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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France
Autoren: Guy Breton
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elle n’a pas été capable de me donner d’héritier, je vais la chasser tout à l’heure.
    — Est-ce bien vrai ? dit encore le prêtre.
    — Je te le promets !
    — Alors, vous pouvez emmener Nanthilde.
    Dagobert ne se le fit pas dire deux fois : prenant la jeune fille dans ses bras, il monta à cheval et partit en direction de la villa royale. En chemin, une idée lui vint à l’esprit :
    — Es-tu bien de race franque ?
    — Oui, Monseigneur.
    Dagobert, rassuré, embrassa Nanthilde sur la bouche. Un instant, il avait craint, en effet, que cette belle fille ne fût une étrangère de race impure et veule, une de ces Slaves qui pullulaient en Gaule et dont le nom avait été déformé en esclaves…
    Le lendemain, Dagobert répudia sa femme, la charmante Gomatrude, réunit ses conseillers pour leur annoncer sa décision et fit bénir son union par l’évêque du lieu.
    Celui-ci, nullement choqué par la désinvolture avec laquelle le roi avait répudié Gomatrude, se montra charmant et souhaita beaucoup d’enfants aux nouveaux époux [23] .
    Quelques jours après son mariage, Dagobert, constatant que les réserves alimentaires amassées dans la villa de Reuilly s’épuisaient, décida de changer de résidence et fixa son choix sur sa ville natale de Clipiacum (Clichy), au nord de Paris, où il savait trouver des greniers et des celliers remplis de nourriture.
    Et un matin, une suite de trente lourds chariots à roues pleines quitta Reuilly. Il y avait des voitures réservées aux filles du palais, d’autres aux armes, à la vaisselle, aux robes, aux bijoux, etc. Nanthilde avait un chariot spécial où elle reposait, allongée sur des fourrures.
    Tandis que le convoi avançait lentement à travers les forêts, Dagobert, à cheval, songeait à un voyage qu’il avait effectué dans les mêmes conditions, cinq ans plus tôt. Il avait alors quinze ans, et son père, Clotaire II, venait de le nommer roi d’Austrasie. Un matin, il était parti de Braine pour s’installer à Trêves, capitale de ses États. En route, il avait trouvé, à l’orée d’un bois, une jeune fille qui tressait des corbeilles d’osier. Elle était si jolie, avec ses boucles blondes et sa gorge parfaite, qu’il l’avait fait monter dans un chariot. À Trêves, elle était devenue maîtresse en titre, et Dagobert l’avait surnommée sa Colombe. Puis un jour – c’était en 626 – un envoyé de Clotaire II était venu dire au jeune roi :
    — Ton père veut que tu te maries et que tu épouses Gomatrude, la jeune sœur de Sichilde, sa nouvelle femme. Les noces auront lieu à Clipiacum. N’aie aucune crainte, la femme qu’il te destine est fort belle.
    Alors Dagobert, en fils obéissant, était parti pour Clipiacum. Mais, son éducation laissant un peu à désirer, il n’avait pas trouvé anormal d’emmener la Colombe assister à son mariage. Ils étaient donc arrivés tous les deux à la cour de Neustrie où Gomatrude, qui ignorait l’existence de la favorite, avait été un peu surprise. Toutefois, habituée aux mœurs de son époque, elle s’était contentée de dire :
    — Tiens, nous serons trois !…
    Naturellement, les noces avaient été fastueuses, car Clotaire II, pour fêter cette union qui faisait de lui le beau-frère de son fils, avait dépensé beaucoup d’argent. Puis on était revenu à Trêves où Dagobert avait, dès lors, vécu avec Gomatrude et sa Colombe.
    Pensant à la vie qu’il avait menée, tiraillé entre ses deux femmes, Dagobert soupira. Gomatrude s’était montrée, par la suite, si bêtement jalouse de la concubine que le roi, pour oublier un peu ses soucis domestiques, était allé guerroyer contre les Saxons.
    Un an avait passé. Clotaire II était mort subitement et Dagobert lui avait succédé, devenant à la fois roi de Neustrie, d’Austrasie et de Burgondie, c’est-à-dire d’un immense territoire qui allait de la Bretagne à la Bavière et de la Manche à Marseille.
    Pendant quelque temps, il s’était senti puissant et heureux ; puis la Colombe était morte ainsi que le fils qu’elle avait eu de lui. Et l’on avait jasé. Car cette double disparition arrangeait si bien les affaires de Gomatrude que certains s’étaient demandé si elle n’avait pas aidé quelque peu les choses.
    Quoi qu’il en fût, la mort de la Colombe n’avait pas rendu plus féconde la malheureuse reine qui méditait maintenant, au fond d’un couvent parisien, sur les
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