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Les Amours qui ont fait la France

Les Amours qui ont fait la France

Titel: Les Amours qui ont fait la France
Autoren: Guy Breton
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une vie parfaitement dissolue. Bien qu’il possédât un véritable sérail où chacune de ses préférées avait le titre de reine, il n’hésitait pas à trousser ses servantes et à leur faire sur un coin de table ce que les Américains font dans des lits jumeaux.
    D’ailleurs, Grégoire de Tours, qui le connaissait bien, écrit : « Il est impossible d’imaginer un acte de luxure que Chilpéric n’ait accompli. »
    Un jour, il s’éprit de la servante d’Audovère, sa « reine » du moment. Cette jeune fille franque, d’une grande beauté, s’appelait Frédégonde. Ambitieuse, elle rêva immédiatement d’accéder au trône et mit tout en œuvre pour évincer Audovère. Alors qu’elle allait y parvenir, une guerre contre les Saxons obligea le roi à quitter précipitamment son palais. « Cachant son dépit, nous dit André Thomas, la belle servante fut contrainte de ronger son frein. »
    Or, pendant l’absence de Chilpéric, Audovère mit au monde une fille. Tout de suite, Frédégonde eut une idée diabolique. Elle alla trouver la reine.
    — Vous devriez faire baptiser cette petite sans attendre le retour du roi, lui dit-elle.
    Ajoutant hypocritement :
    — Je suis sûre qu’il serait ravi si vous en étiez vous-même la marraine…
    Audovère était sans malice. Elle accepta et le baptême eut lieu.
    Un mois plus tard, Chilpéric revint, entouré de ses guerriers. Frédégonde se précipita au-devant de lui.
    — Avec qui Monseigneur couchera-t-il cette nuit ? demanda-t-elle, l’air humble.
    Et comme le roi paraissait étonné d’une telle question, elle expliqua en cachant mal son envie de rire :
    — La reine est la marraine de ta fille [14]  !
    Chilpéric eut l’œil brillant.
    — Eh bien ! dit-il ravi, si je ne puis coucher avec elle, je coucherai avec toi [15]  !
    Trois heures après, Frédégonde devenait reine de Neustrie et, le lendemain, Audovère était répudiée, définitivement chassée du palais et enfermée dans un monastère.
     
    À Metz, pendant ce temps, Sigebert menait une vie un peu plus calme. Il n’avait que quinze maîtresses. Un jour, renonçant aux servantes lubriques et aux « reines d’une nuit », il annonça qu’il allait épouser Brunehaut, fille du roi des Wisigoths d’Espagne, et que celle-ci serait son unique femme. Cette jeune personne était jolie, élégante, gracieuse, distinguée, instruite et « aimable dans la conversation », ce qui ne gâtait rien.
    Leur mariage eut lieu en grande pompe à Metz et donna lieu à des fêtes qui rendirent jaloux le roi Chilpéric. Quand il apprit qu’un poète, Fortunat, était venu réciter un épithalame de sa composition à la fin de la cérémonie, son amertume fut immense. Et, pensant à la façon dont il épousait ses servantes, il lui sembla qu’il menait une vie moins royale que son frère.
    Alors il chercha un moyen de rendre son existence plus digne de son état. Finalement, comme il manquait d’imagination, il s’adressa, lui aussi, au roi des Wisigoths d’Espagne et lui demanda s’il n’avait pas encore une fille.
    — Il me reste mon aînée, répondit le roi Athanagilde, mais je ne vous accorderai sa main que si vous vous engagez à vous séparer de toutes vos concubines.
    Chilpéric avait une telle envie d’imiter son frère qu’il accepta, renvoya ses femmes, y compris Frédégonde, et épousa la belle Galswinthe.
    La cérémonie eut lieu à Rouen avec d’autant plus d’éclat que la jeune épouse apportait en dot des caisses pleines de joyaux et de pierreries.
    Pendant quelques mois, le ménage fut heureux. Mais le diable était dans la maison. Frédégonde, en effet, avait obtenu, après sa répudiation, de rester attachée au service du palais. Et elle ne ratait pas une occasion de se placer sur le passage du roi qui la lorgnait en soupirant. Dès qu’elle le voyait approcher, elle se tortillait de façon lubrique et le malheureux Chilpéric rentrait dans ses appartements tout congestionné. Un jour enfin, il ne put résister et alla retrouver Frédégonde dans sa chambre.
    Dès lors, la vie fut intenable pour la reine Galswinthe. Le jour, elle était bafouée, la nuit elle dormait seule. Écœurée, elle demanda finalement à Chilpéric de l’autoriser à rentrer chez ses parents, ce qu’il refusa, craignant de perdre les trésors qu’elle avait apportés.
    — Je serai gentil, promit-il. Et je te jure que tes nuits seront moins monotones.
    Il tint parole :
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