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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance
Autoren: Guy Breton
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1
    Un paillard inconnu : Louis XI
    Le seul roi de France qui ne se laissa pas mener par les femmes eut pourtant deux épouses et dix maîtresses…
     
    Francis Pavelle
     
    En 1437, par une belle nuit de juillet, la petite cité de Château-Landon, en Gâtinais, fut encerclée sans bruit par une curieuse armée dont le chef était un garçonnet de quatorze ans.
    Il s’agissait du dauphin de France, le futur Louis XI, qui, sans rien dire à son père, avait résolu de chasser la garnison anglaise réfugiée dans la ville.
    Quand le jour parut, le jeune homme grimpa sur un tas de pierres et cria :
    — Rendez-vous !
    Les capitaines ennemis se penchèrent aux créneaux et furent très étonnés de voir un enfant diriger l’armée française. Perdant leur flegme, ils donnèrent des ordres incohérents qui eurent pour résultat de créer une grande confusion et de faire courir leurs archers en tous sens « comme petits pois dans un pot »… Affolement dont Louis profita pour placer ses échelles, atteindre le chemin de ronde et entrer dans la place avec ses hommes. Aussitôt, les Français, que ce succès rapide avait un peu grisés, attaquèrent les Anglais avec une joyeuse sauvagerie.
    Un combat de rues s’ensuivit au cours duquel plus de cinq cents goddons eurent l’honneur d’avoir le ventre ouvert sous le beau ciel de France, et la garnison anglaise capitula.
    Cette victoire remplit le dauphin d’un bel orgueil. Voulant jouer jusqu’au bout son rôle de capitaine, il convia ses officiers à un grand repas servi dans le jardin du château.
    Au dessert, il se leva :
    — Maintenant, mes amis, je vous réserve une surprise, dit-il en souriant.
    Et les invités virent arriver tous les Anglais survivants, encadrés par des gardes.
    Louis fit alors venir près de lui cinq colosses armés de casse-tête, qui se tenaient un peu à l’écart, et les pria de bien vouloir massacrer les prisonniers.
    Au début, cette attraction intéressa tout le monde. Puis l’attention se relâcha : il y avait trop d’Anglais et les bourreaux, de petites gens, manquaient d’imagination. Incapables d’improviser, ils répétaient les mêmes gestes, de façon stupide et fastidieuse. Les masses faisaient éclater les crânes, les cervelles jaillissaient, le sang coulait : c’était toujours le même spectacle. Au bout d’un moment, la plupart des convives, alourdis par la digestion, s’endormirent sans attendre la fin de la tuerie.
    Seul le dauphin garda l’œil vif jusqu’au bout. Mais, dès que le dernier prisonnier eut été assommé, il abandonna ses invités, monta sur un cheval et se dirigea vers Gien où se trouvaient, pour l’heure, son père, le roi Charles VII, sa mère, la reine Marie d’Anjou, et la jeune Marguerite d’Écosse, âgée de douze ans, qu’il avait épousée un an auparavant.
    Le cœur joyeux, c’est à elle qu’il pensait tandis que son cheval galopait vers la Loire ; car de cette fillette, qu’il n’avait vue que pendant les quelques instants de la cérémonie du mariage, il avait soudain envie de faire une femme – c’est-à-dire la sienne.
    La nuit ne l’arrêta pas. Il contourna Montargis qui dormait à l’abri de ses murailles, galopa au clair de lune à travers des forêts sablonneuses et arriva au petit jour devant Gien.
    Sans respirer, sans même accorder un regard au fleuve qui miroitait sous le soleil levant, il monta d’une traite vers le château. La herse se releva pour le laisser passer et il sauta de cheval. À peine le pied à terre, il fut entouré, félicité par toute la Cour, car son exploit était déjà connu. Mais il n’était pas venu pour recevoir des éloges et des tapes amicales dans le dos. Laissant son père et les ministres, auxquels il avait prouvé qu’il était un homme désormais, il prit sa frêle épouse par la main et l’entraîna dans la chambre qu’elle venait à peine de quitter ; et là, encore tout exalté par sa victoire de la veille, il attaqua Marguerite avec la même frénésie que les murailles de Château-Landon.
    Disons-le tout de suite : il eut plus de mal… Et il se rendit compte qu’il est bien difficile d’investir une place dont les défenses n’ont pas la moindre brèche.
    Après de gigantesques efforts, il triompha finalement ; mais ses assauts avaient été à ce point furieux que, jusqu’au surlendemain, la petite princesse dut demeurer au lit [1] .
    Pendant une semaine, le dauphin se livra ainsi à de
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