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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté
Autoren: Diana Gabaldon
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relativement jeune, la petite trentaine, mais n’a jamais eu d’enfants et a donc de l’énergie affective à revendre. Rien ne l’excite plus que les malades et les mourants, même si je ne doute pas qu’elle se prenne pour l’incarnation même de la compassion. Elle se repaît de détails sordides, ce qui m’horripile un peu mais, d’un autre côté, c’est une assistante compétente ; à savoir qu’elle ne tourne pas de l’œil de peur de rater quelque chose quand je réduis une fracture ouverte ou ampute un orteil gangreneux (rapidement, avant que le major Thacher ou son sbire, le lieutenant Stactoe, ne me voient). Certes, elle a tendance à se répandre en gémissements et en pleurs en serrant son buste plutôt plat quand elle décrit ces aventures aux autres après coup (elle est entrée dans un état de transe dont j’ai bien cru qu’elle ne reviendrait jamais quand on nous a amené les cadavres des hommes scalpés). Cela dit, une aide est une aide et je ne vais pas cracher dans la soupe.
    A l’autre extrémité du spectre de la compétence médicale, le dernier afflux de nouvelles recrues comportait un jeune médecin quaker, Denzell Hunter, et sa sœur Rachel. Je ne lui ai pas encore parlé personnellement mais, d’après ce que j’ai pu constater, ce Hunter est un vrai médecin. Il semble même posséder de vagues notions de la théorie des microbes, ayant été formé par John Hunter, un grand homme de la médecine (savez-vous de quelle façon John Hunter a découvert comment se transmettait la gonorrhée ? Il s’est incisé la verge avec un scalpel enduit de pus prélevé sur un malade et a trouvé les résultats profondément gratifiants, selon Denny Hunter qui a narré cette intéressante expérience à ton père en bandant son pouce écrasé entre deux troncs d’arbres. Pas d’inquiétude, il n’est pas cassé, juste sérieusement amoché). J’aimerais voir la tête de Mme Raven en apprenant cette histoire mais je suppose que la bienséance empêchera le jeune docteur Hunter de la lui raconter.
    J’espère que vous n’oubliez pas les rappels de vaccins des enfants.
    Avec tout mon amour,
    Maman
     
    Brianna avait refermé le livre mais sa main ne cessait de revenir vers la couverture, comme si elle souhaitait l’ouvrir à nouveau, au cas où le texte serait différent.
    — Vingt-trois jours après le 18 juin, ça donne quoi ?
    Elle aurait dû être capable de faire le calcul mentalement – d’ordinaire la réponse lui serait venue au quart de tour – mais sa nervosité lui ôtait ses capacités.
    Roger prit un air concentré et fredonna :
    — Trente jours ont novembre, avril, juin et septembre … Juin n’a que trente jours, donc ça fait douze du 18 au 30, plus dix… on arrive au 10 juillet.
    — Oh Seigneur…
    Elle l’avait lu trois fois, regarder à nouveau n’y changerait rien. Elle rouvrit néanmoins le livre à la page du portrait de John Burgoyne peint par sir Joshua Reynolds : un bel homme en uniforme, une main sur la garde de son épée, se tenant fièrement devant un ciel d’orage. Sur la page d’en face était écrit noir sur blanc :
    Le 6 juillet, le général Burgoyne attaqua le fort de Ticonderoga avec huit mille soldats de l’armée régulière, plusieurs régiments allemands placés sous le commandement du baron von Riedesel et des troupes indiennes.
     
    William eut moins de difficultés à trouver le général Burgoyne et son armée que les Hunter les troupes du général Washington. D’un autre côté, le général Burgoyne n’essayait pas de se cacher.
    C’était un camp d’une taille considérable. Des tentes blanches en rangs ordonnés recouvraient trois champs et s’enfonçaient sous les arbres. En approchant de celle du commandant pour faire son rapport, il remarqua un amoncellement de bouteilles vides qui lui arrivait presque à hauteur de genou. N’ayant jamais entendu dire que le général était un ivrogne, il présuma qu’il était tout bonnement hospitalier et aimait la compagnie. C’était plutôt bon signe pour un commandant.
    Un soldat ramassait en bâillant les sceaux en plomb et les laissait tomber dans une bassine, sans doute pour les fairefondre et fabriquer des balles. Il lança à William un regard endormi et vaguement interrogateur.
    — Je suis venu faire mon rapport au général Burgoyne, déclara William en bombant le torse.
    Le soldat le détailla des pieds à la tête, son regard s’attardant
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