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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance
Autoren: Guy Breton
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peur, peur qu’on retrouvât Maurevert, peur qu’on arrêtât les Guises qui eussent parlé, peur d’être dénoncée…
    Affolée, elle alla trouver le roi (qui ignorait tout de la responsabilité qui pesait sur sa mère) et lui déclara qu’on se trouvait à la veille d’un soulèvement calviniste.
    — Il faut agir ! dit-elle.
    Mais Charles, toujours pleinement acquis à l’amiral, répondit d’un ton sec que la seule chose à faire pour le moment était de prendre des nouvelles du blessé.
    Alors Catherine lui avoua qu’elle avait trempé dans l’attentat.
    Le roi demeura stupide, l’air hagard, à considérer sa mère ; puis, éclatant en sanglots nerveux, il lui dit de faire ce qu’elle voulait…
    — L’amiral est un traître, dit-elle, il complotait contre vous. Dix mille huguenots en armes sont à Paris et je crois qu’il faut avoir le courage, pour sauver votre royaume, de faire exécuter les chefs de ce mouvement…
    Charles entra alors dans une de ces violentes colères dont il était coutumier ; il renversa des meubles, blasphéma et se mit à crier :
    — Qu’on les tue tous ! Qu’on les tue tous !
    C’étaient les paroles que Catherine attendait…
    Or on était le 23 août au soir, et le lendemain était le jour de la Saint-Barthélemy…
    C’est ainsi que les bons conseils de la jolie huguenote Marie Touchet allaient aboutir de façon paradoxale à un massacre [190] .
     
    Pendant que la reine mère arrachait à son fils l’ordre de massacrer les réformés, Henri de Guise se dirigeait avec un groupe de soldats vers la rue de Béthisy où demeurait l’amiral.
    Il pouvait être onze heures et demie du soir et Coligny, qui souffrait toujours de sa blessure, était couché et s’entretenait avec des amis.
    Soudain, des coups d’arquebuse et des cris éclatèrent dans la nuit. C’était Guise qui, pour pénétrer dans la maison, assassinait les gardes.
    — Que se passe-t-il ? demanda Coligny à Merlin, ministre protestant.
    L’autre, ayant regardé par la fenêtre, annonça en tremblant qu’une troupe encerclait l’hôtel et tuait le personnel.
    — Il y a longtemps que je me suis préparé à mourir, dit Coligny. Vous autres, sauvez-vous s’il est possible, car vous ne sauriez garantir ma vie. Je recommande mon âme à la miséricorde de Dieu.
    Puis il se fit lever de son lit, se couvrit de sa robe de chambre, dit adieu à ses amis, qui s’enfuirent par la fenêtre, et attendit.
    Ce ne fut pas long.
    D’un seul coup, la porte vola en éclats et une horde, dirigée par le jeune Jean Yanowitz, dit Besme, entra dans la chambre.
    — Est-ce toi qui es Coligny ? demanda Besme, l’épée à la main.
    — Respecte ces cheveux blancs, jeune homme. C’est moi-même.
    — Parfait, dit Besme.
    Et il lui plongea son épée dans la poitrine.
    Comme l’amiral remuait encore et râlait de façon déplaisante, quelques soldats durent finir l’ouvrage à coups de poignard.
    Pendant ce temps, Henri de Guise, qui était resté en bas, s’impatientait.
    — Eh là ! Besme, est-ce fini ? cria-t-il de la cour.
    L’assassin parut à la croisée :
    — Oui, un instant, on l’achève.
    — Voyons donc ? demanda le duc, satisfait.
    Alors Besme, aidé de ses compagnons, jeta le cadavre par la fenêtre. Henri s’approcha, essuya avec un mouchoir le visage ensanglanté de l’amiral et, ayant reconnu son ennemi, lui donna un grand coup de pied dans la figure en disant :
    — C’est bien, le commencement est bon. Courage, soldats.
    Quelques instants après, la cloche du palais [191] donnait le signal de la curée…
    On tua pendant toute la nuit. Charles IX, excité par l’odeur du sang, tira lui-même d’une fenêtre de sa chambre ; et le petit jour vint éclairer une ville de cauchemar. On voyait des cadavres plein les rues, des têtes séparées de leur tronc baignant dans des flaques de sang, des membres épars, et la Seine couverte de « corps flottants ».
    Vers midi, Catherine de Médicis et quelques dames d’honneur quittèrent le Louvre, où le roi, brusquement effondré, était en proie à une crise de désespoir, et allèrent « s’offrir la lubrique satisfaction d’examiner sur des cadavres nus certaines vitalités masculines [192]  ». Puis elles recherchèrent en riant les signes de la prétendue impuissance de l’un d’eux [193] et « firent à ce sujet des plaisanteries dont le mauvais goût fut remarqué »…
     
    Après la
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