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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance
Autoren: Guy Breton
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enquête discrète lui avait permis de savoir à qui appartenait la chemise…
    Dès le lendemain, une déclaration enflammée était parvenue à Marie de Clèves, et la jeune femme, bouleversée de savoir qu’elle avait séduit le plus beau prince du monde, était tombée, elle aussi, amoureuse…
    Fidèle, cependant, à son vilain mari, elle avait résolu de ne plus aller au Louvre pour ne pas risquer de rencontrer Henri.
    Alors, celui-ci s’était adressé à la duchesse de Nevers, sœur de Marie :
     
    Je vous en supplie , avait-il écrit, d’autant que vous m’êtes amie… je vous requiers les larmes aux yeux, à jointes mains. Vous savez ce que c’est que de bien aimer. Jugez si je mérite telles façons de ma dame, notre amie, qui, quoi qu’elle ait, a toute puissance quand elle l’emploiera… Je lui jure toute l’amitié du monde. Vous serez mon garant, s’il vous plaît, que je ne suis menteur.
     
    Et M me  de Nevers avait su si bien plaider la cause du soupirant que Marie s’était laissée aller jusqu’à permettre que le duc portât au cou un petit portrait d’elle…
    Puis elle avait accepté un rendez-vous, et ils s’étaient pris les mains avec frénésie.
    Depuis lors, délirants d’amour, ils se rencontraient régulièrement grâce à la complicité de la duchesse de Nevers, et leur chaste liaison illuminait leur vie.
    Naturellement, Renée ne tarda pas à être mise au courant des rendez-vous secrets de son amant. Elle ne fit aucun scandale, mais se vengea en faisant entrer Lignerolle dans son lit. Le duc l’apprit « et, nous dit Sauval, ce favori reçut la punition que méritait son insolence » : il fut assassiné.
    Renée, de son côté, demanda pardon et tout rentra dans l’ordre.
     
    Satisfait sensuellement par la belle Châteauneuf, et sentimentalement par Marie, le duc d’Anjou aurait pu vivre heureux. Une séparation allait bouleverser son existence. À la fin de septembre 1573, Catherine de Médicis l’ayant fait élire roi de Pologne grâce à d’inimaginables intrigues, il dut partir pour Cracovie.
    La mort dans l’âme, il quitta ses deux femmes et suivit les ministres moustachus qui étaient venus le chercher à Paris.
    Renée de Rieux trouva vite un autre amant, mais Marie fut inconsolable.
    Quant à Henri, privé de l’exutoire que représentait Renée, il sublima encore son amour et fit de sa Dame une idole à laquelle il écrivait des lettres signées de son sang…
    Fou de passion, il se désintéressait complètement des affaires polonaises, auxquelles d’ailleurs il ne comprenait rien, pour inonder ses amis de billets où il n’était question que de Marie. En voici un que reçut Beauvais-Nangis :
     
    Je l’aime tant, vous le savez. Vous devrez m’avertir de sa fortune pour la pleurer comme je fais. Je n’en dirai plus rien, car les amours sont ivres…
     
    Oui, les amours étaient ivres, et Henri, chancelant, déroutait les Polonais par ses manières d’agir. Interrompant son conseil pour griffonner un mot tendre qu’un courrier était chargé de porter immédiatement à Paris, contemplant avec amour le portrait de Marie pendant qu’un ministre lui parlait, composant des vers au dos des lettres d’ambassadeur, il était considéré par tout le monde comme un étrange souverain, et les familiers de la Cour de Cracovie se chuchotaient de moustaches à oreilles leur amère déception…
    Henri était trop fin pour ne pas s’apercevoir du désappointement de ces braves gens ; mais il ne faisait rien pour arranger les choses, préférant s’enfermer dans son cabinet et rêver tout son saoul du jour où il pourrait serrer Marie contre lui et éteindre le feu qui brûlait sa poitrine…
    Bientôt, l’idée d’embrasser sa Dame ne lui suffit plus : il décida de l’enlever à Condé (en faisant rompre leur mariage par le pape) et de l’épouser…
     
    Pendant qu’Henri rêvait ainsi en Pologne, Charles IX, à Paris, réalisait d’exténuantes performances amoureuses dans le but d’oublier la Saint-Barthélemy dont le souvenir continuait à le hanter, et sa santé s’altérait dangereusement. On dut bientôt le transporter, essoufflé et les pommettes en feu, au château de Vincennes qui tenait lieu alors de maison de repos. Un soir, Marie Touchet vint le voir et coucha avec lui… Cette rencontre devait être fatale au jeune roi tuberculeux. Un chroniqueur n’hésite pas, en effet, à conclure que Charles IX « accéléra
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