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Les guerriers fauves

Les guerriers fauves

Titel: Les guerriers fauves
Autoren: Viviane Moore
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l’ombrageux Orcadien. L’homme avait le sang vif et n’aimait guère la contradiction. Mais au lieu de s’emporter, il jura en norrois.
    — Vous n’avez pas froid aux yeux, observa-t-il. Mais expliquez-vous, je ne comprends pas.
    — Alors que des marauds m’attaquaient à Barfleur, cet homme m’a sauvé la vie. Il y a une dette d’honneur entre nous. Je ne peux laisser personne porter la main sur lui.
    — Cette demande, sire Tancrède, vous honore. Même si elle ne me convient pas.
    Magnus se tut. Il regardait Giovanni Délia Luna qui gisait au milieu de la tente et s’était mis à trembler. Son visage et ses vêtements étaient souillés de sang. Il était bleu des coups qu’il avait reçus alors qu’Hugues et Tancrède l’entraînaient non sans mal vers la tente de l’Orcadien. Ses lèvres et ses arcades sourcilières étaient fendues.
    — J’accepte de vous abandonner cet homme... À une condition.
    Une expression maligne s’était dessinée sur ses traits.
    — Je vous écoute, répondit Tancrède.
    — Il vous appartiendra... tant que ses pieds toucheront le sol. Ensuite, il sera à moi et je disposerai de sa vie comme il me plaira.
    Désarçonné par cette étrange requête le jeune homme ne sut que répondre.
    — Nous acceptons, déclara Hugues.
    — Alors, buvons !
    Magnus se leva, et ouvrit l’un de ses coffres en bois sculpté, saisissant des cornes à boire et y versant l’hydromel de sa gourde.
    — J’aimerais parler au prisonnier, demanda Hugues alors qu’il choquait sa corne contre celle de l’Orcadien.
    — S’il n’y avait que moi, il y a longtemps qu’il aurait la langue tranchée et le reste aussi ! Je vous laisse ma tente. Nous allons mettre un tonneau en perce, mes guerriers et moi devons fêter sa capture avec les Norvégiens.

54
    La portière de toile était à nouveau retombée. Tancrède et Hugues se retrouvèrent seuls avec le Lombard. Il restait prostré sur le sol.
    — Ils vont me tuer ! gémit-il.
    — N’oubliez pas que vous avez tué, vous aussi, répliqua sèchement Hugues. Et sans pitié aucune. Je ne suis pas sûr que nous ayons eu raison d’arrêter le bras de ces hommes. De toute façon, que ce soit ici ou ailleurs, Giovanni, il vous faudra payer.
    — Qu’est-ce qu’il voulait dire avec « mes pieds qui touchent le sol » ? Dès qu’ils me hisseront à bord, ils me tueront. Sur le navire, je ne toucherai plus terre !
    — Je pense que Magnus comptait juste, par égard pour Tancrède, vous accorder une nuit de sursis. Mais rassurez-vous, j’ai pensé à tout cela, assura l’Oriental avec un fin sourire. Vous continuerez à toucher terre, j’y veillerai.
    Tancrède avait compris l’idée de son maître.
    — Si vous versez du sable sous ses chaussures...
    — ... Ou si je remplis ses chausses de terre...
    — Même sur le pont du knörr, conclut Tancrède, il continuera à toucher terre.
    Le silence retomba. Les tremblements qui agitaient le marchand se faisaient plus espacés. L’homme se calmait.
    Tancrède le regarda, essayant de retrouver son joyeux compagnon de voyage dans cet être pitoyable.
    — Jamais je ne vous aurais cru coupable ! avoua-t-il. Mais quand nous étions aux étuves, comment avez-vous fait ? Vous n’étiez pas avec Guenièvre ?
    — Si, bien sûr, répondit le marchand d’une voix monocorde qu’il ne lui connaissait pas. Mais pas toute la nuit, et puis qu’allez-vous imaginer ? Que je suis capable d’enfourcher une femelle ? Non, Guenièvre a été grassement payée. On a bu et mangé ensemble, fumé les herbes de l’Orient aussi. Elle m’avait arrangé une rencontre avec cette vieille qui, parfois, lui fournit des fillettes ou des garçonnets, et je me suis rendu chez le gosse.
    — Ainsi Nicolas de Ciré tenait son coupable.
    — Et ce gamin à bord, P’tit Jean ? demanda Hugues.
    — J’étais encore dans le dortoir quand vous êtes entré avec Bjorn. Il a fallu que j’attende pour sortir et, avec le remue-ménage qu’il y a eu à bord, ce n’était pas difficile.
    — Et Barfleur ?
    — Un mousse à bord, quelques gamins en ville... Là aussi, j’ai bien failli me faire surprendre par les hommes du prévôt et ce satané chien qui me tournait autour. Je crois qu’il a toujours su que j’étais le meurtrier, celui-là ! S’il avait pu parler ...
    — Il y en a eu beaucoup d’autres ? demanda Hugues.
    Le marchand s’était redressé et, tant bien que mal,
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