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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France
Autoren: Guy Breton
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et en reçut un coup de poignard mortel.
    Mais on ne peut avoir l’œil à tout. Tandis que Frédégonde préparait l’accès au trône à ses fils, Brunehaut s’échappait de Rouen et rentrait dans ses États pour y gouverner au nom de Childebert, alors âgé de sept ans…
    Il y eut alors une sorte de trêve et, pendant quelques années, Frédégonde sembla se désintéresser de l’Austrasie. Pourtant, elle ne restait pas inactive. Tout son temps était pris par la mise au point de supplices nouveaux qu’elle inventait pour faire souffrir ceux qui la servaient mal ou avaient le malheur de posséder un visage qui ne lui plaisait pas.
    Un jour, elle fit attacher sur la roue le préfet du palais et ordonna qu’on le frappât jusqu’à ce qu’il mourût. Au bout de cinq heures, elle vint voir où en était sa victime. Elle entendit :
    — Assez ! Assez !
    Déjà elle se réjouissait d’assister à la fin de son ennemi lorsque, s’approchant, elle s’aperçut que c’étaient les bourreaux qui criaient. Fatigués de taper sur le préfet, ceux-ci demandaient grâce – pour eux. Frédégonde, furieuse, leur fit couper les mains, les pieds, et demanda à l’un de ses favoris d’enfoncer des épines sous les ongles du supplicié qui jugea prudent de passer dans l’autre monde…
     
    En 580, une terrible épidémie de dysenterie s’abattit sur la France, faisant des milliers de victimes. Tous les enfants de Frédégonde moururent en quelques jours et la reine se demanda ce qu’elle avait bien pu faire au ciel pour avoir tant de malheurs.
    Chilpéric la consola avec une telle gentillesse qu’elle eut bientôt un autre fils [18] .
    Cette naissance fit à Frédégonde l’effet d’un bain de jouvence. Se sentant plus jeune et plus ardente que jamais, elle fit entrer dans son lit tous les hommes de belle tournure qu’on lui présentait. Elle eut ainsi pour amants des ducs, des militaires, des palefreniers, des gardes du palais, et même – car ses vices ne l’empêchaient pas d’avoir de la religion – le très auguste Bertrand, évêque de Bordeaux.
    Ce tempérament accueillant faillit causer sa perte.
    Un matin, à Chelles où il avait une villa, Chilpéric pénétra dans la chambre de sa femme. La trouvant occupée à sa toilette, il lui donna par plaisanterie un léger coup de baguette sur les fesses.
    — Que faites-vous, Landry ? s’écria Frédégonde sans se retourner.
    Puis elle ajouta quelques paroles assez gaillardes, croyant parler à son favori du moment.
    Lorsqu’elle s’aperçut de sa méprise, elle fut épouvantée et, nous dit-on, « craignit la colère du roi ». Mais celui-ci n’eut pas la réaction à laquelle elle s’attendait : il s’élança hors de la maison comme un forcené, sauta sur son cheval et « partit dans les bois pour oublier et soulager la tristesse de son cœur [19]  ».
    Frédégonde pensa avec quelque raison qu’elle ne perdait rien pour attendre. Aussi, le soir même, fit-elle assassiner son mari alors qu’il rentrait à la maison.
    Libre d’agir à sa guise, Frédégonde partagea désormais sa vie entre la luxure et le crime.
    En 585, elle ordonna à l’un de ses amants de se rendre en Austrasie avec la mission d’assassiner Brunehaut. Il y courut ; mais le complot fut découvert et le jeune homme jeté en prison. Torturé, il dévoila le nom de celle qui l’avait envoyé. On le relâcha. Le malheureux crut bon alors d’aller rendre compte de son échec à Frédégonde. C’était mal connaître cette terrible femme, car dès qu’il eut parlé elle entra dans une grande colère et lui fit couper les pieds et les mains.
    Puis elle organisa un second complot dans le but de faire assassiner, cette fois, non seulement Brunehaut, mais également son fils Childebert et ses petits-fils. Là encore elle échoua ; mais ne s’avoua pas vaincue. Par deux fois, elle envoya en Austrasie de jeunes clercs armés de couteaux empoisonnés. Par deux fois « son coup manqua », comme dira un jour l’auteur de la Carmagnole. Elle devint alors folle de fureur, car faire disparaître Brunehaut et ses descendants était pour elle le seul moyen de permettre à son fils, Clotaire II, âgé de huit ans, de devenir, sous sa tutelle, maître de l’Austrasie et de recevoir un jour en héritage le royaume de Burgondie.
    Elle n’y parviendra pas. En 593, Gontran mourut, laissant le royaume burgonde à Childebert qui régna, dès lors, sur un immense
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