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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France
Autoren: Guy Breton
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des affaires du royaume. C’est ainsi que, se souvenant qu’il avait à Toulouse un demi-frère qui pouvait un jour se dresser contre Sigebert, il le fit étrangler.
    Cet acte réjouit fort les grands du royaume. Dagobert n’ayant fait assassiner aucun parent depuis longtemps, ils craignaient de le voir s’efféminer. Pour leur prouver qu’il était encore viril malgré ses trente-trois ans, le roi prit une nouvelle concubine nommée Wulfgunde [24] .
    Cette fois, il y eut deux femmes en pleurs au palais : Nanthilde et Ragnétrude, que la douleur rapprocha.
    Pris subitement d’une sorte de folie amoureuse, le roi transforma, alors, sa cour en un lieu de débauche ; au point qu’on le surnomma le Salomon des Francs et que Frédégaire écrit avec lassitude dans sa Chronique  : « Je m’ennuierais d’insérer ici les noms de ses concubines tant elles étaient en grand nombre… »
    Pendant ce temps, la pauvre Nanthilde passait de longues heures à prier pour que le Seigneur fermât les yeux sur les péchés de son mari…
    D’accord avec le ministre Éloi, elle eût voulu arracher le souverain à cette vie dissolue et l’obliger à s’occuper, comme jadis, des affaires de son royaume. Mais le malheureux n’était plus le grand roi qui avait gouverné pendant quinze ans et que certains historiens, comme Funck-Brentano, comparent à Louis XIV : les orgies l’avaient affaibli.
    Les mois passèrent. Un jour, la reine eut la joie de donner un fils à Dagobert qui fut ravi et le baptisa Clovis.
    — C’est celui-ci, dit-il, qui sera mon successeur, car il me vient de ma douce Nanthilde.
    Toutefois, pour consoler Ragnétrude, il nomma immédiatement Sigebert, alors âgé d’un an, roi d’Austrasie [25] .
    C’est vers ce moment qu’il prit une quatrième épouse officielle, la capiteuse Berthilde…
    « L’amour des femmes, disent les chroniqueurs, poussa Dagobert aux plus honteux excès. » Il devait en mourir en 639, à l’âge de trente-six ans, complètement épuisé.
    Nanthilde, qui avait su par sa douceur et sa diplomatie rester toujours la première épouse du roi et la reine en titre, s’occupa des affaires de l’État pendant l’enfance de Clovis II. Tous les historiens sont d’accord pour lui reconnaître une grande habileté dans sa façon de gouverner. Elle mourut en 642, sans se douter qu’un jour, un moine indulgent écrirait sur son débauché de mari cette phrase que l’on aimerait voir gravée en guise d’épitaphe sur la tombe de tous les chefs d’État : « Il eut la sagesse de limiter à ses ébats amoureux une force que d’autres employaient aux combats [26] … »

4
    Charlemagne, enfant de l’amour
    La reine Berthe vivait sur un grand pied.
     
    A. Étievant
     
    Il y avait, en 741, à Laon, une magnifique villa qui appartenait au comte Caribert. Cette demeure, une des plus imposantes de l’Austrasie, annonçait tout un régime politique.
    Avec ses nombreux corps de bâtiment, construits presque entièrement en bois, ses cours et ses jardins intérieurs, son enceinte de pieux, ses réserves d’armes, son puits particulier, ses étables, ses salles de gardes et sa tour de guet, elle était, en effet, comme une ébauche du château féodal que l’on allait édifier trois siècles plus tard.
    Caribert y vivait en compagnie de sa femme, de sa fille Bertrade, âgée de quinze ans, de ses domestiques et de ses gens d’armes.
    Les chroniqueurs nous ont laissé peu de détails sur cet homme, et son nom serait sans doute oublié si le ciel ne lui avait donné une fille d’une ravissante beauté… Car Bertrade était jolie. Si jolie même que Caribert se méfiait toujours un peu lorsqu’un seigneur du voisinage venait lui rendre visite. Les Francs avaient, il est vrai, une réputation de paillards bien établie… Quand Bertrade participait à un repas, les hôtes, fort troublés, commettaient de grosses bévues : au lieu de s’essuyer délicatement la bouche sur leur manche, comme le voulait le bon ton d’alors, ils restaient avec le visage dégoulinant de sauce, ou bien encore ils oubliaient de se lécher les doigts et tachaient leurs vêtements. Bref, ils étaient éblouis par les longs cheveux blonds, les yeux bleus et le sourire éclatant de la jeune fille.
    Quelques méchantes langues disaient bien qu’elle avait un pied un peu grand, mais, à cela, ceux qui l’admiraient répondaient aussitôt que cette apparence était due au fait que l’autre pied
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