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Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Les "Larmes" De Marie-Antoinette

Titel: Les "Larmes" De Marie-Antoinette
Autoren: Juliette Benzoni
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en France, Le Collier de la Reine. Le sourire de la jeune femme s’accentua :
    — Merci. Puis-je vous demander qui vous êtes ? Je ne connais pas tous les membres du Comité, ajouta-t-elle, les yeux sur la cocarde bleue et blanche au revers du veston.
    — Je ne suis arrivé qu’hier… avec ceci, continua-t-il en désignant les girandoles rosées, et…
    — Oh ! Le magicien de Venise, je présume ? Prince Morosini ?
    — Extrêmement flatté d’être connu de… Votre Majesté, fit-il en s’inclinant sur la main gantée qu’on lui offrait.
    — Ne faites donc pas le modeste ! Vous savez fort bien que vous faites rêver toutes les femmes de goût ! Sans doute aussi les autres et j’aimerais infiniment bavarder un moment avec vous mais j’entends la horde qui arrive et je dois rejoindre mon poste. Je suis la « surprise » du jour ! ajouta-t-elle en riant.
    Elle glissa à la rencontre des invités, Aldo revenant à la vitrine, se pencha pour approcher au plus près la pièce qui l’intriguait et tira de sa poche la loupe de joaillier qui ne le quittait jamais. Aussitôt, l’un des gardiens voulut s’interposer :
    — Qu’est-ce que c’est ?
    — Ni une clef ni une matraque : une simple loupe…
    Il s’interrompit : même à cette distance, le puissant verre grossissant confirmait le soupçon qui lui venait. À savoir que la ravissante pièce devait être fausse. Et c’était bien la seule parmi celles qui l’entouraient. En outre, on lui avait donné la place d’honneur ! Un comble !
    Replaçant le petit outil dans sa poche, il voulut se mettre à la recherche de Chaumet qu’il avait vu arriver pour avoir une explication. Impossible que l’un des plus grands joailliers du monde se fût laissé prendre ! Il devait y avoir une raison ! Seulement il fallait attendre : les pas nombreux approchaient à la suite de la voix cultivée et précise de M. Pératé. Ils arrivaient à l’appartement de la Reine ainsi que l’en convainquirent les exclamations de surprise en découvrant, au seuil, la somptueuse évocation qui les accueillait d’une révérence. Des bravos éclatèrent orchestrés par le président du Conseil : la très belle Marcelle était en train de remplacer la non moins belle mais plus imposante encore Mary Marquet, de la Comédie-Française, dans le cœur de l’inflammable Tardieu !
    Il vint lui baiser la main avec un enthousiasme communicatif. Cela mit de l’animation dans la conférence, créant une sorte de tohu-bohu, un bouchon à l’entrée de l’appartement, que les organisateurs eurent quelque peine à rendre fluide pour amener, cinq par cinq, les invités devant les vitrines. Ce que voyant, Aldo repartit par où il était venu afin de prendre la foule à revers et chercher Chaumet. Et ne le trouva pas.
    — Il vient de partir, le renseigna M me  de La Begassière. On l’a appelé au téléphone et il avait l’air dans tous ses états.
    — Et il n’a rien dit ?
    — Ma foi, non. Je ne lui ai d’ailleurs rien demandé. Par pitié, mon cher prince, laissez-moi savourer cet instant de paix, ajouta-t-elle en agitant l’une des invitations en guise d’éventail. Songez que dans un petit moment il va falloir emmener cette joyeuse compagnie « bâfrer » au champagne dans le Jardin anglais. Et comme nous n’avions pas prévu une telle cohue, je crains qu’il n’y en ait pas pour tout le monde !
    — Bah ! Vous avez les Polignac sous la main et qui dit Polignac dit champagne Pommery. Demandez-leur quelques caisses en urgence ! Quant aux petits fours…
    — Marie-Angéline s’en occupe ! Elle s’est précipitée chez le pâtissier pour réclamer du supplément ! Une vraie perle, cette sainte fille ! Je ne remercierai jamais assez M me  de Sommières de nous l’avoir prêtée.
    — Et vous aurez raison, approuva Morosini pensant avec amusement que l’aimable dame eût été fort surprise d’apprendre de quoi était capable la sainte fille en question lorsqu’elle était sur le sentier de la guerre. En attendant il alla fumer une cigarette dans le Jardin anglais où, en effet, une vaste tente rayée bleu et blanc avait été dressée pour abriter le buffet d’éventuelles intempéries.
    Balayant momentanément l’affaire de la fausse larme qu’il jugeait offensante pour ceux qui, comme lui-même, s’étaient séparés héroïquement de véritables trésors destinés à leur seule contemplation, il laissa son esprit
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