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Les fils de Bélial

Les fils de Bélial

Titel: Les fils de Bélial
Autoren: Pierre Naudin
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elles sont friandes avec l’approbation de Guesclin et de son complice couronné ? Ce n’est pas pour rien que le Pape Innocent VI, terrorisé par le Breton lors de leur entrevue d’Avignon, a trouvé une sinistre formule pour qualifier les truands qu’il a dû « désexcommunier » sous la contrainte :
    –  Ce sont les fils de Bélial !
    Très affecté par la mort de son beau-père qui, à Briviesca, s’était porté au secours d’un rabbin avant que de trépasser, Tristan atermoie puis se décide. Eh bien, oui, il tentera de mettre Teresa et Simon en sécurité à Guadamur, un village proche de Tolède où Joachim Pastor a des parents.
    Le départ a lieu le dimanche 29 mars 1366, jour des Rameaux. Tandis que la plupart des habitants se rendent au monastère de las Huelgas pour assister au sacre du Trastamare, l’usurpateur, Tristan quitte Burgos. Un sauf-conduit délivré par Jacques de Bourbon lui permet momentanément de fausser compagnie aux routiers.
    Le petit groupe qu’il commande se compose, outre Simon et sa sœur, de Robert Paindorge, son écuyer, de trois soudoyers normands – les frères Lemosquet et Lebaudy -, de Serrano, un trouvère espagnol qui fait office de guide, et de trois hommes d’armes du Périgord dont Tristan a sans trop de réticence accepté l’accompagnement : Eudes, Petiton et Flourens.
    Ce qu’il redoutait se produit : Flourens essaie d’abuser de Teresa qui s’était un moment isolée. Furieux d’avoir été dénoncé par la pucelle, indigné, surtout, des reproches de Tristan dont il a perdu la confiance, le malandrin part au galop en promettant de se venger. Lebaudy se lance à sa poursuite afin de l’empêcher de rejoindre l’armée.
    L’angoisse, dès lors, supplante l’inquiétude. Elle atteint son acmé lorsque Lebaudy reparait, menant un cheval fourbu…

 
     
     
     
     
     
     
     
PREMIÈRE PARTIE
     
     
LES INNOCENTES PROIES

I
     
     
     
    Tristan courut au-devant de son homme d’armes :
    –  Tu l’as rejoint et navré ?
    En même temps qu’il avait crié sa question, il s’était répondu par la négative. Cependant, il refusait de croire à un échec :
    –  L’as-tu rejoint et trespercé ?
    Lebaudy respirait aussi mal que son cheval. Or, si Coursan haletait, c’était en raison du galop qu’il avait fourni. Et c’était parce qu’un sentiment violent l’étouffait, composé de fureur et de consternation, que le soudoyer ne recouvrait pas son souffle.
    –  Non… Il vit et j’en ai moult regret. Je l’avais presque attrapé quand j’ai dû tourner bride.
    Lebaudy eut un geste de rage :
    –  Ils viennent.
    –  L’armée ?
    –  Je ne sais, messire, si c’est elle au complet ou l’avant-garde d’icelle, mais une chose est sûre : ils sont à moins d’une demi-lieue.
    Tristan sentit son sang s’assécher. Il avait cru à la bénéfique issue d’une épreuve peu dommageable pour ses protégés, ses hommes et lui-même. Elle se chargeait soudain de dangers subreptices et d’incertitudes irrémissibles.
    Il n’osa se tourner vers les enfants, mais il imagina Teresa tête basse, regrettant peut-être Burgos où les moments d’anxiété qu’elle y avait vécus ne se pouvaient comparer à l’angoisse qui prenait racine en elle. Il devina qu’elle s’approchait. Son ombre sur le sol la précéda d’un pas.
    –  Ils viennent… et il les conduit.
    –  Oui, Teresa.
    Elle était devant lui, toute pareille à celle qu’il venait d’imaginer. Le sombre azur de ses yeux et le rose de ses lèvres enluminaient la pâleur de son visage. Comme à Burgos, et bien qu’elle fût vêtue en homme, la juvénile beauté de sa personne était un merveillement.
    –  Vous n’y pouvez rien… dit-elle, songeuse.
    Elle eût pu lui reprocher de n’avoir point annihilé Flourens lorsqu’il était à pied parmi eux ; regretter qu’il ne l’eût pas désarçonné avant sa fuite. À moins qu’elle ne lui en voulût de ne pas avoir poursuivi son agresseur alors qu’il possédait Alcazar, un coursier sans égal.
    –  J’ai péché par excès de confiance.
    Teresa sourit bien qu’elle souffrît d’un inguérissable effroi :
    –  Ne vous jugez point mal, messire. Vous faites toujours de votre mieux.
    Il la considérait avec une sorte de passion qui ne ressortissait pas à l’amour – à moins que cet amour ne fût rien d’autre que paternel. Il redoutait qu’elle ne fondît en larmes, et plus encore qu’il
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