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Les conquérants de l'île verte

Les conquérants de l'île verte

Titel: Les conquérants de l'île verte
Autoren: Jean Markale
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comportent de telles copies, leur contenu lui-même, et c’est
le plus important, ne s’en trouve pas mis en cause.
    Il existe trois manuscrits capitaux concernant l’épopée
irlandaise – soit, par conséquent, la plus ancienne épopée celtique : ce
sont le Livre de la Vache Brune ( Leabhar na hUidré ),
ainsi nommé à cause de sa reliure, et qui, écrit avant 1106 dans le célèbre
enclos monastique de Clonmacnoise, est actuellement conservé à la Royal Irish
Academy de Dublin ; le Livre de Leinster ( Leabhar
Laigen ), antérieur à 1160, qui se trouve au Trinity College de
Dublin ; enfin le manuscrit dit Rawlinson B 502 , également du XII e  siècle, à la Bodleian Library d’Oxford. Tous trois
contiennent l’essentiel et le plus ancien de la tradition gaélique. Toutefois,
l’Irlande a persisté à recourir aux manuscrits non seulement pendant le Moyen Âge,
mais au cours de ce qu’on appelle les Temps Modernes, et ce surtout pour
diffuser les ouvrages en gaélique, lesquels étaient sinon interdits, du moins
occultés par l’occupant anglais. Nombre d’autres précieux manuscrits permettent
ainsi d’élargir notre champ de connaissance de l’épopée irlandaise. Mentionnons
notamment le Livre jaune de Lecan , du XV e  siècle
(Trinity College), le Livre de Ballymote , également du XV e  siècle (Royal Irish Academy), le Livre de Lismore ,
du même siècle, actuellement propriété privée, sans oublier le Livre de
Fermoy , du XIV e  siècle, plus spécialisé dans
les textes religieux chrétiens. Quantité d’autres, enfin, moins importants,
recèlent parfois des perles rares. Ils sont en tout une centaine, pour la
plupart conservés à la Royal Irish Academy. Si l’on compare cette abondance,
face à la pauvreté des rares manuscrits gallois et à l’inexistence des
manuscrits bretons avant le XVI e  siècle, on ne
peut que s’émerveiller. Sans l’Irlande, nous ne connaîtrions rien de l’ancienne
épopée des Celtes.
    Que contiennent ces inestimables manuscrits ? La réponse
est simple : « Des collections très variées de récits en prose et en
vers, autant sacrés que profanes. On y trouve de la légende, de l’histoire et
de l’hagiographie, de la poésie bardique et lyrique, des traités médicaux et
juridiques, tout cela en vieux, moyen et moderne gaélique, sans souci de
classification. » [8] Ce qui est remarquable, c’est le mélange, dans un même récit, de la prose et de
la poésie. « Les parties en prose, dont l’étendue varie selon les
manuscrits, semblent n’avoir été d’abord que de simples canevas sur lesquels
l’improvisateur brodait à sa guise ; à mesure que les poèmes
disparaissaient, elles prenaient leur place. » [9] Ces canevas renvoient d’évidence à l’époque où l’écriture était interdite par
les druides : la tradition se transmettait oralement au moyen des vers que
les apprentis étudiaient pendant vingt ans, quitte à étoffer leurs récits quand
ils le jugeaient utile. D’ailleurs, la plupart du temps, les parties en vers
des récits épiques sont marquées par un archaïsme très net qui les rend parfois
incompréhensibles mais prouve leur antiquité. On en arrive à considérer tous
ces récits comme des réactualisations de contes traditionnels issus du fond des
âges. Le phénomène est très particulier à l’Irlande, car, au pays de Galles, très
peu de parties en vers ont subsisté dans les récits en prose et, en Bretagne
armoricaine, seules quelques complaintes dramatiques, les gwerziou ,
ont survécu aux turbulences de l’histoire et rappellent tant bien que mal les
grandes épopées que devaient chanter les bardes d’autrefois.
    Ces grandes épopées, on les découvre dans les manuscrits
irlandais mais, la plupart du temps, à l’état de fragments, d’épisodes qui
peuvent se suffire à eux-mêmes quoiqu’on n’en comprenne vraiment le sens qu’à
condition de les rattacher à d’autres. Quelques épopées qui ont pour personnage
central un héros bien connu se présentent sous une forme élaborée et
complète : ainsi, la célèbre Razzia des bœufs de Cualngé ,
véritable monument littéraire qu’on a souvent comparé à L’Iliade ,
et qui est centrée autour du redoutable guerrier Cûchulainn. Celui-ci est
d’ailleurs le héros de bien d’autres histoires épisodiques, et il en va de même
pour la plupart des acteurs, qu’ils soient des « dieux », des
« démons », des humains ou
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