aldo était près d’elle.
    — Sacrée Lisa ! pensait-il amusé. Pour une entrée, c’est une entrée !
    Luttant contre l’envie de l’étreindre devant cette assemblée, il se contenta de prendre sa main pour en baiser la paume dans un geste tendre qui lui était familier.
    — Enfin toi ! exhala-t-il. Tu viens me chercher ?
    Elle lui dédia un sourire impertinent :
    — Ma foi non ! La Grande Semaine de Paris commence et je viens seulement passer quelques jours. J’ai laissé les enfants chez Grand-Mère.
    — Tous ?
    — Ne dirait-on pas que nous en avons une ribambelle ? fit-elle en riant. Oui tous… sauf un : toi ! On ne peut pas te laisser seul cinq minutes sans que tu déchaînes des cyclones. Cela dit, rentre si tu veux : moi je veux m’amuser ! Et puis écarte-toi, s’il te plaît, que je puisse embrasser Gilles. Pardonnez-moi d’arriver à l’improviste, cher ami, ajouta-t-elle en se tournant vers l’antiquaire, mais j’avais envie de vous revoir et, surtout, je tenais à faire la connaissance de Mrs Belmont. Il en est temps, je crois, conclut-elle avec un sourire moqueur à l’adresse de son époux.
    Au bras de Vauxbrun, elle s’avança vers Pauline.
    — Doux Jésus ! souffla Adalbert qui se matérialisait au côté de son ami. Je me demande s’il ne va pas y avoir des étincelles ? Quand un diamant en rencontre un autre…
    — Tu confonds avec le silex, mon bon, et ce sont de nobles dames.
    En dépit de son assurance il n’était pas tranquille. Les deux femmes, le sourire aux lèvres, échangeaient des paroles qu’il n’entendait pas. Et, soudain, il eut la surprise de les voir s’embrasser.
    — Ça alors ! lâcha Adalbert. Décidément, j’ai de plus en plus de mal à connaître le sexe qu’on dit faible !
    — Ce qui veut dire que tu commences à vieillir… que nous commençons à vieillir, corrigea Aldo avec une grimace. Parce que si tu veux le fond de ma pensée, je suis exactement comme toi…
    Et il se hâta d’allumer une autre cigarette…
     
    Saint-Mandé, décembre 2005.
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher