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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale
Autoren: Sinclair McKay
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masque à gaz était donc une solution certes radicale mais pratique pour s’accommoder de son affection.
    En outre, contrairement au professeur type traînant les pieds, Turing était physiquement très entraîné. Bien qu’il n’ait pas le temps de faire partie d’une équipe, c’était un adepte de la course à pied et il prenait part à de nombreuses courses. Lorsqu’il rejoignit Bletchley Park, il était suffisamment endurant pour courir des marathons. On disait qu’il évacuait toute sa frustration sexuelle en participant à des courses de fond. Mais sa vraie satisfaction était peut-être de pratiquer un sport lui permettant d’avoir un contrôle total et qui nécessitait aussi bien une grande concentration que de la puissance physique.
    Comme s’en souvient Sarah Baring : « On savait juste de lui que c’était “le Prof”. Il semblait d’une timidité maladive. » Il est certain que, pendant son séjour à Bletchley, Turing ne s’est pas vraiment intéressé aux interactions sociales. Pourtant, il était plus réformiste, ouvert et honnête qu’on le décrit.
    Turing devint enseignant-chercheur du King’s College vers la fin des années 1930, avant de mettre le cap sur les États-Unis et Princeton. Établissant des passerelles entre les mathématiques et la physique appliquée, il se lança dans la construction d’une « machine de Turing » capable de réaliser des calculs binaires. Ayant vu à l’œuvre quelques années auparavant à Liverpool une machine à prévoir les marées, il eut l’idée d’en appliquer le principe à sa propre machine, ce qui lui permettrait d’accélérer sensiblement sa vitesse de traitement.
    En 1938, quand il devint de plus en plus évident que la guerre allait gagner toute l’Europe, Turing revint en Angleterre et au King’s College, avec son multiplicateur électrique monté sur une planche. C’est là qu’il décida de faire profiter de son talent la GC&CS installée dans les Broadway Buildings.
    Là, on le forma à la collecte de renseignements et au chiffre. À Noël 1938, après l’une de ses séances de formation, il se retrouva aux côtés de Dilly Knox. Neuf mois avant que la Grande-Bretagne n’entre en guerre avec l’Allemagne, Alistair Denniston avait eu l’idée judicieuse d’accélérer le processus visant à casser les codes Enigma. Début 1939, Turing retourna à Cambridge, désormais dans le secret des dieux, et commença à essayer de relever le défi intellectuel.
    Au cours de 1939, Turing et Gordon Welchman suivirent des « cours rapides » de cryptographie organisés par la GC&CS. Leur nom apparaît au crayon sur des notes de l’époque, coché comme s’il s’agissait d’un registre scolaire.
    Mais on n’avait pas seulement besoin de mathématiciens. D’autres disciplines entrèrent dans la mission de cryptanalyse. L’histoire, les lettres classiques, l’art des échecs. L’anecdote la plus connue est celle de l’expert capable de résoudre en moins de douze minutes une grille de mots-croisés du Daily Telegraph .
    Mais, très vite, Alistair Denniston sentit que ceux qui travaillaient là, dont bon nombre venaient de Londres, pourraient bien trouver le cadre (le manoir et son grand parc) mortellement ennuyeux. Dans une lettre datant de septembre 1939 adressée à Sir Stewart Menzies, sous-directeur (et bientôt directeur) du Secret Intelligence Service, Denniston écrivait :
     
    La Government Code and Cypher School est partie de Londres sur l’ordre de l’amiral et non du ministère des Affaires étrangères […] le travail [exige] une grande concentration dans des salles surchargées […] la question du cantonnement a obligé le personnel à habiter loin de son travail. Nous avons essayé de mobiliser des bénévoles à même de donner de leur temps et de prêter leur voiture afin d’aider leurs collègues.
     
    Autrement dit, le cœur de ces problèmes initiaux tenait au fait que les cryptanalystes avaient du mal à s’adapter au changement, à savoir passer d’une vie urbaine trépidante à ce que d’aucuns considéraient comme un trou perdu.
    Il est aujourd’hui largement admis que le travail fourni à Bletchley Park demandait à ses « détenus » d’être des génies socialement ineptes, proches de l’autisme. En fait, la qualité la plus recherchée aurait été une certaine vivacité d’esprit, ainsi que la capacité à étudier et résoudre les problèmes en optant pour une approche
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