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Les amours du Chico

Les amours du Chico

Titel: Les amours du Chico
Autoren: Michel Zévaco
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désemparée pour la première fois de sa vie, peut-être,
Fausta fit : non ! d’un signe de tête farouche.
    – Eh ! quoi ! fit Pardaillan avec une ironie
méprisante, plus insultante que la plus sanglante des injures,
eh ! quoi ! quatre pauvres petits assassins seulement,
autour de Fausta ?… Voyons, en cherchant bien !
    – À quoi bon ! confessa Fausta d’un air profondément
découragé.
    – Ah ! je me disais aussi !… ricana Pardaillan.
Alors, puisque vous refusez mon offre pourtant séduisante,
permettez que je prenne mes précautions pour qu’on ne vienne pas
nous déranger.
    En disant ces mots, il alla fermer la porte à clef, poussa le
verrou intérieur et mit la clef dans sa poche. Ceci fait, il
retourna lentement vers Fausta, et son visage, jusque-là railleur
et dédaigneux, avait pris une expression de menace si terrible que
Fausta, affolée, clama dans son esprit :
    – C’est fini !… Il va me tuer !… lui !…
lui !…
    Pardaillan, sans prononcer une parole, s’approcha d’elle avec
une lenteur effroyable.
    Et elle, pétrifiée, avec des yeux sans expression, le regardait
s’approcher sans faire un mouvement.
    Quand il fut contre elle, poitrine contre poitrine, sans
desserrer les dents, avec un regard effrayant, d’un éclat
insoutenable, avec la même lenteur calculée, il leva les mains et
les abattit sur ses épaules qui ployèrent. Puis les mains
remontèrent, s’arrêtèrent au cou qu’elles agrippèrent, et les
doigts sur la nuque, les deux pouces sous le menton, commencèrent
d’exercer l’inévitable et mortelle pression.
    Alors, d’un geste animal, Fausta rentra la tête dans les
épaules. Ses yeux de diamant noir, ordinairement si graves, si,
calmes, si clairs, se levèrent sur lui, effarés, suppliants, et
dans un gémissement, elle implora :
    – Pardaillan !… ne me tue pas !…
    – Ah ! éclata Pardaillan, avec un éclat de rire plus
effrayant que sa colère de tout à l’heure, ah ! c’est donc
vrai !… Tu as peur !… peur de mourir !… Fausta a
peur de la mort !… Ah ! ceci te manquait, Fausta !…
Jusqu’ici je t’ai vue froidement féroce, ambitieuse insatiable,
tortionnaire géniale, fanatique, forcenée, pratiquant l’assassinat
sous toutes ses formes, mais du moins je ne te savais pas lâche…
Oui, vraiment, ceci te manquait !… Fausta a peur de
mourir !…
    Devant cette violente sortie, Fausta se redressa
majestueusement. Le calme prodigieux, qui l’avait abandonnée un
instant, lui revint comme par enchantement, et avec un accent de
souveraine hauteur, en le fixant droit dans les yeux :
    – Je n’ai pas peur de la mort… et tu le sais bien,
Pardaillan.
    – Allons donc ! ricana le chevalier, tu as
peur !… Tu as demandé grâce… là… à l’instant.
    – J’ai demandé grâce, c’est vrai !… Mais je n’ai pas
peur… pour moi.
    Et d’un geste prompt comme la foudre, profitant
de l’inattention du Torero qui suivait cette scène fantastique avec
un intérêt passionné, elle lui arracha la dague qu’il tenait
machinalement, déchira d’un geste violent son corsage, et appuyant
la pointe de la dague sur son sein nu, avec un accent de froide
résolution :
    – Répète que Fausta a peur… et je tombe foudroyée à tes
pieds… Et toi, Pardaillan, tu ne sauras jamais pourquoi je t’ai
demandé grâce.
    Pardaillan comprit qu’elle ferait comme elle disait.
    Il était d’ailleurs trop loyal pour ne pas admirer le geste
superbe. Puis, ces mots : « Tu ne sauras jamais pourquoi
je t’ai demandé grâce ! » avaient éveillé sa curiosité.
Que voulait-elle dire ? Quelle dernière surprise – terrible
peut-être – lui ménageait-elle encore ?
    Il voulut savoir. Il inclina légèrement la tête, et de sa voix
glaciale :
    – Soit, dit-il. Je ne répéterai pas… J’attendrai, pour me
prononcer que vous vous soyez expliquée… Car enfin, vous ne sauriez
nier que vous avez demandé grâce !
    Lentement, sans émotion apparente, elle abaissa son bras armé,
et de cette voix chaude et prenante, avec un accent de sincérité
manifeste, avec un air de dignité impressionnant :
    – Oui, je t’ai demandé grâce… et je le ferai encore… Mais
écoute, Pardaillan, il m’a fallu mille fois plus de courage pour
t’implorer qu’il n’en faudrait pour me percer de ce fer… En
implorant ta pitié, je t’ai donné la plus belle, la plus complète
preuve d’amour qu’il était
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