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Les fils de la liberté

Les fils de la liberté

Titel: Les fils de la liberté
Autoren: Diana Gabaldon
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rencontrez des troupes britanniques.
    Il ajouta un peu sottement :
    — En anglais, bien sûr.
    Cela fit sourire Denzell.
    — Je te remercie, mais que faire une fois devant cet officier et qu’il nous demande le nom de ce soi-disant ami ?
    — Cela n’aura plus guère d’importance. En présence d’un officier, vous serez en sécurité. Si cela peut vous rassurer, vous pouvez répondre qu’il s’agit de Harold Grey, duc de Pardloe, colonel du quarante-sixième régiment d’infanterie.
    Contrairement à lord John, oncle Hal ne connaissait pas tout le monde mais tout le monde dans l’armée le connaissait, ne serait-ce que de réputation.
    Il vit Denzell remuer les lèvres, mémorisant le nom.
    Rachel, qui l’avait observé attentivement de sous son chapeau au bord affaissé, le souleva pour regarder William dans le blanc des yeux.
    — Et qui est cet Harold pour toi, Ami William ?
    Il hésita à nouveau mais, après tout, cela n’avait plus d’importance. Il ne reverrait jamais les Hunter. Bien que sachant que les quakers ne se laissaient pas impressionner par les rangs et les titres, il se redressa fièrement sur sa selle.
    — Un parent, répondit-il avant de fouiller dans sa poche pour en sortir la petite bourse que lui avait donnée Murray. Prenez ça, vous en aurez besoin.
    Denzell la repoussa de la main.
    — Nous avons ce qu’il faut.
    — Moi aussi, insista William.
    Il la lança à Rachel qui la saisit au vol par réflexe. Elle parut aussi surprise par sa propre réaction que par le geste de William. Il lui sourit, le cœur gros.
    — Bonne chance, lança-t-il sur un ton bourru.
    Il fit tourner son cheval et s’éloigna au petit trot sans un regard en arrière.
     
    Denzell le regarda s’éloigner et glissa à sa sœur :
    — Tu sais que c’est un soldat britannique ? Probablement un déserteur.
    — Et alors ?
    — La violence accompagne ce genre d’homme. Tu le sais. Rester trop longtemps en sa compagnie est dangereux, non seulement sur le plan physique mais également sur le plan spirituel.
    Rachel resta silencieuse un long moment, contemplant la route déserte. Dans les arbres, les insectes bourdonnaient. Puis elle fit faire demi-tour à sa mule et déclara avec flegme :
    — Denzell Hunter, ne serais-tu pas un hypocrite ? Il a sauvé ma vie et la tienne. Tu aurais préféré lui tenir la main devant mon cadavre coupé en morceaux dans cet endroit affreux ?
    — Non, répondit son frère tout aussi calmement. Je remercie Dieu qu’il ait été là pour te sauver. Je pèche peut-être en préférant ta vie au salut de l’âme de ce jeune homme mais je ne suis pas assez hypocrite pour ne pas le reconnaître.
    Elle lui adressa une moue narquoise, ôta son chapeau et l’agita devant elle pour chasser un nuage d’insectes.
    — Je suis honorée. Mais pour ce qui est du danger de fréquenter des hommes violents, n’es-tu pas en train de me conduire auprès d’une armée pour nous enrôler ?
    Il eut un petit rire contrit.
    — Bien vu. Tu as peut-être raison et je suis un hypocrite. Mais, Rachel… poursuivit-il en se penchant pour saisir la bride de sa mule, tu sais que je ferai tout pour qu’il ne t’arrive aucun mal, physiquement et moralement. Tu n’as qu’un mot à dire et je trouverai une famille d’Amis pour t’accueillir. Tu seras à l’abri. Je sais que le Seigneur m’a parlé et je dois obéir à ma conscience.
    Elle le dévisagea longuement.
    — Qui te dit que le Seigneur ne m’a pas parlé à moi aussi ?
    Les yeux de Denzell s’illuminèrent derrière ses verres.
    — Vraiment ? J’en suis très heureux pour toi. Que t’a-t-il dit ?
    — Il m’a dit : « Empêche ta tête de lard de frère de commettre un suicide ou tu auras des comptes à me rendre. »
    Elle lui tapa sur les doigts pour lui faire lâcher sa bride.
    — Si nous devons rejoindre l’armée, Denny, ne perdons plus de temps. Allons-y, conclut-elle en talonnant sa mule.
     
    William chevaucha quelques minutes le dos bien droit, exhibant l’élégance de sa monte. Une fois hors de vue, il ralentit et perdit de sa raideur. Il était navré de quitter les Hunter mais ses pensées le portaient déjà vers l’avenir.
    Burgoyne. Il l’avait rencontré une fois, dans un théâtre, où il était venu voir une pièce écrite par le général en personne. Il ne se souvenait pas de la trame car il avait été trop occupé à flirter du regard avec une jeune fille occupant la loge voisine mais
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