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Les conquérants de l'île verte

Les conquérants de l'île verte

Titel: Les conquérants de l'île verte
Autoren: Jean Markale
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peuplements successifs de
l’Irlande, depuis les origines jusqu’au début du christianisme. On sait
maintenant qu’il résulte d’une mise en prose d’un cycle de poèmes prétendument
historiques attribués à un certain Gilla Caemain, qui mourut en 1072, et dont
l’œuvre est aujourd’hui perdue. Mais, tel qu’il est, et bien représentatif du
milieu intellectuel du XII e  siècle, hanté par le
souci de prouver une identité gaélique face à l’invasion anglo-normande, cet
ouvrage est infiniment précieux, car il permet de mieux comprendre
l’enchaînement des divers récits qui ont pour but de refaire l’histoire de l’Irlande pour mieux en marquer la spécificité et la valeur.
C’est ainsi qu’apparaissent de nombreuses références bibliques, le souci des
Irlandais étant de se raccrocher à une filiation honorable et quasi divine,
comme l’avaient fait les Romains avec la fable d’Énée, fils de Vénus, et comme
le faisaient à la même époque les Bretons insulaires, par la plume de Geoffroy
de Monmouth, en affirmant que leur ancêtre éponyme Brutus était un descendant
d’Énée, donc d’essence troyenne et divine. C’est évidemment prendre ses désirs
pour des réalités. Mais c’était également concilier la tradition druidique
païenne avec la tradition judéo-chrétienne en passant par l’Égypte et la Grèce.
Et il en sera de même quelques siècles plus tard avec l’ Histoire
d’Irlande de Geoffroy Keating qui, écrite aux alentours de 1640 et
reprise dans de nombreux manuscrits, fut imprimée seulement en 1723 avec une
traduction anglaise. Ni dans le Livre des Conquêtes , ni
dans l’ Histoire d’Irlande , il ne faut chercher autre
chose que des témoignages de l’ancienne épopée celtique, laquelle défie le temps
et l’espace.
    Néanmoins, si toute réalité historique est absente de ces
récits, il n’en reste pas moins vrai qu’ils contiennent de nombreux éléments
philosophiques et métaphysiques, et des réflexions sociologiques que ne
renieraient pas les anthropologues modernes. Ainsi, la liste, et les
caractéristiques des divers peuples qui ont occupé l’Île Verte – c’est-à-dire
l’Irlande – depuis le déluge est tout à fait éclairante. Les premiers
occupants, la tribu de Partholon, sont des êtres qu’on peut classer comme
végétatifs, uniquement préoccupés de survivre, de s’abriter et de
procréer : c’est une image symbolique qui correspond au stade le plus
primaire de la civilisation. Les deuxièmes occupants sont les membres de la
tribu de Nemed : or, le mot nemed signifie
« sacré », ce qui indique nettement l’apparition d’une réflexion
métaphysique ou religieuse dans une société jusqu’alors repliée sur ses uniques
besoins matériels. Les troisièmes occupants sont les Fir Bolg : là aussi,
le nom est significatif, car fir veut dire
« hommes » (voir le latin vir ) et bolg provient d’une racine indo-européenne qui a également
donné le latin fulgur , « foudre » [10] .
Il est évident que les Fir Bolg sont avant tout des forgerons, maîtres du feu
et inventeurs de techniques artisanales nouvelles, destinées tant à la guerre
qu’aux travaux agricoles.
    Les quatrièmes envahisseurs de l’Irlande sont les fameux Tuatha Dé Danann , soit les « Tribus de la déesse
Dana », déesse-mère dont il faut rapprocher le nom des nombreux termes
voisins du Proche-Orient, en particulier Tanaït, ou encore Anaïta, ainsi que de
fleuves comme le Don et le Danube ( Tanaüs ). La
tradition prétend qu’ils venaient « des îles du nord du monde » et
qu’ils étaient les introducteurs en Irlande de la science, de la magie et du druidisme.
Ils représentent donc une société fortement hiérarchisée à la mode
indo-européenne, sur des principes plus ou moins théocratiques, et dotée d’une
organisation sacerdotale prépondérante. D’ailleurs, les héros des Tuatha Dé Danann ne sont autres que les anciennes divinités
du druidisme celtique triomphant.
    Les cinquièmes conquérants de l’Île Verte sont appelés, dans
les récits, « les Fils de Milé », ou encore les
« Milésiens », et on les fait venir d’Orient par l’Espagne. Ils
correspondent exactement aux Gaëls et représentent la société irlandaise
traditionnelle, telle que l’ont découverte les premiers missionnaires
chrétiens, et telle qu’elle existait encore à l’arrivée des Anglo-Normands
d’Henry II Plantagenêt,
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