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Les guerriers fauves

Les guerriers fauves

Titel: Les guerriers fauves
Autoren: Viviane Moore
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contre la proue, il s’était endormi affalé dans ses liens.
    — Il touche terre, remarqua Tancrède avant d’aller s’asseoir sur un rocher non loin de là, sa lame courbe en travers des genoux.
    Il se souvint d’avoir caressé Tara qui se promenait dans le camp. Puis, il y eut un frôlement derrière lui... et un trou noir.
    Il bascula en avant, assommé.
    Les appels d’Hugues le ramenèrent à lui.
    — Ça va ? demanda l’Oriental avec inquiétude.
    Tancrède s’assit, tâtant son crâne et le sang coagulé sur sa nuque.
    — Je croyais que c’était le chien qui était revenu. Je ne me suis pas retourné...
    Hugues l’aida à se mettre debout. Il ne fit aucune remarque, aucun reproche, mais son visage était grave.
    — Où est Giovanni ? Et le bateau ? s’écria Tancrède en suivant le regard de son maître tourné vers l’esnèque qui se balançait au milieu de la baie.
    — Ses pieds ne touchent plus terre ! C’est ma faute, répondit Hugues, j’aurais dû deviner que Magnus avait son idée, mais je ne suis pas un homme de mer. Je ne pensais pas que la marée monterait suffisamment haut pour soulever l’étrave et son prisonnier. Dès ce moment, l’Orcadien avait gagné. Quand je suis sorti de la tente pour vous relever de votre quart, il était trop tard. Ils l’avaient hissé à bord et avaient gagné le large.
    — Mais ils m’ont eu par traîtrise ! s’indigna le jeune homme. Si j’avais été réveillé, j’aurais pu empêcher...
    — Magnus n’aimerait pas le mot que vous venez d’employer ! Il vous dirait qu’il était délié de tout engagement. Et quant à moi, je vous avouerai que je préfère qu’ils vous aient assommé plutôt que de vous passer au fil de la hache.
    — Giovanni...
    Tancrède pâlit et se tut. Il avait compris pourquoi tant de mouettes tournoyaient autour du mât.
    Une silhouette sanglante était attachée à la hune. Les guerriers fauves avaient déployé les poumons du Lombard dans son dos comme des ailes.
    Tancrède se rappela le nom que les Vikings donnaient à ce supplice : l’« aigle de sang », jadis une offrande au dieu Odin.
    Il espéra simplement que Giovanni était mort avant... Et se détourna pour vomir.

LES COLONNES D’HERCULE

56
    Le cadavre de Giovanni, enveloppé d’un linceul et attaché à une lourde pierre, avait basculé par-dessus bord. Il avait coulé à pic et Tancrède l’avait regardé s’enfoncer en pensant à l’homme qui lui avait sauvé la vie. Il n’avait pas vraiment connu l’autre, le meurtrier, sauf pendant ce bref interrogatoire sous la tente de Magnus. En cet instant, alors que la forme blanche disparaissait dans les profondeurs de l’océan, il avait préféré se souvenir du singulier compagnon qui aimait par-dessus tout la tragédie grecque et Syracuse.
    Les jours avaient passé. Bjorn secondait Corato à la barre et le capitaine avait insisté pour qu’Hugues et Tancrède restent à bord du knörr. Eleonor et Afflavius partageaient leur temps entre l’observation du ciel et de longues conversations avec frère Dreu.
    Tancrède, quant à lui, avait repris sa place aux avirons.
    Ils avaient croisé nombre de bateaux de pêche ou de commerce, et même des navires de guerre almohades. Mais nul n’avait fait mine de les attaquer.
    L’esnèque et le knörr avaient poursuivi leur route, longeant les côtes du royaume d’Alphonse I er du Portugal puis l’estuaire de Lisboa avant d’aborder les royaumes berbères du sud de l’al-Andalus. Alors qu’ils entraient dans le golfe de Cadix le paro vert pâle était réapparu, les suivant à distance.
    Enfin, devant eux, se dessina l’entrée du détroit de Gibraltar contrôlé par le puissant calife almohade ‘Abd al-Mu’min.
    — Le diable de la Seudre nous suit toujours, remarqua Hugues alors que le navire de guerre se rapprochait.
    — Croyez-vous qu’il va nous suivre jusque dans les eaux de la mer intérieure ? demanda Tancrède qui, debout sur le château avant, fixait la silhouette fine du paro.
    — Je le crois... Et je crois aussi qu’il est possible qu’il reste un, ou des hommes à sa solde à bord.
    — J’ai longtemps pensé que le traître était le pèlerin, maître Richard, avoua Tancrède. Mais je croyais aussi que c’était lui le meurtrier ! Je l’ai si souvent vu parler aux mousses ou aux enfants à terre.
    — C’est vrai, je l’avais remarqué. Mais il est plus facile d’avoir des informations de la
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