Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Les grandes dames de la Renaissance

Les grandes dames de la Renaissance

Titel: Les grandes dames de la Renaissance
Autoren: Guy Breton
Vom Netzwerk:
tomba évanoui sur le parquet.
    Catherine veillait à la porte. Elle le fit transporter dans sa chambre où il demeura pendant plusieurs jours, prostré, l’œil fixe, au point qu’on se prit à craindre pour sa raison. Il refusait de s’alimenter et ne sortait de son mutisme que pour éclater en sanglots convulsifs. Ses plaintes ressemblaient alors à des râles, et la reine mère eut peur.
    Superstitieuse, elle s’imagina que son fils était victime d’un charme et qu’il allait mourir à son tour.
    — Ne porterait-il pas sur lui quelque objet qui aurait appartenu à la princesse ? demanda-t-elle à Souvré.
    — En effet, répondit le chambellan, je lui ai vu une croix au cou et des pendants d’oreilles qui lui viennent d’elle.
    — Eh bien ! faites en sorte qu’il ne les porte plus.
    On retira ces bijoux à Henri ; mais le pauvre, que la douleur avait à tout jamais « écorné », n’arrêta pas ses larmes, et son deuil s’accompagna de goûts morbides.
    « Il demeura huit jours aux cris et aux soupirs, nous dit Pierre Mathieu, et en public il paraissoit tout couvert d’enseignes et de marques de mort. Aux rubans des souliers, il portoit des petites têtes de mort. Il en avoit aux aiguillettes, et, plus curieux d’entretenir et de flatter sa passion que de la vaincre et guérir, il commanda à Souvray de lui faire des parements de cette sorte pour plus de six mille escus [197] . »
    Puis les mois passèrent et Henri III parut oublier sa peine. On le vit organiser des fêtes, inventer des pas de danse, s’amuser à courir Paris sous des déguisements et s’entourer de jeunes gens bruyants et équivoques. On le crut guéri, alors qu’égaré par la douleur il cherchait avec une espèce de hargne sacrilège à saccager sa vie.
    Rien ne lui importait plus. Laissant Catherine de Médicis s’occuper des affaires de l’État, il se mit à découper des images et à coudre des perles sur des morceaux de tissu. Il fit des robes pour sa sœur Marguerite, habilla les demoiselles de l’escadron volant, exécuta de petits travaux de broderie…
    Ce que voyant, la reine mère décida de le marier au plus tôt, pensant qu’une femme dans son lit lui rendrait peut-être des goûts un peu plus virils…
    Plusieurs princesses furent proposées au roi, qui les refusa en ricanant. Alors Catherine se fâcha et déclara qu’un souverain devait avoir une épouse pour se donner des héritiers.
    — Laissez-moi choisir, répondit Henri.
    Et il désigna Louise de Vaudémont, fille d’un cadet de Lorraine, qu’il avait connue en allant en Pologne.
    Catherine fut un peu déçue. Elle espérait une plus noble épouse pour ce fils qu’elle appelait tendrement « mes yeux ».
    Mais elle s’inclina et une délégation partit immédiatement pour Nancy demander au prince de Vaudémont la main de sa fille. Celui-ci, tout heureux, accepta, bien entendu, et chargea sa femme, Catherine d’Aumale, d’aller prévenir Louise.
    La jeune fille était encore au lit. En voyant venir sa belle-mère (Catherine était la seconde femme de Vaudémont), elle fut très étonnée et, nous dit Antoine Malet, « le fut bien davantage quand elle lui vit faire trois révérences avant de l’aborder et de la saluer comme reine de France ; elle crut qu’elle vouloit se moquer et ne cessoit de lui demander excuse d’être si tard au lit et de n’avoir pas été à son lever, quand son père entra enfin dans sa chambre et, assis auprès de son lit, lui annonça que le roi de France la vouloit pour épouse… [198]  ».
     
    Le mariage eut lieu le 15 février 1575 en la cathédrale de Reims, où Henri III avait été sacré deux jours auparavant.
    Au cours de cette cérémonie qui le liait pour la vie à la blonde Lorraine, le jeune souverain montra une curiosité amusée. Étaient-ce ses noces ? Était-ce une sauterie ? Était-ce un spectacle destiné à réjouir ses favoris ? On pouvait se le demander. La veille, d’ailleurs, il avait tenu à coudre lui-même la robe de sa fiancée et, deux heures avant la messe de mariage, c’est lui qui s’était chargé de friser Louise au petit fer…
    Paraissant absolument inconscient de ce qui se passait, il sourit bizarrement pendant tout l’office nuptial, au point « qu’on eût dit l’acteur d’une espèce de farce »… Deux jours plus tard, il se permit d’ailleurs, sur son épouse, une plaisanterie qui scandalisa tout le monde : voulant marier son ex-favorite
Vom Netzwerk:

Weitere Kostenlose Bücher