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Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance
Autoren: Guy Breton
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faisait habituellement son choix parmi les gracieuses suivantes de sa mère « pour ce qu’elles étoient faciles à convaincre, riches d’expérience et point susceptibles de faire du scandale, attendu que Catherine de Médicis les autorisoit à se laisser beluter par ses fils ».
    C’est d’ailleurs une de ces demoiselles, Louise de la Béraudière [194] , qui l’avait déniaisé à l’âge de quinze ans.
    (Car l’escadron volant servait aussi à cela.)
    Bref, le duc d’Anjou était, du moins à ce moment, un homme tout à fait normal, et même, suivant le mot de la reine mère qui le connaissait bien, « un bon étalon ».
     
    Mais, si Catherine de Médicis approuvait les rencontres individuelles de ses fils avec les jeunes personnes de l’escadron volant, elle n’aimait guère ces « réunions à plusieurs qui altéroient la santé de chacun »…
    Et, veillant avec un soin jaloux sur le duc d’Anjou, qui était son enfant préféré, elle chercha un moyen de l’éloigner de ces dangereuses turpitudes.
    Ce moyen, elle le trouva en la personne d’une de ses nouvelles filles d’honneur, M lle  Renée de Rieux, que l’on appelait « la belle Châteauneuf ». Il s’agissait d’une blonde de vingt ans dont la grâce s’alliait à un caractère assez vif, ainsi que l’anecdote suivante en donnera la preuve. « Antoine Duprat, nous dit Nantouillet, l’ayant insultée, elle ne s’en rapporta qu’à elle-même pour l’en punir. Et un jour qu’elle passoit sur le quai de l’École, à cheval, ayant aperçu Duprat qui marchoit à pied, elle donna des deux, le renversa, lui passa par-dessus le corps et le foula aux pieds de sa monture… »
    Catherine de Médicis chargea cette fière amazone de séduire le duc d’Anjou ; ce qui fut assez facile.
    Bouleversé dès la première rencontre, le prince fit composer par le poète Desportes une très belle déclaration rimée qui se terminait par :
    Beauté, grâces, discours, qui m’allez transformant,
    Las ! connoissez-vous point comme je vous adore ?
     
    La jeune fille reçut ce poème avec délice et y répondit en envoyant au prince un très gracieux sonnet, qu’elle avait d’ailleurs demandé également au poète Desportes…
    Quelques jours plus tard, M lle  de Rieux et le duc d’Anjou unissaient leur jeunesse et leur fougue dans une chambre du Louvre…
     
    Tout de suite, la jeune femme montra tant de verve, tant de fantaisie, tant d’ardeur, que le prince reconnut qu’il n’avait jamais rencontré une telle partenaire et, « voulant lui rendre pièce pour pièce », fit d’étonnantes merveilles…
    Leurs nuits furent désormais consacrées à de furieux corps à corps, dont ils sortaient détendus, apaisés, calmes, purifiés par la volupté et « aussi mols que chiffes ».
    Le duc d’Anjou avait grand besoin d’exercices de ce genre, car un amour pur et chaste lui minait le tempérament depuis quelques mois, et l’on sait que rien n’est plus mauvais à la santé que ces sortes de passions…
    Il était tombé amoureux, en effet, de la jolie et spirituelle Marie de Clèves – épouse du prince de Condé [195]  – dont l’allure virginale lui inspirait une dévotion qui le rendait lyrique, fiévreux, haletant, hypertendu et superstitieux. Maltraitant sa libido, il s’enivrait de soupirs en pensant à « sa dame » et s’estimait comblé lorsqu’il avait connu le trouble plaisir de chanter, à l’église, le même cantique qu’elle…
    L’adoration platonique et déprimante qu’il vouait à Marie était donc heureusement compensée par sa saine attitude avec Renée de Rieux…
    Ce pudique amour était né, de façon fort curieuse, lors du mariage du roi de Navarre et de Marguerite de Valois. Après une danse follement animée, Marie de Clèves, en nage, avait dû aller retirer sa chemise dans une chambre voisine de la salle de bal. Quelques instants plus tard, Henri, qui avait mené la farandole, était venu dans la pièce pour s’essuyer la figure toute ruisselante de transpiration. Croyant prendre une serviette, il s’était emparé de la chemise de Marie et l’avait promenée sur son visage… Aussitôt, « ses sens s’étaient troublés » et, considérant ce qu’il tenait à la main, il avait conçu un amour sans borne pour la propriétaire de cette lingerie odorante et encore tiède.
    Puis il était rentré dans la salle, où les violons faisaient danser les princes en mesure, et une
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