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Les guerriers fauves

Les guerriers fauves

Titel: Les guerriers fauves
Autoren: Viviane Moore
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lui et en vérifiant qu’il avait toujours son coutel.
    La lune se jouait des nuages, tantôt éclairant ce qui l’entourait d’une lueur blafarde tantôt le plongeant dans une obscurité profonde. Et il ne savait ce qu’il aimait le mieux, de voir ce qui l’entourait ou de n’être pas vu.
    Il chercha sans les trouver ses amis. C’était à la fois rassurant et inquiétant. S’il ne les voyait pas, l’assassin ne les verrait pas non plus... Mais s’ils n’étaient pas là, si quelque chose les avait retardés ?
    La grève s’étirait devant lui, parsemée d’énormes rochers, d’ombres mouvantes. Bertil avala sa salive, poussa un soupir, puis se remit lentement en marche. Il contourna un éboulis et se redressa. Plus personne ne pouvait le voir du camp. Il était trop loin.
    Où pouvait être l’assassin ? Il l’imaginait tapi derrière chaque pierre, enfoui sous le sable. Et s’il le tuait sans même lui parler ? D’ailleurs, hormis ses victimes, personne ne savait comment il faisait ! L’enfant s’arrêta.
    La lune avait disparu. Tout était noir. Même le clapot de la mer lui parut différent. Le vent était tombé. Il avait l’impression que le seul bruit était celui de son souffle. Il avança d’un pas, d’un autre, trébucha sur une souche et tomba.
    Il ne se redressa pas. Il avait entendu un bruit de pas. Il posa sa main sur sa bouche pour s’empêcher de hurler de terreur. La sueur lui coulait dans les yeux et le piquait.
    La lune réapparut. Son coeur s’arrêta de battre. L’ombre d’un homme était debout à quelques pieds de lui ! Il ferma les paupières et murmura une prière à la Vierge Marie puis à Dieu puis à tous les saints qu’il connaissait ! Quand il les rouvrit, l’autre avait disparu.
    Bertil se redressa. Il apercevait le serpent sinueux du sentier à flanc de falaise... Encore une vingtaine de toises et il serait au lieu du rendez-vous.
    Mais où étaient les autres ? Et Hugues qui lui avait promis... Il se retourna pour regarder le camp là-bas, avec la lueur rassurante de son feu, et il lui parut loin, si loin. De toute façon, il était trop tard pour faire demi-tour. Bertil posa la main sur son coutel et se répéta qu’il ne devait compter que sur lui-même.
    Il reprit sa marche et enjamba un bois flotté. Le paysage s’assombrit au passage d’un nuage.
    — Tu me cherchais ? fit la voix.
    Bertil sursauta et regarda autour de lui. Il était au centre d’un cercle rocheux.
    Le meurtrier restait invisible.
    — Pourquoi vous vous cachez ? demanda-t-il d’une voix mal assurée, saisissant son coutel.
    — Je ne me cache pas ! Je suis tout près.
    — Tout près ! répéta l’enfant en reculant pas à pas.
    Il se cogna, sentit un souffle sur sa nuque et des doigts se refermèrent sur ses épaules. Sous le coup de la surprise, il cria et lâcha son coutel. En essayant de le faire taire, l’assassin avait relâché son étreinte. L’enfant réussit à se dégager et partit en courant droit devant lui. La lune éclairait la mer. Un nuage arrivait. Il se dit que s’il arrivait jusqu’aux vagues, il plongerait.
    — Reviens !
    Il courait toujours. La lune disparut. Il sentit qu’on agrippait sa chainse et il roula à terre.
    — Lâchez-moi ! hurla-t-il.
    L’autre le frappa, le souleva et le jeta en travers de ses épaules.
    À moitié assommé, Bertil se sentait perdu. Il imaginait les coups de poignard qui allaient le transpercer, entailler ses chairs. Il revit le corps ensanglanté de P’tit Jean sur son brancard et se rappela les paroles d’Hugues : « N’oublie jamais que tant que tu es en vie, tu peux gagner ! » Il mordit la main qui le maintenait et réussit, en ruant des jambes et des bras, à déséquilibrer l’homme. Il se retrouva par terre. La lune était sortie des nuages. Puis tout se ralentit. La lame allait le frapper. Le visage de l’assassin était effrayant.
    Le hurlement qu’il s’apprêtait à pousser resta coincé dans sa gorge.
    Une ombre avait jailli des rochers et avait sauté sur l’assassin. Les deux silhouettes roulèrent à terre étroitement enlacées. Bertil se redressa d’un bond et s’écarta.
    Bjorn et Tancrède venaient d’apparaître. Le géant souleva le gamin et le plaça derrière eux.
    — En arrière ! ordonna-t-il.
    L’enfant obéit, sans quitter des yeux les combattants. Ils s’étaient remis debout et se faisaient face, se tournant autour, les poignards levés.
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