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Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale

Titel: Les Casseurs de codes de la Seconde Guerre mondiale
Autoren: Sinclair McKay
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s’intéressait aux codes secrets depuis l’adolescence, remarque la romancière (et sa nièce) Penelope Fitzgerald. Faisant preuve d’une précocité étonnante, Dilly avait alors « détecté un certain nombre d’inexactitudes, voire de contradictions flagrantes dans les histoires de Sherlock Holmes, écrivait Fitzgerald, et en avait envoyé la liste à Conan Doyle dans une enveloppe où il avait fourré des pépins d’orange séchés, allusion à la lettre menaçante dans Le Signe des quatre  ».
    C’était également un homme en proie à de terribles accès de colère. Ses collègues remarquèrent rapidement qu’il semblait s’entendre bien mieux avec les femmes qu’avec les hommes. À l’époque, il voyait assurément le recrutement des femmes d’un bien meilleur œil que les autres, inclination que l’on aurait même pu qualifier de discrimination positive. Ce n’était pourtant pas la tendance chez nombre de ses collègues, plus portés que lui sur la luxure.
    Il ne fallut pas longtemps pour que les recrues féminines du Cottage ne soient baptisées dans tout le Park les « filles de Dilly ». Aujourd’hui, à l’évocation de cette expression, l’une des plus célèbres recrues féminines de Knox, Mavis Batey, née Lever, s’exclame avec une exaspération joviale : « Un mythe est né selon lequel, en 1939, Dilly venait repérer les filles qui arrivaient à Bletchley et récupérait les plus belles pour le Cottage. » Protestant, peut-être exagérément, elle poursuit : « C’est complètement faux. Dilly nous recrutait en se basant sur nos qualifications. »
    D’autres cryptanalystes expérimentés qui avaient travaillé aux côtés de Denniston pendant l’entre-deux-guerres devaient jouer un rôle clé à Bletchley Park, à savoir Josh Cooper, John Jeffreys, Frank Lucas, Nigel de Grey, Oliver Strachey et le colonel John Tiltman, cryptographe brillantissime.
    Oliver Strachey, frère de Lytton 7 , était connu pour sa bonne humeur pétillante et sa passion pour la musique. Il était ami avec Benjamin Britten 8 . Quand il retournait à Londres, Strachey et Britten aimaient jouer en duo. Lorsque la guerre s’intensifia, Strachey joua un rôle primordial dans le déchiffrement des communications de la Gestapo. Il prit la tête d’un département spécial qui, dans les années 1940, commença lentement à déchiffrer l’hideuse bureaucratie de la mort (les horaires de trains, le nombre de personnes transportées) entourant l’Holocauste.
    Parmi les éminents cryptanalystes figurait Josh Cooper, une force de la nature surnommée « l’ours », la cinquantaine, avec quelques tics, qui poussait souvent des exclamations. Dans les tout premiers jours de Bletchley, ce déménagement de Londres à la campagne l’impressionna. « Nous avons tous pris place à une grande table du manoir pour le déjeuner », écrit Cooper. Il se souvenait qu’« une grande pièce au rez-de-chaussée avait été réservée à la Section air… Je me souviens être entré au milieu d’un fouillis indescriptible, avec un immense tas de livres et papiers à même le sol ».
    Cooper remarqua aussi dès le début que « le personnel portait des vêtements civils au bureau », mais « mettait un uniforme quand il partait en congé, en mission à Londres, etc., afin de bénéficier des bons de transport de l’armée ». Pour des questions de sécurité, tout le courrier personnel devait être adressé à Bletchley Park en passant par une boîte postale située à Londres. Selon Cooper, ce système postal a rendu l’âme quand un parent d’un casseur de codes « a essayé d’envoyer un piano à queue ».
    Les souvenirs de Cooper n’illustrent pas son incroyable excentricité, comme, aux dires d’un autre ancien, le jour où il assista à l’interrogatoire d’un pilote allemand capturé. Quand le pilote gratifia l’assistance du salut hitlérien en disant « Heil Hitler ! », Cooper fit malencontreusement la même chose. Rouge de honte et pressé de prendre place, il s’assit à côté de la chaise et atterrit sous le bureau. Ce que révèlent ces récits des tout premiers jours de Bletchley Park, c’est une philosophie voulue, une atmosphère calculée de chaos raffiné destinée à encourager une improvisation empreinte de libre-pensée. La façon dont Bletchley Park était dirigé allait assurément devenir une source de friction au ministère de la Guerre.
    Les permanents de la
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