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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial
Autoren: Pierre Naudin
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d’atteinte des monstres.
    Elle fut devant lui, toujours pâle et sereine, mais au fond d’elle-même inquiète et impatiente de repartir. L’azur de son regard resplendissait dans l’ombre. Il fut enclin à lui demander si elle avait laissé à Burgos quelque fiancé de sa race mais y renonça, cette curiosité lui paraissant malséante. Plus tard, sans doute, lors qu’ils se connaîtraient davantage.
    –  Partons-nous ?
    –  Orains 2 .
    Elle lui sourit, soulagée. Le peu qu’il s’en souvînt, sa blondeur était aussi vive que celle de Luciane. Dommage qu’elle dût la dissimuler sous un chaperon de pauvre.
    –  Allons, mes gars !… Revenons sur le chemin… Hé ! Cesse donc, Petiton, de boire de cette eau fraîche. Si tu souffres de coliques, tant pis pour toi. Et toi, Eudes, tu as tort de mettre tes pieds mouillés dans tes heuses : le frottement va t’enfler les orteils.
    Ils n’étaient pas de la même espèce que Flourens. Peu à peu, ils s’incluaient dans la flote 3 . On pouvait leur faire confiance. Mais que valaient-ils une épée en main ?
    Ils quittèrent l’eau, l’ombre et la paix. La remontée leur coûta. Sitôt sur le chemin, Paindorge regarda en arrière. En avant.
    –  Tout est bien, dit-il.
    La clarté qui baignait la forte pente les fit ciller. C’était une lumière crue, éblouissante. Frappant des armures » elle eût donné la victoire à ceux qui recevaient le soleil sur leur bassinet, leur plastron et leurs jambières.
    –  Il fera très chaud. Va nous falloir du courage.
    Petiton parlait peu. Du courage, il en avait comme tous, y compris Simon, toujours muet et taciturne sur ces chemins qu’il méconnaissait.
    –  Je ne saurais vous dire, amis, jusqu’où nous irons, mais à midi, nous nous mettrons à l’ombre, sauf si la nature nous propose des cyprès comme ceux qui maintenant nous tiennent compagnie.
    Tristan n’avait pu s’empêcher de comparer ces arbres à ceux de Gratot. Les « normands » étaient aussi hauts, mais plus épais. Il y en avait un près du seuil de l’église… L’église où frère Béranger l’avait uni à Luciane.
    –  Que cette pente est roide ! enragea Petiton. Oh ! je ne dis pas ça pour nous mais pour nos chevaux. Mon Belle-Face est mécontent.
    –  Pied à terre, commanda Tristan.
    « Une montée plus roide que celle de Coutances. »
    Il n’en sortait pas. Il semblait que de là-bas, Luciane lui imposait sa présence.
    –  Courage, les gars !… Nous en viendrons à bout.
    Un sol grenu, creusé de nid-de-poule. Il devait cesser de songer à Gratot et même à Castelreng si peu qu’il y pensât. Concentrer son esprit sur le sauvement qu’il s’était imposé. Ses compagnons parlaient pour se donner du courage et tout en écoutant leurs propos sur la France, l’Espagne et Guesclin, il se merveilla d’être si bien entouré. La protection de Simon et de Teresa et la turpitude nullement châtiée de Flourens leur avaient fait de nouveaux visages. À la fois plus gais – pour rassurer leurs protégés – et plus sérieux. Certes, Lebaudy, Eudes et Yvain Lemosquet commençaient, poilus comme ils étaient, à ressembler davantage à des routiers qu’à d’honnêtes hommes d’armes – autant qu’il en put exister –, mais Teresa avait vu pousser leur barbe. Elle n’avait aucun souci de vivre parmi eux. Les autres, rasés tous les deux jours, resplendissaient de jeunesse et de simplicité.
    –  Chante, Serrano, demanda Paindorge, de loin. Distribue-nous un tantinet d’ardeur.
    –  Pas besoin de ta guiterne, dit Lebaudy. Ta voix est belle. Elle nous contentera.
    –  Encore Rodrigue ? demanda Yvain Lemosquet.
    –  Non… Je pourrais vous chanter les aventures de Bernardo del Carpio… ou celles du comte Fernân Gonzalez. Or, j’ai mieux : le romancero de los infantes de Lara.
    –  Une histoire de femmes, si j’ai bien compris, amigo ?
    –  Oui, Eudes.
    Et Serrano, de sa voix chaude, entama :
    En el arenal del rio,
    Esa linda dona Lambra,
     Con muy grande fantasia,
    Altos tablados armara ;
     Tiran unos, tiran otros,
     Ninguno bien bohordaba.
    Alli saliô un hijodalgo
    De Bureba la Preciada ;
     Caballero en un caballo
    Y en la su mano una vara,
     Arremete su caballo,
    Al tablado la tirara,
    Voceando  : «  Amad, senoras,
      Cada cual como es amada !
    Que mâs vale un caballero,
     De Bureba la Preciada
    Que no siete ni setenta
     De los de la flor de Lara. »
     Dona
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