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Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Titel: Les "Larmes" De Marie-Antoinette
Autoren: Juliette Benzoni
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affronter de nouveau les fantômes noirs qui s’octroyaient le droit de le mettre en jugement. Ce ne fut pas le cas… On l’introduisit dans ce qui avait dû être une salle commune pourvue d’une longue table et de chaises de paille. Du feu était allumé dans le vieil âtre et, debout devant, un homme masqué y faisait brûler des papiers. Il y avait ici et là des sacs, même deux valises, et cela sentait le départ. Aldo n’eut pas le loisir de se demander ce que ces préparatifs signifiaient pour lui. On le lia sur une chaise et pendant cette opération on amena Caroline qui subit le même sort. Elle semblait ne rien comprendre à ce qui lui arrivait mais elle avait très peur : le regard qu’elle tourna vers Aldo était affolé :
    — Que va-t-on faire de nous ?
    — Je ne sais pas mais ce préambule n’est guère rassurant.
    Il ne dura guère. On entendit, à l’extérieur, la voix de Sylvain Delaunay qui se rapprochait en donnant des ordres puis la porte s’ouvrit et il fut dans la pièce. Cette fois il ne portait pas sa défroque noire mais un costume de voyage en whipcord d’une coupe parfaite et quand il apparut dans la lumière tremblante des chandelles qui éclairaient la scène, Caroline s’écria :
    — Sylvain ? Que signifie… ?
    Avec un synchronisme parfait, Aldo lâchait :
    — Comment ? C’est vous ?
    Il venait en effet de reconnaître Frédéric Baldwin, le secrétaire de Quentin Crawford. Et n’en fut qu’à peine surpris :
    — Je me doutais bien, jeta-t-il avec mépris, que l’Écossais n’avait pas les mains nettes et qu’il devait convoiter les joyaux de la Reine ! Ainsi c’est lui qui a tout manigancé, à commencer par cette exposition en forme de piège ! Je savais qu’entre collectionneurs on employait parfois des méthodes douteuses mais à ce point, jamais ! Votre patron a fait très fort !
    Le jeune homme éclata de rire, d’un rire où retentissaient les trompettes du triomphe :
    — Mon patron ? Vous plaisantez ? Ce brave homme n’a été qu’un instrument jusqu’à ce qu’il devienne ma victime, lui aussi.
    — Votre victime ? Vous l’avez tué ?
    — J’en suis convaincu. À cette heure, mon cher monsieur, Chèvreloup est la proie des flammes. J’ai personnellement arrosé d’essence tapis et tentures aux quatre coins de la maison ! Je serai surpris qu’il y ait des survivants.
    — Vous avez osé faire une chose pareille ? gronda Aldo en écho au cri d’horreur de Caroline. Vous les avez tous condamnés à cette mort atroce ?
    — Tous ? Non. Rassurez votre cœur sensible. Léonora est saine et sauve. Léonora, ma maîtresse ! Elle s’apprête à partir avec moi quand j’en aurai fini avec vous deux. Parce que, mon cher prince, nos relations s’arrêtent là. Il se trouve que je n’ai plus le temps de vous transformer en torchon et vous emmener avec nous serait trop risqué. Alors je vais vous offrir un aller simple pour l’enfer après vous avoir emprunté en passant quelques menus objets qui me seront fort utiles pour que l’on vous croie toujours en vie. Vas-y ! ordonna-t-il à l’homme qui se tenait auprès de lui.
    Celui-ci s’avança et sans précautions arracha des doigts d’Aldo la sardoine gravée à ses armes qui ne l’avait jamais quitté et son alliance…
    — J’ai pensé un instant vous amputer… d’un index… d’une oreille ? grinça Delaunay, mais leur mauvaise conservation les rendrait moins crédibles. Fouillez ses poches ! ordonna-t-il.
    Il ne restait plus dans celles-ci que la loupe de joaillier et un mouchoir. Aldo tremblait de rage tandis qu’on le dépouillait ainsi mais contenait sa colère pour ne pas ajouter au plaisir de ce misérable qui était en train de jouer avec son étui à cigarettes et son briquet. Caroline, de son côté, suivait la scène d’un regard halluciné… Elle poussa un cri quand, après en avoir fini avec Aldo, l’homme lui arracha le jonc d’or qu’elle portait au poignet et son petit collier de perles…
    — Là où vous allez, commenta Delaunay, vous n’aurez plus besoin de ces babioles. En outre, au cas improbable où l’on retrouverait vos cadavres ils seront plus difficiles à identifier…
    — Mais enfin pourquoi elle ? s’insurgea Morosini. Je peux comprendre que vous vouliez me supprimer mais elle, elle n’a commis d’autre crime que vous aimer. Elle pensait au mariage…
    — Je sais. J’ai fait ce qu’il fallait pour
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