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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France
Autoren: Guy Breton
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inconvénients de la stérilité.
    À cette pensée, Dagobert sourit.
    — Pourvu que Nanthilde me donne un fils ! murmura-t-il.
    Et, plein d’espoir, il lança son cheval au galop et rejoignit la tête du convoi…
     
    À Clipiacum, Dagobert et Nanthilde vécurent heureux pendant tout l’hiver. Le roi, pour la première fois de sa vie (et la dernière), était fidèle à la femme qu’il aimait.
    Il avait d’elle un besoin permanent. Au point qu’on le voyait parfois quitter brusquement un conseil politique pour aller la retrouver dans sa chambre, et que chacune des promenades qu’il aimait faire avec elle au long de la Seine était ponctuée de plusieurs arrêts dans les buissons…
    Pourtant Dagobert s’inquiétait car, malgré ce traitement exceptionnel, Nanthilde n’avait toujours pas de grandes espérances à lui faire partager. Et il en était fort triste.
    Un matin, il prit son cheval, car le galop l’aidait à penser, et il partit dans les bois qui séparaient Clipiacum du mont des Martyrs.
    L’air frais qui lui fouettait le visage activait son esprit. Il pensa qu’il allait avoir trente ans (ce qui était vieux à cette époque où peu d’hommes dépassaient quarante ans) et qu’il lui fallait un fils sans retard pour que le royaume franc demeurât le bien des descendants de Clovis. De nombreux cousins, il le savait, attendaient sa mort pour se précipiter sur le trône.
    À cette idée, ses yeux verts brillèrent de haine.
    — Si je n’ai pas de fils, j’imite Clovis, murmura-t-il.
    Le grand Clovis avait utilisé pour régner tranquillement un moyen peu honnête, sans doute, mais fort efficace. Ayant fait périr presque tous les membres de sa famille, il faisait semblant de pleurer : « Malheur à moi qui suis resté comme un voyageur parmi les étrangers et qui n’ai plus de parents pour me secourir dans l’adversité », disait-il.
    Cette ruse était grossière ; mais il y avait toujours un cousin caché dans quelque province qui, pris de compassion, venait se jeter à ses pieds.
    — Je suis là, moi, Monseigneur, et je suis de ta famille.
    Alors, Clovis le faisait tuer aussitôt…
    Cette perfidie amusait beaucoup le bon roi Dagobert.
    — Pourtant, se dit-il, la solution la plus agréable serait de prendre une troisième femme.
    Comme les filles du palais n’avaient pas été renouvelées depuis son mariage avec Nanthilde et qu’il les avait toutes mises dans son lit du temps de Gomatrude, il pensa qu’il valait mieux chercher ailleurs. Il décida donc de faire un petit voyage de prospection en Austrasie où les femmes avaient la réputation d’être belles et ardentes.
    Le lendemain, il se mettait en route en compagnie de Nanthilde – qui, naturellement, ignorait les buts réels du voyage.
    Dans chaque ville qu’il rencontrait, le roi faisait étape sous prétexte de rendre la justice ou de recevoir l’hommage de ses sujets. En réalité, il regardait avec attention toutes les jeunes filles qui défilaient devant lui. C’est ainsi qu’il remarqua, un soir, la ravissante Ragnétrude. L’ayant abordée, et s’étant fait connaître, il la ramena à la villa royale et demeura enfermée avec elle pendant trois jours et trois nuits.
    Nanthilde était plus fine que Gomatrude. Elle cacha ses larmes et accueillit avec bonté la jeune Austrasienne lorsque celle-ci vint s’asseoir près du roi, à la table commune. Touché par son attitude, Dagobert ne la répudia pas. De temps à autre, il lui demandait même de partager sa couche. Délicate attention qui consolait pendant un moment la douce Nanthilde.
    Puis Dagobert, craignant que Ragnétrude ne fût aussi stérile que ses premières femmes, renouvela les filles du palais et en fit ses maîtresses. Nanthilde, apprenant que le roi, chaque nuit, s’efforçait, avec une demoiselle différente, de prolonger la dynastie des Mérovée, souffrit cruellement – comme bien on pense.
     
    Un jour, Dagobert entra dans la chambre de la reine en criant de joie.
    — Réjouis-toi, dit-il. Ragnétrude va être mère.
    La malheureuse eut la force de féliciter son mari, mais lorsque celui-ci la quitta pour aller remercier le ciel d’avoir béni une de ses unions, elle s’effondra sur son lit.
    L’enfant de Ragnétrude naquit en 631. On le nomma Sigebert.
    Pour fêter cet événement, Dagobert engagea une jolie servante de quinze ans et lui montra de bons sentiments. Cette activité amoureuse ne l’empêchait pas de s’occuper
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